La mairie de Charleville-Mézières (Ardennes) a décidé de nommer l'une de ses voies au nom de l'illustre président de la République Georges Pompidou. Patrick Fostier, conseiller municipal, l'a annoncé une semaine après un vote en conseil municipal.

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Il a pris la suite du Général de Gaulle et ses sourcils broussailleux ont marqué toute une génération. Georges Pompidou n'est plus depuis un peu plus d'un demi-siècle (plus deux mois et 23 jours), mais son souvenir perdure.

Et son nom était cité pas plus tard que le mardi 18 juin 2024, en plein conseil municipal à Charleville-Mézières (Ardennes). Le maire Boris Ravignon (Les Républicains jusqu'à ce début du mois, avant qu'Éric Ciotti ne précipite son parti dans la tourmente) a tenu une promesse qu'il s'était faite : non pas se baigner dans la Meuse (c'est déjà fait), mais donner le nom d'une voie de la cité de Rimbaud au président Pompidou (voir tweet ci-dessous).

Une semaine après le vote, France 3 Champagne-Ardenne apprenait que le projet avait été entériné. Pour la renseigner, le conseiller municipal (gaulliste) Patrick Fostier, à qui le maire avait confié cette mission, a répondu à l'appel. "C'est l'un des rares anciens présidents de la Ve République à ne pas avoir été honoré par notre ville. Certes, il y en a d'autres qui sont décédés depuis, mais Pompidou était quand même le deuxième président de la Ve."

"On n'avait jamais eu l'occasion de l'honorer. Là, on avait la possibilité de le faire à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa disparition, de trouver un espace dans notre ville et de lui donner ce nom de Georges Pompidou. En tout cas, il était largement temps de le faire." Le président Pompidou est mort des suites d'une maladie de Waldenström (ou cancer du sang), qu'il n'avait jamais voulu divulguer

Une visite connue, mais très importante

Il n'était évidemment pas présent sur place, mais le conseiller municipal raconte qu'"il est venu au moins une fois à Charleville-Mézières, en tant que Premier ministre. On a retrouvé un de ses passages en septembre 1965. Il était intervenu à la préfecture, y avait fait un discours." Et à l'époque, on se trouve juste avant la naissance de Charleville-Mézières. Elle n'était que Charleville et Mézières, deux communes auxquelles se sont jointes d'autres villes : les futurs quartiers du Theux, d'Étion, de Mohon... et de Moncy-Saint-Pierre.

Georges Pompidou était intervenu à la préfecture des Ardennes en 1965, il y avait fait un discours.

Patrick Fostier, conseiller municipal de Charleville-Mézières

"Il avait appuyé la volonté d'un certain nombre d'élus locaux, qui voulaient un regroupement pour avoir un chef-lieu d'une certaine dimension pour les Ardennes." Il avait aussi parlé d'industrialisation dans son discours. "Ou plutôt de réindustrialisation. Un sujet qui nous concerne toujours très directement..." En fait, Georges Pompidou est un peu le papa de Charleville-Mézières, quand on y songe... 

Et pour honorer la mémoire du président Pompidou, un lieu a été trouvé. "On a contacté la famille. Elle était d'accord. La dernière étape, c'était le passage en conseil municipal la semaine dernière. Il a voté cette décision à l'unanimité. Ce sera donc la grande place qu'on trouve en sortant de la gare de Charleville, rénovée il y a une quinzaine d'années et à côté d'un square." 

Jusqu'ici, c'était simplement la place de la Gare. Tout bêtement. "Elle n'avait pas vraiment de nom. Vous savez, on essaye de trouver des endroits où on n'est pas obligé de débaptiser et de retirer le nom de quelqu'un qui n'a pas forcément démérité. D'autre part, on cherche un espace où il n'y a pas trop de riverains, pour éviter qu'ils soient obligés de faire des formalités de changement d'adresse, qui peuvent être compliquées. Là, on n'a que deux ou trois immeubles qui accueillent des entreprises : c'est moins contraignant." 

D'autres présidents à Charleville-Mézières

"J'ignore précisément le coût d'une plaque de rue", souligne l'élu quant aux investissements à mener, "mais bon : avec quatre plaques au maximum, la dépense devrait rester mesurée... On prévoira une petite inauguration, probablement au mois de septembre ou d'octobre. Là, actuellement, on a un peu plus de sujets de préoccupation..."

Georges Pompidou est un président important dans l'histoire du pays. C'est sous sa présidence qu'ont vu le jour de nombreux projets :

  • plusieurs autoroutes
  • périphérique parisien
  • première ligne du TGV (Paris-Lyon)

Il met aussi fin au veto gaullien à l'entrée du Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne (CEE) : c'est ainsi que les Britanniques, Irlandais, et Danois rejoignent la future Union européenne, qui comprenait alors l'Italie, la France, les trois pays constituant le Bénélux, et l'Allemagne de l'Ouest. Aujourd'hui, le centre d'art contemporain et l'hôpital européen de Paris portent son nom.  

À Charleville-Mézières, trois autres voies ont été baptisées des noms des présidents Auriol (IVe République) et De Gaulle ainsi que Mitterrand (Ve République). Il existe aussi une voie pour Pierre Mendès-France, estimé président du Conseil (Premier ministre) sous la IVe (voir la carte ci-dessous).

René Coty, l'autre président de la IVe, semble curieusement avoir été oublié. "Peut-être qu'un jour, on essaiera de réparer ça." Concernant Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac, il pourrait falloir attendre un petit peu plus longtemps.

"Regardez : le président Pompidou a attendu 50 ans. La seule chose dont je sois sûr, c'est que si on attend encore 50 ans, ce n’est pas moi qui porterai le dossier : à mon avis, je ne serai plus là." Quant aux présidents Sarkozy et Hollande, ils sont encore bien portants et on n'en est pas encore là...

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