L'association "Les planteurs alsaciens" propose, depuis juin 2023, de parrainer un plant de CBD cultivé en agriculture biologique dans le Kochersberg (Bas-Rhin). L'objectif est de faire découvrir le produit, ses vertus, tout en ayant un regard sur sa traçabilité et sa croissance.
Après une bataille juridique, le Conseil d'Etat autorisait, en janvier 2023, la vente de fleurs et feuilles de cannabis sans propriétés stupéfiantes et psychotropes. Une bonne nouvelle qui a motivé Yves et Adrien, deux communicants alsaciens, à se lancer dans la culture du cannabidiol (CBD) dès le mois de juin.
Avec leur association Les planteurs alsaciens, ils proposent de parrainer un plant de CBD. L'objectif est de démystifier le produit, mais aussi d'observer sa croissance, de pouvoir s'en occuper soi-même, et de récupérer la plante à maturité dès la fin du mois de septembre.
Le CBD fait partie des cannabinoïdes présents dans le chanvre. Ce composé est majoritairement présent dans les fleurs et les feuilles qui se trouvent sur les tiges des plantes. La molécule ne contient pas plus de 0,3 % de THC. Le taux de cet actif très connu se situe autour de 15% dans le cannabis illégal utilisé sous forme de drogue.
Un parrainage gagnant
Depuis le lancement de l'opération, l'association réunit déjà 20 parrainages. Pour y participer, il faut débourser la somme de 150 euros. "Ça comprend les 40 euros pour devenir membre de l'association, et les 110 euros restants représentent le coût du plant de chanvre, l'entretien, la récolte, l'emballage et le livret explicatif", indique Adrien.
Devenir parrain peut sembler onéreux, mais l'association l'assure "le consommateur est gagnant". En effet, le gramme de fleur de CBD peut coûter de 8 à 14 euros dans certaines enseignes. "Après la récolte, le parrain ou la marraine repart avec une plante composée de 300 à 400 grammes de fleurs. C'est suffisant pour une année de consommation", estime Yves, le président de l'association.
Après la récolte et un séchage minutieux dans d'anciens fours à tabacs, la plante est emballée comme un sapin et distribuée au mois de septembre. "La plante mesure parfois entre 1 m 80 et 2 m. Il faut donc prévoir un coffre vide", sourit le président. Pour ceux qui ne voudraient pas traiter la plante eux-mêmes et récolter les fleurs, l'association peut vous transformer le CBD en tisane, thé, huile, cosmétique, bonbon ou épice.
Une culture à but non lucratif et biologique
Avec cette initiative, Yves et Adrien veulent que chacun puisse découvrir, à sa manière, la culture de CBD en France. "On veut faire participer les gens dans les champs. Le but est aussi d'avoir un produit naturel provenant de l'agriculture biologique", confie Adrien, chargé de communication à l'association.
En effet, plusieurs boutiques en France utilisent du CBD de synthèse appelé "isolat". "Beaucoup l'utilisent, car l'avantage c'est que c'est une substance disponible les douze mois de l'année. Alors qu'avec la culture biologique locale, il n'y a qu'une récolte par an et tout est naturel. Pour le consommateur, c'est gagnant, et ça nous permet aussi de montrer que ce produit peut être bénéfique", précise-t-il.
L'argent qu'on gagne, on l'investit dans la plantation annuelle de CBD
Adrien, chargé de communication des Planteurs Alsaciens
Sur des terrains qu'ils louent à un agriculteur bio, ils ont planté près de 1 500 plants de CBD dans le Kochersberg (Bas-Rhin) au début du mois de juillet. "Nous sommes sept permanents dans l'association. Il y a des jardiniers, des agriculteurs, des spécialistes de cette plante. C'est une aventure à taille humaine que chacun fait vivre en parallèle de son emploi personnel", ajoute Adrien.
Même avec leur site internet, et la vente de produits dans quelques boutiques, l'association n'a réalisé aucun bénéfice. "Nous avons injecté plus d'argent qu'on en a gagné, mais ce n'est pas l'objectif de notre projet. L'argent qu'on gagne, on l'investit dans la plantation annuelle de CBD", explique-t-il.
27 variétés autorisées dans l'UE
En France, aucun particulier ne peut décider de cultiver du CBD dans son jardin. Seuls les agriculteurs actifs au sein de la réglementation européenne y sont habilités. Les autorités françaises obligent à n'utiliser que l'une des variétés recensées par le ministère de la Santé. "Il en existe près de 27 au total. On espère créer une variété alsacienne et la faire certifier dans les années à venir", annonce Adrien.
Les semences doivent être fournies par des organismes agréés. Il faut également respecter une teneur en THC inférieure ou égale à 0,3 %. Dès que la plante atteint l'apogée de sa croissance, c'est-à-dire entre sept et neuf semaines, un laboratoire indépendant réalise des analyses afin d'autoriser la récolte.