Encore et encore, les gendarmes ratissent les environs de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin), où la jeune Lina a disparu. En parallèle, ils peuvent procéder aux vérifications des alibis des proches et des bornages téléphoniques. Au bout de deux semaines, l'enquête pourra être confiée à un juge d'instruction.
Pas après pas, les gendarmes examinent chaque mètre carré dans la zone de disparition. Pour l'instant sans succès. Mais jusqu'à quand ces ratissages pour retrouver la jeune Lina, disparue depuis samedi 23 septembre, vont-ils durer ? Quelles seront les prochaines étapes de l'enquête ? Eric Lefebvre, avocat en droit pénal à Strasbourg, nous répond.
Tout d'abord, les ratissages, sondages des étangs et autres recherches de terrain pourront se poursuivre. Elles dureront "le temps nécessaire", assure Eric Lefebvre. Lundi et mardi, deux battues ont déjà eu lieu. Mercredi, deux plans d'eau ont été sondés par les gendarmes plongeurs. "S'il y avait eu 50 étangs, ils auraient pu fouiller 50 étangs", illustre l'avocat.
Vérifier les alibis
En parallèle, un travail de recoupement des informations est en cours, et va se poursuivre dans les prochains jours. Les hypothèses irréalistes sont progressivement éliminées. "On regarde sur les réseaux sociaux, on vérifie qu'elle n'avait pas une double vie ou des envies suicidaires, apparemment ici ça n'est pas le cas."
"C'est un travail de fond. Il y a des d'auditions et du recoupement des informations des uns et des autres, des vérifications des alibis des proches."
Eric Lefebvre, avocat pénaliste
Les enquêteurs peuvent également examiner les bornages des téléphones sur la zone. "Ça permet de savoir si des personnes étaient sur les lieux le jour des faits, si elles se déplaçaient à pied, en voiture, à vélo...", détaille encore Eric Lefebvre. Pour le moment, ces investigations sont menées par le parquet de Saverne.
Des pouvoirs exceptionnels pour les enquêteurs
"Dans une disparition, les premiers jours sont cruciaux", reprend Eric Lefebvre. Face à l'urgence de la situation,"les enquêteurs disposent donc de pouvoirs élargis dans les huit premiers jours suivant les faits", informe le spécialiste. Il s'agit de l'enquête de flagrance, dirigée par le parquet et donc le procureur de la République.
"Pendant la première semaine, les enquêteurs, dirigés par le procureur, ont des pouvoirs plus importants. Ils peuvent, par exemple, procéder à des perquisitions sans l'autorisation d'un juge, car l'urgence est de retrouver la jeune fille."
Eric Lefebvre, avocat pénaliste
Dimanche, le délai de huit jours sera expiré, mais il peut être renouvelé une fois. "En l'occurrence, c'est probablement ce que va demander la procureure de Saverne car c'est la section de recherche de Strasbourg qui enquête, ce sont des spécialistes."
Le début de l'instruction
Au maximum au bout de 15 jours, on entre dans une nouvelle phase judiciaire. Le parquet fera un réquisitoire, et c'est au motif de cette demande qu'il faudra être attentif. "Dans le cadre de la disparition de Lina, le motif se transformera très probablement en 'enlèvement et séquestration', c'est criminel, donc un juge d'instruction sera en charge", détaille Eric Lefebvre.
C'est à ce moment-là qu'une information judiciaire est ouverte. C'est alors le juge d'instruction qui sera le maître des investigations. "À Saverne, ils ne font pas de criminel, donc ça sera un juge de Strasbourg qui sera chargé de l'enquête", nous apprend Eric Lefebvre.
En termes de moyens disponibles, le passage à l'information judiciaire ne change rien. En revanche, le juge d'instruction a des pouvoirs plus larges que le parquet. "Il peut demander des prélèvements, des analyses génétiques, il peut placer les gens sur écoute, c'est un super enquêteur", conclut l'avocat. Si Lina n'est pas retrouvée d'ici-là, le magistrat aura à charge de reprendre le dossier, pour réexaminer toutes les pistes, et, peut-être, résoudre l'affaire.