Bas-Rhin : Illkirch-Graffenstaden interdit la consommation de protoxyde d'azote, le gaz hilarant prisé par les jeunes

Les arrêtés municipaux concernant le protoxyde d'azote se multiplient en Alsace. Comme ailleurs en France, les jeunes consomment ce gaz hilarant sans connaître ses effets néfastes sur la santé. A Illkirch, l'usage récréatif de ce produit et sa vente aux mineurs y sont désormais interdits.

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Sur les trottoirs, dans les caniveaux, aux abords des parcs et des jardins, les petites bonbonnes argentées se multiplient et polluent les communes alsaciennes. Destinées à l'origine aux siphons de crème fouettée, les capsules de protoxyde d'azote, également nommé "proto" ou "gaz hilarant", font fureur chez les jeunes. Si le fléau est national et ne date pas d'hier, sa consommation reste parfaitement légale. Pour mettre un terme à cet usage détourné, le maire d'Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), Thibaud Philipps (LR), a pris le 4 septembre deux arrêtés visant à interdire la détention et la consommation du fameux "proto" sur l'espace public. Il est le quatrième maire d'Alsace à prendre un arrêté à ce sujet.

En plus d'être facile d'accès (on en trouve en supermarché), l'usage de ces capsules est simple. Le gaz est versé dans un ballon de baudruche avant d'être inhalé par les utilisateurs. Comme à Brumath et à Saverne, Illkirch a interdit la vente aux mineurs, la détention et la consommation du gaz hilarant (voir le lien Facebook ci-dessous). Avec son arrêté pris le 28 mai, la ville de Mulhouse a été la première en Alsace à interdire son usage "récréatif", mais seulement entre 7h45 et 20 heures, dans un rayon de 500 mètres autour d'un établissement scolaire.

Sensibiliser la population

"Ça part du constat de voir des capsules un peu partout dans la ville, surtout dans les parcs et les jardins. Avec cet arrêté, on intègre le sujet aux patrouilles de la police municipale", explique Thibaud Philipps. Identifier les lieux fréquentés par les jeunes (mais pas que) et les prévenir du danger encouru, c'est le projet de l'édile. En plus des espaces verts, il souhaite mettre en place un plan de sensibilisation et de prévention au sein des collèges et des lycées, "il y aura différents supports, des affiches, des interventions dans les classes... Déjà il faut le faire savoir pour sensibiliser les gens. On ne veut pas seulement le côté répressif mais aussi le côté pédagogique." Comme dans les autres villes ayant pris de telles dispositions, un consommateur de protoxyde d'azote pris sur le fait devra s'acquitter d'une amende de 38 euros.
 

Ce qui est embêtant c'est que les jeunes prennent ça de plus en plus et le plus vite possible.

Alexandre Feltz

Des effets néfastes sur la santé

Et 30 secondes d'effets euphorisants peuvent coûter bien plus cher. Les professionnels de santé s'entendent tous sur les conséquences de cette consommation, qu'elle soit passagère ou durable. "Il y a deux éléments qui posent souci. Le risque aigu et le risque chronique. D'abord, c'est le risque de brûlure par exemple, et après, ce sont des risques digestif, irritatif ou neurologique allant jusqu’à des troubles cardiaques. Ce n'est pas la drogue qui fait la dangerosité, ce qui est embêtant c'est que les jeunes prennent ça de plus en plus et le plus vite possible", observe Alexandre Feltz, médecin généraliste et adjoint en charge de la santé à la maire de Strasbourg. Parmi les effets au plus long cours : des neurophaties, comme des atteintes de la moelle épinière et du système nerveux. La consommation de protoxyde d'azote est d'autant plus inquiétante qu'elle est souvent liée à celle d'alcool et d'autres drogues.

En plus d'être néfaste pour la santé, les cartouches de protoxyde d'azote le sont également pour l'environnement. Fabriquées en aluminium, elles ne sont pas biodégradables et finissent bien souvent dans les rues. "On ne les compte pas mais on arrive parfois sur des zones où il y a une centaine de capsules au sol. C'est des choses qu'on est obligé de faire ramasser, on a plein de lieux pollués", lance Thibaud Philipps.

Un achat légal 

Pour endiguer cet usage au niveau national, une proposition de loi a été adoptée en décembre 2019 par le Sénat. Elle vise à protéger les mineurs des usages dangereux du protoxyde d’azote en leur interdisant notamment sa vente. Les industriels seraient également obligés d’afficher un étiquetage spécifique mentionnant le risque. La proposition doit encore être validée par l’Assemblée nationale. Le 7 septembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a même indiqué vouloir "interdire purement et simplement l'utilisation des cartouches et capsules de protoxyde d'azote."

Le sujet est également sur la table de la nouvelle municipalité strasbourgeoise avec un projet en cours de rédaction. "On est sur des logiques de réduction des risques. Expliquer les effets, informer les jeunes... c'est surtout des questions de prévention et non de coercition" avance l'adjoint à la santé. Le maire d'Illkirch a quant à lui pris les devants en contactant directement les édiles des communes limitrophes. D'après les premiers retours, le maire de Geispolsheim serait à son tour prêt à interdire le gaz hilarant. 
 
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