Attentat de Charlie Hebdo, l'émotion des Lorrains, le 7 janvier 2015

5 ans après l'attaque terroriste qui a coûté la vie à une partie de la rédaction de Charlie Hebdo et à deux policiers, nous revenons en images ce mardi 7 janvier 2020 sur l'hommage spontané des Lorrains, dans les heures et jours qui ont suivi.

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Il fait beau ce mercredi 07 janvier 2015.
Il est presque 13h, l'heure d'aller déjeuner. Lorsque la première alerte tombe sur les smartphones. Puis les suivantes. Un tourbillon de bip, bip. "Attaque à Charlie Hebdo". D'abord la sidération, puis très vite l'inquiétude. Un attentat au coeur de Paris. Un attentat contre des journalistes. Des journalistes, des employés, des dessinateurs de presse sauvagement assassinés.
Personne ne veut y croire, et pourtant. Et le drame ne s'arrête pas là, les deux "fous de Dieu" abattent deux policiers avant de prendre la fuite. Douze morts en quelques minutes. Une rédaction décimée. Grands noms de plume et pinceau ou anonyme, tous tombés dans une guerre lâche contre la liberté.

L'émotion est intense et s'accompagne, notamment en Lorraine, d'une angoisse diffuse. Car les deux hommes ont pris la direction de l'est de la France et resteront en fuite plusieurs heures avant d'être abattus, refusant de se rendre.

Spontanément les réseaux sociaux font part du désarroi des internautes. Le mot-clé #JesuisCharlie apparaît très rapidement. Il est issu d'un logo créé par Joachim Roncin, un graphiste français, quelques minutes après l'attentat. Il devient le signe de ralliement de toute une population. Mais tous n'y adhèrent pas. Des jeunes notamment. Mais également d'opposants à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo.
Mais pour tous les autres, la grande majorité, en France comme à l'étranger, il est la traduction graphique et scriptural d'un double hommage: aux martyrs de la liberté et aux victimes de ces attentats et dans la foulée de ceux du second attentat perpétré deux jours plus tard, au supermarché Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris.
Mais ce mercredi 7 janvier, personne n'imagine encore que l'horreur va se poursuivre.

Spontanément, les hommages fleurissent. Ainsi que les appels au rassemblement. Les villes Lorraines invitent à un temps de recueillement. A 18h, place Stanislas à Nancy, place d'Armes à Metz, dans toutes les villes de la région, la foule arrive. Dans cette nuit tombée, l'on distingue une bougie, puis des centaines, des fleurs à la main, des larmes sur les joues, le silence. Des "Marseillaise" jaillissent, qui rebondissent, comme par écho, d'un point à l'autre de ces groupes humains. Immenses. La parole se libère, elle transmet l'incompréhension, le sentiment que quelque chose de sacré a été brisé. Que la liberté de la presse est désormais un bouclier fragile face aux ignares, incultes et lâches qui n'ont que la bêtise des armes comme argument.

Les jours suivants puis le  week-end suivant, cette mobilisation ne faiblira pas. Jamais autant de personnes ne s'étaient rassemblés depuis la Libération: 50.000 personnes à Nancy, 45.000 à Metz, des milliers à Epinal ou encore Bar-le-Duc...
Ce mardi 7 janvier 2020, cinq années ont passé. Aucun rassemblement de masse n'est prévu. Le Bataclan et d'autres attentats ont eu lieu. Daesh semble avoir reculé. Mais le terrorisme et les menaces sont toujours bien réelles. Le plan Vigipirate en témoigne. Ce jour-là, il y a cinq ans, comme lors du 11 septembre 2001, notre monde s'est enfoncé un peu plus dans l'inquiétude.
 
Les douze morts dans l'attaque de Charlie Hebdo (AFP)
Douze personnes ont été tuées mercredi dans l'attaque contre Charlie Hebdo: huit collaborateurs de l'hebdomadaire satirique, dont cinq dessinateurs, un invité du journal, un agent d'entretien et deux policiers.
  • Jean Cabut, dit "Cabu", 76 ans
Pourfendeur inlassable de la bêtise et des religions, créateur du "beauf", caricature de Français raciste et râleur, porteur de tous les travers qu'il voulait dénoncer. Cabu avait signé plusieurs des caricatures de Mahomet qui en 2006 avaient valu à l'équipe de Charlie des menaces de mort.
Anar rêveur derrière ses lunettes cerclées, écologiste convaincu et grand amateur de jazz, Cabu, à l'éternelle coupe au bol, avait gardé la hargne de ses débuts et n'avouait qu'un regret, celui de n'avoir pas toujours été assez féroce. Cabu était le père du chanteur Mano Solo, disparu en 2010.
  • Stéphane Charbonnier, dit "Charb", 47 ans
Dessinateur corrosif et militant qui disait ne craindre personne, engagé dès son plus jeune âge, Charb dirigeait Charlie Hebdo depuis 2009. Il figurait en 2013 sur une liste de cibles publiée par Al-Qaïda.
Avec son trait épais et ses trognes allumées, Charb ne reculait devant aucune plaisanterie, même du plus mauvais goût.
Les guerres, la politique et les politiciens, la télé-réalité, la maladie ou les religions, aucun sujet n'était à l'abri de son crayon.
  • Philippe Honoré, dit "Honoré", 73 ans
Autodidacte, Honoré publie son premier dessin de presse à 16 ans, dans le journal Sud-Ouest, selon le Magazine Littéraire, l'un des nombreux médias où l'on pouvait croiser ses dessins en noir et blanc au style suranné (Le Monde, Libération, les Inrockuptibles)
Il collaborait avec Charlie Hebdo depuis sa reparution en 1992, selon le site des éditions Larousse, pour qui il avait notamment illustré l'édition anniversaire 2010 du Petit Larousse.
  • Bernard Verlhac, dit "Tignous", 57 ans
Caricaturiste et auteur de BD caustique et engagé, Tignous dessinait pour la presse depuis 1980, traquant la folie du monde avec un humour percutant et un brin désespéré.
Il publiait régulièrement dans Charlie Hebdo et Marianne. Il collaborait également à des émissions télévisées avec Laurent Ruquier, Marc-Olivier Fogiel ou Bruno Masure, dans lesquelles ses dessins accompagnaient les débats.
Après avoir taclé le capitalisme, les actionnaires et les inégalités sociales, retracé le procès Colonna dans un album, il avait sorti en 2010 sa BD "Pandas dans la brume", où il donnait la parole à ces charmantes bêtes pacifistes et menacées d'extinction.
  • Georges Wolinski, dit "Wolinski", 80 ans
Irrévérencieux et grivois, Wolinski, était un dessinateur de presse mythique pour toute une génération, père du célèbre "Roi des cons", pilier de la bande de Hara-Kiri dans les années 60, puis de Charlie Hebdo.
C'est en Tunisie, où il était né d'un père d'origine polonaise et d'une mère italienne, que le petit Georgie, comme l'appelait sa grand-mère, découvrit les "comics" grâce aux Américains débarqués en Afrique du nord.
Dans Charlie, chaque semaine, Wolinski mettait en scène deux personnages, un maigre timide et un gros, dominateur et péremptoire, qui enchaînait les propos de comptoir. Le dessinateur laisse quelque 80 albums.
  • Bernard Maris, "Oncle Bernard", 68 ans
Economiste iconoclaste de gauche, Bernard Maris était reconnu pour la qualité de sa pensée et son art de la vulgarisation.
Ce chercheur reconnu intervenait régulièrement à la radio, à la télévision et dans la presse. Il rédigeait dans l'hebdomadaire satirique chaque semaine une chronique réputée qu'il signait "Oncle Bernard".
Originaire du Sud-Ouest dont il avait gardé l'accent, l'économiste défendit longtemps les thèses de la décroissance, fustigeant les ravages de la société de consommation. Ses "Anti-manuels d'économie" sortis au début des années 2000 ont connu un grand succès.
  • Elsa Cayat, 54 ans, psychiatre et psychanalyste, passait au crible des faits de société dans sa rubrique Charlie Divan.
  • Mustapha Ourrad, correcteur de Charlie Hebdo.
  • Michel Renaud, fondateur du festival Rendez-vous du carnet de Voyage, à Clermont-Ferrand. Il était invité du journal et participait à la conférence de rédaction.
  • Frédéric Boisseau, 42 ans, agent de maintenance de la société Sodexo. Ce père de deux enfants se trouvait dans le hall d'entrée du journal pour effectuer des travaux de maintenance du bâtiment quand il a été tué par les assaillants.
  • Franck Brinsolaro, 49 ans. Ce brigadier, marié et père de deux enfants, était chargé de la protection de Charb.
  • Ahmed Merabet, 42 ans, policier du commissariat du XIe arrondissement de Paris. Il a été tué par l'un des auteurs de l'attaque, durant leur fuite.
(Avec AFP)
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