La direction du Centre hospitalier de Haguenau a annoncé qu'il ne serait plus possible d'accéder à ses services d'urgences sans avoir préalablement appelé le Samu. La mesure sera en vigueur du 22 juillet au 27 août 2023. L'objectif est de désengorger un service en manque de personnels.
Le service des urgences du Centre hospitalier de Haguenau va réguler ses admissions du 22 juillet au 27 août 2023. Chaque personne devra appeler le 15 afin de savoir si elle peut se rendre aux urgences, ou bien si son cas relève de la médecine de ville. L'objectif est de mieux orienter le patient et d'éviter l'engorgement des services de l'hôpital alors qu'une partie du personnel est en congé d'été.
Depuis près d'un an, le service des urgences local accuse le coup. À l'été 2022, une mesure similaire avait été prise au mois d'août. En cause : un quart des postes de médecins urgentistes reste non pourvu. "Cela représente près de sept postes qui ne sont pas pourvus", affirme Mathieu Rocher, directeur de l'hôpital. "En été, on sait qu'il va y avoir du personnel en congé, il faut donc anticiper toutes les situations".
L'objectif est de sensibiliser le patient. "Le 15 émet un fax à l'hôpital lorsqu'il nous envoie un patient, nous contrôlerons par ce biais si la personne a bien téléphoné au préalable", précise Dominique Sourd, cadre de santé des services d'urgences d'Haguenau. Si rien n'est reçu par nos services, une évaluation sera réalisée pour déterminer si une prise en charge est nécessaire ou non. Évidemment, tous "les besoins urgents et vitaux seront pris en charge" par l'hôpital.
Lorsqu'une situation ne prévoit pas une visite aux urgences, il est conseillé de se rapprocher de son médecin traitant. Il est aussi possible de contacter la plateforme téléphonique de SOS Médecins.
La tentation de la médecine libérale
Le manque de personnel s'explique par différents facteurs. Le nombre d'heures effectué et le travail pendant les jours fériés ne tentent plus les jeunes médecins. "C'est un aspect sociologique qu'on retrouve partout. Les nouveaux arrivants aspirent à une vie professionnelle et personnelle plus calme et traditionnelle", indique Mathieu Rocher.
"Beaucoup choisissent finalement de se réorienter dans la médecine libérale. D'autres changent complètement de voie et se retrouvent en gériatrie par exemple", ajoute-t-il. Un constat partagé par Marc Noizet, président du syndicat Samu-urgences de France : "Leurs attentes ont changé. Certains souhaitent avoir une famille et une bonne qualité de vie. Ils ne veulent plus s'acharner au travail".
Le service des urgences reste optimiste pour la suite. "La situation s'améliore. Nous avons fait un énorme travail de recrutement. Néanmoins, il faut que cette régulation ait une vertu pédagogique auprès de nos patients", espère Dominique Sourd.
Il va nous falloir des impulsions fortes de la part de l'ARS
Mathieu Rocher, directeur du Centre hospitalier de Haguenau
Ce manque de personnel pose un autre problème : celui d'ouvrir plus de lits dans divers services. "Le problème survient en aval des urgences. Dans certains services, il y a un manque de personnes formées. Cela nous empêche d'ouvrir de nouveaux lits", explique le directeur de l'hôpital. "Dans tous les cas, il va nous falloir des impulsions fortes de la part de l'ARS, mais c'est en bonne voie".
L'espoir des CPTS
L'afflux des patients aux urgences est en partie causé par le manque de médecins. En effet, il y a parfois plusieurs mois d'attente pour voir un spécialiste. "Le problème est accentué en été à cause de la période de vacances, c'est pour ça que nous mettons en place cette régulation", constate Mathieu Rocher.
La direction de l'hôpital affirme être rassurée par l'installation d'une CPTS (Communauté professionnelle territoriale de santé). "Leurs missions permettront de travailler sur la prise en charge des soins non programmés", explique le directeur. Ce dernier espère un impact positif sur le nombre de patients aux urgences.
La régulation prévue pendant plus d'un mois permettra, selon la direction de l'hôpital, la réorientation de 10 à 15 % des patients venant aux urgences. Cette mesure n'est pour l'instant pas entrée en vigueur dans d'autres hôpitaux alsaciens.