La vallée de la Meuse à vélo, une balade au cœur des Ardennes entre légendes, patrimoine et spécialités culinaires surprenantes

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Sur les chemins de la vallée de la Meuse à vélo. Un reportage de Céline Lang, Teddy Caruel, Céleste Déodati, Cédric Planat, Laura Klein. ©France Télévisions

Attachante et pleine de mystères, la vallée de la Meuse se parcourt à vélo, au gré du fleuve qui traverse les Ardennes. De Charleville-Mézières à Haybes, en passant par Bogny-sur-Meuse, Monthermé et Fumay, découvrez une terre au passé industriel qui a su se tourner vers le tourisme et mettre en valeur son terroir, son patrimoine et ses légendes.

Au cœur de l'été, évadons-nous sur les plus beaux chemins de France. Partons dans la vallée de la Meuse pour suivre le fleuve européen qui traverse les Ardennes françaises, puis belges. Cette ancienne terre d'industrie opère une lente mue depuis quelques années : elle se tourne désormais vers un tourisme nature et authentique. Mémoire, territoire et terroir. Trois mots-clés qui font vivre cette vallée aujourd'hui.

Départ de Charleville-Mézières, ville de Rimbaud

C'est à Charleville-Mézière que débute le périple à vélo le long de la Meuse de notre journaliste Céline Lang. La ville qui a vu naître Arthur Rimbaud garde en mémoire les mots qu'avait le poète pour le fleuve ardennais : "C'est un trou de verdure où chante une rivière, accrochant follement aux herbes des hayons d'argent". Dans la cité, un musée rend hommage à l'auteur du Dormeur du Val qui a arpenté le département sans relâche en suivant la Meuse.

Le jour où Céline Lang prend la route à vélo, il pleut. Mais comme on dit ici : "quand le soleil n'est ni dans les poèmes, ni dans le ciel, il est au fond du cœur."  En avant donc !

Première halte à Bogny-sur-Meuse, terre de légendes

La Meuse quitte Charleville pour creuser son sillon au cœur du vieux massif boisé. Une forêt habitée depuis toujours par les Ardennais, repère de bandits, refuge et habitat naturel des elfes, des druides et des magiciens. Une terre de légende.

À Bogny-sur-Meuse, une statue rappelle l'épopée des quatre fils Aymon, honnis de Charlemagne mais aidés par l'enchanteur Maugis qui se réfugia au rocher de l'Hermitage. C'est là que Céline Lang retrouve Hervé Gourdet, auteur et illustrateur, en train de dessiner le magicien. "C'est un personnage emblématique de la célèbre légende des quatre fils Aymon" explique-t-il. Il ne cesse de mettre en récit les légendes ardennaises. Il a ce côté un petit peu Robin des bois, un petit peu aventurier, un petit peu voleur. Il est un petit peu tout ça, à la fois le bien, le mal, il est très mystérieux."

L'énigme de Maugis perdure jusqu'à la fin de sa vie, achevée au point de vue de l'Hermitage : "On ne sait pas s’il meurt d'ailleurs, on ne sait pas s’il disparaît. C'est ce qui le rend un petit peu mystérieux et légendaire, c'est qu'on ne sait pas d'où il vient, on ne sait pas trop où il va, donc il reste en suspens et donc légendaire".

Selon Hervé Gourdet, si la forêt fait naître autant de légendes, c'est "parce que c'est un lieu où on a souvent tendance à se réfugier. On a le cas des résistants par exemple, qui allaient souvent se réfugier dans la forêt, la forêt de Robin des bois... c'est vraiment une forêt protectrice. Moi ce qui me plaît dans celle des Ardennes, c'est ce côté un peu pesant parfois, avec des couleurs assez pesantes, assez lourdes". Près de 300 kilomètres de sentiers s'enfoncent dans les collines de la vallée ardennaise pour des randonnées au goût de mystère dans les bois.

Deuxième étape : Monthermé et sa voie verte

Céline Lang quitte le chevalier Dardennor façonné dans le métal par l'artiste Eric Sleziak pour rejoindre Monthermé. La vallée de la Meuse a longtemps été industrielle. Les fonderies égrainaient le son du marteau-pilon le long du fleuve. Peu à peu, les usines ont fermé et le territoire s'est tourné vers le tourisme. Une lente mue rendue possible grâce aux bords de Meuse. Charmants et plats.

Désormais, la voie verte Trans-Ardennes, longue de 130 kilomètres de piste aménagée, emprunte les anciens chemins de halage le long de la Meuse. 240 000 personnes passent sur ce tronçon chaque année, à pied, à vélo, en rosalie ou même à cheval. Une voie qui plaît aussi aux touristes étrangers : "Nous aimons beaucoup la France. À cause de la beauté de ses paysages, de ses montagnes, de ses villages." Un autre confirme : "Cette piste cyclable est parfaite. Nous avons roulé de Verdun jusqu'ici sans aucun problème, c'était vraiment bien."

Véritable manne pour le tourisme local, la Trans-Ardennes fait vivre le commerce local : "Il y a du monde sur cette voie verte, il y a des touristes, il y a des gens du coin, il y a des Hollandais, il y a des Anglais... ça se développe beaucoup" explique Laurent Artero, hôtelier-restaurateur. Il ajoute : "Les gens partent bien à l'aventure".

Troisième étape : Fumay, ville d'ardoise

Au cœur de l'Europe à vélo, les Ardennes sont aussi au cœur de l'Europe fluviale. La Meuse, jusqu'au sud de Rotterdam aux Pays-Bas, fait voyager les plaisanciers. Céline Lang décide donc de faire une halte au port de Fumay, où les bateaux défilent en pleine saison.

Elle y retrouve Charlotte Jolly, agent d'accueil à la capitainerie mais aussi guide au musée de l'ardoise. Un lieu chargé d'Histoire : "On va tout simplement voir le déroulé de la journée d'un ardoisier". Le musée, flambant neuf, donne aux touristes un aperçu de l'histoire de la terre sur laquelle ils accostent, terre d'hommes et de femmes qui descendaient dans les entrailles de la terre. Cette histoire a façonné Fumay si bien qu'au détour de certaines rues sont encore visibles les entrées des ardoisières aujourd'hui condamnées car toutes inondées.

Le musée prêt du port se pose un peu comme une réconciliation entre l'industrie d'hier, le tourisme, et les habitants d'aujourd'hui. "On se doit de rendre mémoire à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont travaillé, explique Charlotte Jolly, donc ça me tient à cœur parce que j'ai grandi ici, tout simplement. Pour moi, c'est essentiel de maintenir ce patrimoine parce que peu de gens le connaissent."

Dernière étape : Haybes et ses spécialités culinaires

Que serait le terroir ardennais sans ce qui y pousse et la cuisine qui en émane ? À Haybes, Céline Lang retrouve le cuisinier Orphée Danaux en pleine cueillette pour la confection de plats ardennais portant souvent des noms mystérieux tels que cacasse à cul-nu, vitolet, boudin blanc de Haybes, ou tomme d'Ardennes...

Depuis 20 ans, Orphée Danaux est le chef du Robinson, une institution de la gastronomie ardennaise. Ses recettes, il les tient des anciens qui les ont inventés : "Là-dedans on a vraiment des personnes qui ont réellement eu des mains d'artisans parce qu'il a fallu chercher les grammages, la qualité de cuisson. Le boudin blanc il en est la marque vivante."

Il ajoute : "On a aussi un territoire qui a énormément souffert pendant la guerre, il ne faut pas l'oublier. Donc on s'est retrouvé en dessous du seuil de pauvreté. La cacasse à cul-nu, le vitolet, c'était vraiment des produits de base qui étaient consistants et sur lesquels on pouvait faire survivre beaucoup de gens. Et faciles à récolter ici. C'est à nous maintenant  de les mettre à l'honneur."

Finalement, entre le ciel, la terre, l'eau et même le soleil, la vallée de la Meuse nous reconnecte aux éléments et nous invite à plonger dans l'essentiel, entre l'homme et la nature. Alors pourquoi ne pas finir ce périple avec la sensation de voler avec la tirolienne du promontoire du parc Terraltitude ?

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