Un voyage qui a duré plus de 16 heures au lieu de 9 en temps normal, un calvaire pour Michelle qui quittait la Guyane fin avril, pour s'installer à Troyes.
Face à l'augmentation des cas du variant brésilien en Guyane, le Premier ministre Jean Castex a renforcé les mesures pour les voyageurs en provenance des DOM TOM. C'est le cas de la Guyane. Michelle, dont le prénom a été modifié à sa demande vient de signer un contrat professionnel à Troyes dans l'Aube. Originaire de Guyane, elle a fait le trajet de Cayenne jusqu'à Troyes en pleine pandémie de Covid-19. Partie le 26 avril à 13h30 de l'aéroport Félix Eboué pour arriver à Troyes le 28 avril au matin : "j'ai effectué mon test PCR 48 heures avant mon vol comme demandé par les autorités et voilà que j’apprends par la compagnie aérienne via un mail que je dois me présenter à l’aéroport 4 heures avant mon départ suite aux nouvelles directives, faire un auto-test étant donné que mon test PCR datait de plus de 36h".
En plus de ses bagages, Michelle disposait de la panoplie des motifs impérieux : lettre de mobilité, passeport, carte professionnelle, attestation sur l’honneur ne présentant pas de symptômes liés au COVID-19 et le fameux test PCR négatif. Après la vérification de tous ces éléments, elle se retrouve dans une longue file d’attente à l’extérieur de l’aéroport pour aller faire l'auto-test guidé par des agents de la Croix Rouge. L'opération dure quelques minutes.
"Premier résultat négatif, je suis autorisée à rentrer dans l’aérogare, une autre file d’attente s’est créée pour le résultat final à l’issue des 20 minutes réglementaires. Un résultat négatif étant confirmé, j’ai pu enfin accéder à l’enregistrement de mes bagages puis direction la salle d’embarquement". Il est important de stipuler que toute entrée dans l'aérogare est définitive et qu’en cas d’oubli ou envie de dire un dernier au revoir, un autre test est obligatoire. "Parmi les voyageurs, l'ambiance était plutôt tendue avec l'angoisse du résultat du test pour savoir si on va pouvoir voyager ou pas. De plus, tous les magasins dans l'aérogare sont fermés. Il ne reste que son smartphone ou un bon bouquin pour passer le temps sans oublier la distanciation".
"Je n'ai pas pu voir mon époux après l'enregistrement de mes bagages car l'agent sur place m'a dit que si je sortais de l'aérogare, je serais contrainte de faire un nouveau test, je suis partie en salle d'embarquement avec un gros pincement au coeur, surtout parce que ce n'était pas un étranger que j'allais voir mais ma famille très proche".
Un vol sans turbulences avant la suite du périple
Le vol de Michelle était plutôt calme et rapide et l’avion s’est posé avec 30 minutes d’avance. "La cheffe de cabine nous annonce que le débarquement se fera par rangées, afin de respecter les mesures sanitaires ainsi que la distanciation. Tout d’abord la classe affaire, les passagers en correspondance sont partis dans un premier bus en direction d'un hall à l'aéroport de Orly 1 ou un espace a été aménagé pour faire les tests antigéniques obligatoires à l’arrivée". Une procédure de débarquement réglementée, mais une fois arrivée dans le bus, Michelle se retrouve coincée avec d’autres passagers car il fallait que tout ce petit monde tienne dans le véhicule. Une fois le test effectué, Michelle retrouve tous les passagers de l’avion dans une salle pour attendre le résultat.
Une panne informatique oblige tout le monde à attendre durant plus de 4 heures dans cette salle ! Le résultat du test est censé être délivré en 20 minutes. "Ils nous ont laissés dans la salle sans même nous proposer une collation sachant qu'on n'avait pas le droit de sortir, j'avais une sensation d'être traitée comme une paria, le pire dans l'histoire c'est lorsque l'agent nous dit que c'est la procédure quand on arrive sur le territoire français, sachant que la Guyane est un territoire français". Une fois la connexion rétablie, les passagers ont repris le bus en direction du hall de l'aéroport de Paris Orly 3 pour récupérer leurs bagages qui tournaient en boucle sans surveillance.
Pour couronner le tout, 10 jours d'isolement
Arrivée de Guyane vers 6h22, Michelle quitte Orly dans la voiture d'une amie vers 12h en direction de sa nouvelle résidence à Troyes dans l’Aube avec un test négatif et un arrêté préfectoral de mise en quarantaine de 10 jours. Malgré ses multiples tests négatifs, elle doit se tenir isolée à l’adresse indiquée et dispose d'une autorisation de sortie quotidienne de 10h à 12h dans un rayon de 1km sous peine de payer une amende forfaitaire fixée à 1.000 euros en cas de violation de l'arrêté.
Après sept jours d’isolement, Michelle reçoit la visite des forces de l’ordre venues constater qu’elle est bien isolée chez elle et ne présente pas de symptômes du Covid-19. "Deux agents de police ont sonné à mon interphone, j'ai répondu mais cela ne suffisait pas, ils ont vérifié mes papiers et mon état de santé en me posant quelques questions basiques. J'ai le sentiment d'être en liberté surveillée voire en prison alors que j'ai eu trois tests négatifs".
Les visites seront régulières jusqu’à la fin de la mise en quarantaine. Sa famille doit la rejoindre cet été en espérant que la situation sanitaire s'améliore et qu'ils n'auront pas à subir ce même voyage épique.