C'est la polémique qui déchire les médias parisiens en cette mi-juin 2019. Selon deux quotidiens nationaux, l'expression "gros" qui sert d'exclamation de fin de phrase, chère à tous les Lorrains, prendrait ses origines dans le bassin parisien. Faux, on vous explique pourquoi.
La polémique enfle, il est vrai qu'elle est cruciale. Tout est parti d'un article de Vincent Mongaillard, du Parisien, paru le 17 juin 2019, intitulé "Filles comme garçons, pourquoi nos ados s’appellent tous «frère»!" Dans cet article, le journaliste détaille la mode linguistique qui consiste, chez les jeunes, à placer dans toutes leurs phrases le mot "frère" en guise de ponctuation.
Qu'ils s'adressent à des filles, des garçons, l'usage est rentré dans les moeurs adolescentes. Par extension, et en conclusion de son article, le reporter précise qu'une alternative à "frère" est en train de prendre le pas sur l'expression. "Gro" serait un diminutif de "negro", je cite "dénué de connotation raciste et injurieuse".
Vous avez bien lu : lancé en Seine-Saint-Denis? La bonne blague.Lancé en Seine-Saint-Denis, « gro » s'est aujourd'hui largement répandu et dépasse sa dimension ethnique.
- Vincent Mongaillard, journaliste au Parisien
Contre-attaque de "Libération"
Vu de la Lorraine, on s'amuse à voir les Parisiens s'écharper. D'autant qu'ils ont tous tort, n'est-ce pas? Le 19 juin 2019, le journaliste Balla Fofana prend sa plume pour démonter la théorie, je cite "farfelue", de son confrère du Parisien. Son article paru dans Libération "Non, l'expression «gros» ne vient pas du mot «négro» mais plutôt du banditisme" est une réponse à l'article précédent.À son tour, il donne sa théorie sur l'origine linguistique de l'expression "gros". Il explique, je cite, que "l’expression n’a rien à voir avec les Etats-Unis et le terme «negro»: elle commence à prendre du poids dans le Val-de-Marne des années 90."
Vous avez bien lu, du Val-de-Marne! Qui dit mieux? Pour lui, le terme vient du milieu du grand banditisme:
«Gros» ne désigne plus uniquement le «gros bonnet»(le voyou, le caïd).
- Balla Fofana, journaliste à Libération