Rund Um. La Boule d'or a remporté le championnat de France. Ce résultat, jamais atteint dans toute son histoire, est certes réjouissant mais met également en lumière le manque d'infrastructures et l'essoufflement de ce sport dans la région.
Le mercredi soir, c'est entraînement. Les membres de l'équipe masculine arrivent au compte-goutte, en fonction de leurs horaires de travail respectifs. Cetains sont retraités, d'autres travaillent dans des entreprises locales. Le dernier arrivé est couvreur, vit à Strasbourg et fait chaque semaine les presque 60 kilomètres qui le séparent de la piste de quilles d'Uberach, commune du Val-de-Moder.
Thomas Dubief est capitaine de l'équipe devenue championne de France. "Vous savez, les quilles, c'est une histoire de famille. On devient quilleur de père en fils. Mon père par exemple est le président du club de quilles d'Erstein. C'est comme ça que je suis tombé dedans", nous explique-t-il. "En tant que capitaine, je suis très fier du résultat atteint, très content de mon équipe".
Si la Boule d'or a pu atteindre le sommet du classement, c'est en grande partie grâce à l'arrivée, en début de saison d'un entraîneur originaire de Strasbourg, Pascal Rauscher.
"Les quilles, c'est un sport, pas un loisir !"
Pascal Rauscherentraîneur de la Boule d'or
Il a amené dans son sillage quelques bons joueurs. "Les quilles, c'est un sport, pas un loisir !", nous prévient-il d'emblée. "Notre sport avance en ce qui concerne les performances, mais pas en ce qui concerne les effectifs. Nous avons perdu près de 70 licenciés dans le Bas-Rhin en un an. Avec le covid, certains joueurs sont décédés, d'autres n'ont pas osé revenir". Le constat est sans appel.
Sport confidentiel, le jeu de quilles est pourtant bien ancré dans la région. L'Alsace est, avec la Côte d'Or, la seule région de France où cette pratique s'est implantée, à l'image de l'Allemagne voisine où presque chaque commune dispose d'un quillier.
La Boule d'or souhaiterait un quillier à 6 pistes
"Depuis des années, nous nous entraînons à Uberach parce que le restaurant dans lequel nous nous entraînions à Soultz-sous-Forêts a fermé", constate Georges Weber le président de la Boule d'or. "Grâce à notre titre de champion de France, nous espérons que la municipalité de Soultz-sous-Forêts nous donnera un coup de pouce et actera la construction de nouvelles pistes dans notre commune d'origine. Avec de nouvelles pistes, nous pourrions ouvrir une école de quilles et former des jeunes".
C'est le rêve de tous les membres de la Boule d'or. En attendant, les champions de France ont le regard tourné vers la Serbie et le championnat d'Europe qui s'y tiendra en octobre prochain.