Le confinement met la pression sur les brasseurs. Fabian Bingoni est installé à Carignan à la frontière belge. Avec la vie sociale limitée, due à la Covid-19 , sa brasserie fermée, ses stocks de bière invendus s'accumulent. Il mise sur ses ventes à emporter.
" Il est temps de relâcher la pression", lâche Fabian. Avec la vie sociale limitée, due à la Covid-19 , sa brasserie fermée, ses stocks de bière invendus s'accumulent. Il mise sur ses ventes à emporter, mais craint de ne pas pouvoir faire connaître ses nouveaux produits. Depuis le premier confinement, il résiste. Tous les jours, il traverse la frontière, lui qui est installé à 19 km de là, en Belgique, près de Florenville pour se rendre dans sa micro-brasserie.
Fabian s'est installé à Carignan (Ardennes) près de Sedan, pour concevoir une nouvelle bière locale : l'Yvoise... dans les Ardennes. L’Yvoise est née de la rencontre de deux amoureux des produits du terroir. Depuis plusieurs années Fabian Bingoni, confectionne divers produits artisanaux, dont de la bière, qu’il fabrique dans son garage et partage avec ses connaissances. Après une année de formation de Brasseur à Arlon et la rencontre de Quentin Duchesne (laborantin à Orval en Belgique), c’est assez naturellement qu’ils fondent ensemble en 2018 la Brasserie d’Yvois.
Les deux Belges ont choisi Carignan anciennement pays d’Yvois, situé à la frontière franco-belge entre les Ardennes française et la Gaume Belge pour son eau de source d’une qualité exceptionnelle, riche en oligo-élément, par envie de redynamiser l’économie locale et le tourisme brassicole, par envie de créer des bières de Goût 100 % artisanale avec des produits locaux de qualité et surtout par envie de vous les faire partager.
Confinés et inventifs
Les deux comparses ne baissent pas les bras et continuent de créer de nouvelles bières. Fabian est particulièrement fier d'avoir réussi à recréer la bière de Mouzon, disparue il y a 80 ans. " La recette originale restait introuvable, mais avec Quentin, on a réussi à retrouver un élément essentiel de cette recette, la coriandre". Elle est faite d'orge, de froment et d'épices comme les baies de genièvre et bien sûr le fameux ingrédient : la coriandre. Son taux d'alcool est de 5,5 % en alcool. Elle est donc forte, houblonnée avec une légère amertume et possède une robe un peu trouble.Les brasseurs ont pu faire déguster cette nouvelle bière un peu avant le second confinement et tous s'accordent à dire que la bière de Mouzon renaît de ses cendres. Au sens propre d'ailleurs, puisque la bière de Mouzon a disparu en 1940, suite à un incendie qui a ravagé l'outil de production et contraint à la fermeture définitive de la brasserie Jacob. "Nous sommes très fiers d'avoir pu faire renaître cette bière qui est un vrai patrimoine de la région ardennaise" avoue Fabian Bingoni qui connaît bien l'histoire des bières dans la région.
À Mouzon, la brasserie Jacob a été créée en 1815. C'est elle qui étanchait la soif des habitants jusqu'à la dernière guerre mondiale. La brasserie avait en service sept camions qui desservaient 132 villages, enchaîne-t-il. Cela en faisait des clients imagine Fabian qui espère pouvoir faire connaître sa nouvelle bière malgré le confinement.
Aujourd'hui, on ne peut plus faire déguster sur place nos produits, mais nous les vendons à emporter. On s'est mis à la vente en ligne au second confinement.
En plus de la Bière de Mouzon, deux nouvelles bières ont vu le jour. "La situation sanitaire ne nous a pas empêchés de poursuivre notre envie de créer, au contraire, cela nous a motivés pour prendre le temps de découvrir de nouveaux goûts" confie Fabian. Ainsi, est née la " Hop Session". C'est une bière ambrée fortement houblonnée, mais avec une légère amertume, ce qui en fait une bière très accessible. Au nez on découvre un bouquet agrume avec de légère note de fruit de la passion, la bouche est houblonnée, mais ce sont les notes torréfiées et toastées qui viennent apporté la note final. 5,5 % alcool avertit Fabian.
Enfin, pour les fêtes, une troisième bière est née, l'incontournable bière de Noël. Une Triple, blonde cuivré aux 3 céréales (orge, froment, épeautre) épicée d’anis étoilé, de cannelle. Cette bière est une triple blonde, ronde et gourmande. L’amertume est douce et le nez est légèrement anisé précise le brasseur.
L'activité en péril
Durant le premier confinement, Fabian a pu bénéficier d'une aide de l'état pour son chiffre d'affaire qui était en berne." On avait fait un tout petit chiffre d'affaires qui n'excèdait pas les 600 €" se souvient Fabian.Mais pour le second confinement, il attend de recevoir des aides. Il craint de ne pas y avoir droit, car son chiffre a doublé pendant la période estivale." Pour nous, un chiffre de 1.000 € par mois, donc presque 4.500 € de juin à septembre, c'est une bonne nouvelle, mais on craint de ne pas bénéficier de la même aide", s'inquiète-t-il.
Le moral de Fabian est mitigé, dit-il. "La réouverture est indispensable si on veut pouvoir survivre". Il attend les nouvelles annonces début janvier avec impatience, car il va lui falloir rembourser ses crédits. " On est short pour le moment, si on continue comme ça, on n'aura plus rien pour vivre". Fabian est marié et a deux enfants à charge. " Heureusement, mon épouse travaille à côté et son salaire nous permet de pouvoir payer nos dépenses quotidiennes, sans ça, on n'y arriverait pas" alerte Fabian.
Fabian espère que la nouvelle bière spéciale Noël, spécialement, crée pour les fêtes permettra de renflouer les caisses. 100 % artisanale et 100 % belge. À consommer avec modération. Les brasseurs misent sur les coffrets en ligne ou à emporter sur place. Une idée de cadeau à offrir, sans modération, ni restriction kilométrique à partir du 15 décembre.