Après le confinement, en Alsace l'appel de la forêt est fort, mais gare aux tiques également de retour. L'office national des forêts rappelle les consignes pour prévenir les morsures, agir en cas de piqûres et invite les personnes piquées à participer à une cartographie via une application.
Après huit semaines enfermés dans nos appartements, avec terrasse ou jardin pour les chanceux, les forêts et les lacs nous attirent comme des aimants. Pique-niquer et s'allonger dans l'herbe, faire une sieste ou écouter les oiseaux, dans une nature qui a repris ses aises ...délicieux. Un petit bémol cependant est à prendre en compte : les tiques se prélassent elles aussi, dans les herbes hautes et les fougères, au printemps.
Or, en nous piquant, elles peuvent nous transmettre, entre-autres maladies infectieuses, la borréliose de Lyme, mieux connue sous le nom de maladie de Lyme.
Que risque-t-on en cas de morsure de tique et comment s'en prémunir?
Les tiques s'installent dans les herbes hautes et les fougères, là où il fait chaud et humide. Un geste préventif important, recommandé par l'ONF, avant de se rendre en forêt, consiste à "se couvrir les bras et les jambes avec des vêtements longs et des extrémités fermées, pour empêcher les tiques de passer sous le tissu. Se protéger la tête est également important car la détection des tiques sur le cuir chevelu s'avère compliquée."La tique est un acarien qui se fixe par la tête, dans la peau des animaux et des hommes, pour sucer le sang, dont elle se nourrit et qu'elle stocke pour sa future progéniture. S'il y a morsure, l'animal peut transmettre différentes maladies comme la méningo-encéphalite à tiques (MET) qui affecte le cerveau et la maladie de Lyme, qui peut notamment provoquer des troubles neurologiques, cardiaques et articulaires. Les tiques, dont il existe de nombreuses espèces, ne sont pas toutes infectées. Pour transmettre une maladie, elles doivent auparavant avoir mordu un animal infesté. Cela peut être un animal domestique - chien, chat, vache, cochon - mais aussi des oiseaux, chevaux ou cervidés, tout le monde animal constitue un bon garde-manger pour la tique et cela partout dans le monde.
Après une balade en forêt : inspection attentive et consignes en cas de morsure
Les consignes de l'ONF consistent, après une sortie nature, à inspecter minutieusement son corps, "notamment les aisselles, les plis de peau, le cuir chevelu, le derrière des oreilles et le cou. Si vous repérez une tique, retirez-la rapidement avec un tire-tique ou une pince à épiler, détruisez-la et désinfectez la piqûre. Il faudra surveiller la zone pendant six semaines."L'outil le plus adapté si on découvre une tique au retour d'une sortie nature, reste le tire-tique qui s'achète en pharmacie. "Si on retire la tique dans les 24 heures, il y a peu de risque de développer la maladie de Lyme." explique Benjamin Magnier, docteur en pharmacie, de la pharmacie des coquelicots à Strasbourg. "Vingt-quatre heures, c'est environ la durée du repas de la tique, qui consiste à pomper le sang. A la fin de son repas, elle régurgite et c'est à ce moment-là qu'elle peut injecter la bactérie à l'origine de la maladie de lyme." Chaque année, au printemps et à l'automne surtout, quand il fait chaud et humide, les pharmaciens sont sollicités par des personnes qui ont été piqués. "Lorsque nous vendons les tire-tiques, nous faisons une démonstration à l'acheteur. Il faut retirer l'acarien proprement et entièrement, en tournant, car la tique entre dans la peau comme une vrille, la tête d'abord." Cet outil, plus efficace que la simple pince à épiler, a été conçu avec un angle de fourche très précis, de sorte à pouvoir passer entre la tique et la peau. C'est une entreprise jurassienne qui a inventé le tire-tique, elle est aujourd'hui le plus gros producteur au monde.
De nombreuses vidéos sur Youtube, montrent la marche à suivre pour retirer une tique. Certaines sont agrippées superficiellement et d'autres installées depuis plus longtemps et plus difficiles à retirer, mais la technique est toujours la même. Il faut tourner l'acarien, pour ne pas arracher la tête qui resterait plantée dans la chair, ce qui nécessiterait une intervention différente.
"Après la morsure et une fois l'hématophage retiré, il faut désinfecter la peau avec un antiseptique, et observer l'endroit de la morsure, pendant plusieurs jours." prévient Benjamin Magnier. "Une petite zone rouge est immédiatement visible comme pour toute morsure ou piqûre d'insecte, mais ce qui doit attirer l'attention, c'est l'érythème migrant. Si la plaque rouge, s'élargit et s'entoure d'une auréole foncée, la bactérie est alors présente et il est indispensable de consulter un médecin qui prescrira des antibiotiques."
"Si la tique est restée en place moins de 36 à 48 h, inutile d'instaurer un traitement antibiotique préventif. En revanche, surveillez l'apparition de signes secondaires et rappelez à votre médecin qu'une tique vous avait piqué quelques jours ou semaines auparavant. Il pourra facilement confirmer ou infirmer le diagnostic, entre autres grâce à une prise de sang (sérodiagnostic)" explique Gérald Kierzek, urgentiste.