Juliette de Causans souhaite devenir députée des Français de l'étranger. La candidate ardennaise se présente sous l'étiquette "majorité présidentielle", sans l'accord du parti présidentiel Renaissance. Ce qui fait parler, notamment sur les réseaux sociaux, au moins autant que son affiche de campagne.
Cette fois, c’est peut-être la bonne pour Juliette de Causans. Cette professeur de français compte enfin entrer à l’Assemblée Nationale. Aux législatives 2022, elle a récolté 4,28% des suffrages exprimés dans la 1ère circonscription des Ardennes (Charleville-Mézières, Rethel, Villers-Semeuse). Pas suffisant pour cette candidature sous l’étiquette "majorité présidentielle".
Cette année, elle se présente de nouveau sans l’investiture du parti présidentiel, dans la 8ème circonscription des Français de l’étranger. Dans ce secteur, l’élection vient d’être annulée à la suite de "manœuvres" et d'"irrégularités". Ce qui laisse à Juliette de Causans, qui refuse de donner son âge considérant que cela "la regarde", une nouvelle chance d'entrer au Palais Bourbon.
À la veille de ce nouveau scrutin, sa candidature fait sourire sur les réseaux sociaux. En cause : la retouche de son portrait sur son affiche de campagne. Ses affiches de 2022 diffèrent de celles de 2023. Des médias nationaux comme Libération se saisissent en ce moment, de cette question. Des internautes aussi. La candidate réagit.
On a le droit d’avoir une photo en 2022, et d'en mettre une nouvelle sur son affiche en 2023.
Juliette de Causans, candidate à la législative partielle (8e circonscription des Français de l'étranger)
Déferlante en cours sur les réseaux sociaux
Face aux messages parus depuis quelques jours sur Twitter, la candidate tient à se défendre. Des tweetos lui reprochent entre autres une utilisation exagérée du logiciel de retouche Photoshop. "La précédente affiche montre une photo plus sombre, en plus gros plan et à moitié floue. Elle est très pixellisée. Je n’ai pas vraiment fait attention, je n’étais pas maquillée. La précédente photo était une erreur. Elle était prise avec un portable, la nouvelle a été réalisée en studio, en haute définition. Il y a une réelle différence", se justifie-t-elle.
Juliette de Causans assume d’avoir procédé à des changements sur son affiche de campagne. Principale évolution : la photo qu’elle met en avant. "C’est mon droit en tant que candidate d’avoir une belle photo. Coiffée, maquillée et avec la luminosité, ce n’est pas la même chose. Comme il s’agit d’une circonscription plus au sud, j’en ai pris une avec plus de bronzage, plus de lumière. La photo est aussi prise de plus loin. Au-delà de ça, c’est aussi toute l’affiche qui a été traitée", complète la politique.
Des tweets suggèrent une tromperie évoquant "un cheat code GTA (NDLR : un jeu vidéo) à ce niveau", quand d’autres se livrent à des photomontages. Ils comparent côte-à-côte ses affiches de 2022 et de 2023. Le tout est affublé d’un détournement d’un logo de la marque de produits minceur "Comme j’aime", devenu "Comme j’EM" (NDLR : EM pour rappeler les initiales de l’ancien parti présidentiel "En marche").
Pas assez pour décourager cette candidate : "Pour être élu, il faut avoir une très bonne affiche. On est dans une époque où avoir une photo floue ne pardonne plus. Non pas qu’il faut être parfaite, mais il faut montrer la meilleure version de soi sur l’affiche. Il n’y a qu’à voir les photos des candidats et candidates à la présidentielle de 2022. Elles sont toutes extrêmement traitées, mais c’est déjà le cas depuis une ou deux élections déjà."
Elle y voit des manœuvres de diversion, venant pourtant d’autres soutiens de la majorité présidentielle : "Mes détracteurs m’envoient leur meute, pour que je sois noyée sous les bêtises. C’est moche, mais ça marche : les gens sont détournés de ce qui compte vraiment, donc le programme. Ils se retrouvent après avec un choix qu’ils ne veulent pas "
Juliette de Causans espère y voir un bon présage. "Les concurrents voudraient une photo moche, avec une étiquette politique floue. Pour défendre leur territoire, ils s’attaquent à vous. Souvent quand il s’agit de femmes. À mon avis, leur reproche, c’est que l’affiche est vachement réussie. Il s’agit de jalousie. Ma façon de faire campagne ne concerne que moi."
Candidature vers l’étranger, pour une Ardennaise "d’adoption"
Quand on lui demande la raison de cette candidature, Juliette de Causans répond qu'elle est "cosmopolite et Française de l’étranger". Elle ajoute que dans sa famille, elle est issue de "la première génération depuis sept générations à être née en France". La raison : "Je suis fille et petite-fille de diplomates français, j’ai passé mon existence entière à l’étranger. J’ai de la famille en Italie, mais aussi mes expériences de mes échanges universitaires en tant qu’étudiante que ce soit en Grèce ou en Turquie".
Quelque temps plus tard, c'est la rencontre avec son conjoint qui l'a menée dans les Ardennes. "Cela m'a amenée à devoir me poser. Mon mari a en effet des racines bien implantées dans les Ardennes, qui est devenue ma région d'adoption. C'est la que je me suis mariée", indique-t-elle.
Le poste qu’elle veut gagner représente pourtant les Français de plusieurs pays à l'étranger : Chypre, la Grèce, Israël, l’Italie, Malte, Saint-Marin, la Turquie et les territoires Palestiniens. Pour se présenter, elle dit avoir fait le choix d’un suppléant lui lié à cette partie du monde. "Pierre Attaman a des attaches culturelles dans cette circonscription et une maison à Syracuse, en Italie", détaille la candidate à la législative partielle.
Des éléments qu'elle espère convaincants pour ses électeurs. Les résultats du vote de cette 8e circonscription des Français de l'étranger doivent être connus, d'ici la fin du mois d'avril.