Face à une élection qu'elle estime "biaisée", Juliette de Causans a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel concernant les législatives 2024 dans la première circonscription des Ardennes.
L'élection de Flavien Termet, du Rassemblement national, dans la première circonscription des Ardennes va-t-elle être invalidée ? En tout cas, un recours a été déposé par une électrice. Il s'agit de Juliette de Causans, candidate dans cette circonscription en 2022, mais qui n'était que simple électrice cette fois-ci. Comme l'indiquent nos confrères de l'Union et de France Bleu, elle a saisi le Conseil constitutionnel pour réclamer l'annulation du scrutin.
"C'est la première fois que je vois des élections sur cette circonscription qui sont aussi biaisées et qui se sont aussi mal déroulées au niveau procédural", nous explique Juliette de Causans, jointe par téléphone ce lundi 15 juillet 2024.
Dans cette circonscription, deux candidats affichaient le logo du Rassemblement national sur leurs bulletins de vote et affiches : le candidat "officiel" Flavien Termet et un autre, Christian Charvet. Le premier est arrivé en tête au premier tour, quand le second a obtenu autour de 9 % des suffrages exprimés.
Juliette de Causans estime que la présence de ces deux candidats étiquetés RN a pu fausser la sincérité du scrutin. "Vous avez neuf points qui ont été distribués à une personne qui n'aurait pas dû les obtenir et qui auraient pu être dispatchés autrement. Cela aurait pu aller sur le LR, peut-être le Front populaire, sur d'autres", indique-t-elle. "La campagne n'a tourné qu'autour de ça […] Ça a biaisé la campagne."
Elle dénonce également une "absence de sérénité dans les bureaux de vote". À Rethel notamment, le maire a fait poser des affichettes "Attention, usurpation d'identité" au sein même des bureaux de vote, au-dessus des bulletins de Christian Charvet. Ailleurs, les bulletins de ce candidat ont été retournés pendant une partie de la période de vote.
Notre reportage du 2 juillet 2024
"On a neuf points qui sont allés à ce 'RN' qui est arrivé en troisième position. Il a capté un pourcentage absolument anormal de votes dans une circonscription où le numéro 3 ou 4, ce n'est pas lui normalement." Juliette de Causans insiste sur le fait que "ce n'est pas un recours contre une personne, mais contre un processus, contre la façon dont s'est tenue l'élection."
Il y a quelques jours, Lionel Vuibert, député Renaissance sortant battu de la circonscription, nous indiquait qu'il n'envisageait pas de déposer de recours. Damien Lerouge, candidat socialiste qui représentait le Nouveau Front populaire dans cette circonscription, nous a confirmé ce 15 juillet 2024 qu'il ne comptait pas non plus déposer de recours. Il a cependant déposé une plainte à l'encontre du maire de Rethel, suite aux menaces qu'il dit avoir reçues de sa part et aux irrégularités constatées dans l'application du code électoral dans la commune.
Une élection invalidée en 2022 en Champagne-Ardenne
Le recours a bien été enregistré par le Conseil constitutionnel, comme on peut le vérifier sur son site. C'est le seul qui concerne pour l'instant une circonscription champardennaise. Le conseil devra dans un premier temps se prononcer sur la recevabilité de la demande avant de l'examiner sur le fond. Le tout devrait prendre plusieurs mois.
En 2022, Laure Miller, candidate Renaissance malheureuse dans la deuxième circonscription de la Marne avait déposé un recours pour obtenir l'annulation de l'élection qui avait été remporté par son adversaire du Rassemblement national, Anne-Sophie Frigout.
Le Conseil constitutionnel avait décidé, en décembre 2022, d'invalider le scrutin, en raison de bulletins comptés comme nuls de manière inadéquate. Une élection législative partielle avait été organisée au début de l'année 2023, remportée par Laure Miller. Elle a été réélue à l'occasion des élections législatives anticipées de juin et juillet 2024.