Victor Vogt, maire LR de Gundershoffen dans le Bas-Rhin, affirme que la facture énergétique de la commune passera de 185.000 à 1,4 million d'euros en 2023. Il appelle l'État à mettre en place un bouclier tarifaire pour les villes ne bénéficiant pas du tarif réglementé.
"Il y en a vraiment ras-le-bol...". C'est ainsi que le maire Les Républicains de Gundershoffen, dans le Bas-Rhin, décrit la situation dans laquelle se trouve sa commune face à la flambée des prix de l'énergie. La facture de la Ville va passer de 185.000 à 1,44 million d'euros en 2023. Une situation qui fait craindre à l'élu une "banqueroute".
En faisant les comptes avec son fournisseur d'électricité, Victor Vogt a presque cru à une blague. Le coût de ses dépenses énergétiques va être multiplié par 10. "Je pouvais payer le double de ma facture de 2022, mais là, ce n'est pas possible, je ne vais pas pouvoir payer une telle somme".
Gundershoffen et ses 3700 habitants ne peuvent pas bénéficier des tarifs réglementés sur l'énergie. Cette mesure s'applique seulement aux villages dotés de moins de deux millions d'euros de budget annuel et employant moins de 10 agents. "Nous sommes actuellement à 2,5 millions d'euros de recettes et 2,1 millions d'euros de dépenses de fonctionnement. Nous n'avons donc aucun bouclier tarifaire", déplore-t-il.
L'élu pense déjà à devoir augmenter ses impôts pour essayer de faire face, mais il reste pessimiste au vu de l'envolée spectaculaire des prix de l'électricité. "J'ai déjà fait payer, à mes administrés, une hausse de 7,5% en 2021 et de 3,5% cette année", explique l'élu, "Là si je veux éviter une cessation de paiement, il faudrait que je les augmente de plus de 50%, sauf que cela est juste impossible".
Une aide de l'État indispensable
Ces hausses d'impôts lui avaient permis d'effectuer des travaux sur la voirie, mais aussi d'assurer la rénovation de plusieurs logements. Aujourd'hui, Victor Vogt craint d'être déficitaire et que la chambre régionale des comptes s'occupent, à sa place, du budget de sa commune. "Demain, avec une facture de 1,44 million d'euros, je ne pourrai plus assurer le paiement de mes dépenses obligatoires, comme le salaire de mes fonctionnaires, des services publics ou des factures des écoles", indique-t-il, "Je serai donc pénalement responsable".
Les politiques, au niveau national, pensent que l’inflation reste dans la moyenne européenne et que donc tout va bien
Victor Vogt, maire LR de Gundershoffen
Le maire appelle donc le gouvernement à prendre ses responsabilités et à "aider les communes" avec un tarif réglementé mis en place pour toutes les collectivités. "Les politiques, au niveau national, pensent que l’inflation reste dans la moyenne européenne et que donc tout va bien", s'agace-t-il, "Si l'État ne fait rien, je vais faire banqueroute".
À ce jour, l'État ne prend en charge seulement 50% de la facture d'électricité, seulement lorsque le prix facturé dépasse 325 euros le mégawatt-heure. Une aide qui ne satisfait pas Victor Vogt : "Ce n'est rien comparé à la facture qui m'attend l'an prochain".
Malgré une augmentation nationale de 320 millions d'euros des dotations globales de fonctionnement à destination des collectivités pour 2023, la somme ne permettra pas de faire face à l'inflation selon l'élu. "De 2012 à 2017, la dotation a diminué de 490.000 euros", dénonce-t-il.
Des efforts quotidiens faits par la mairie
Avec une inflation galopante, le maire de Gundershoffen a essayé d'anticiper les hausses des prix de l'énergie en limitant la consommation électrique de sa commune. Depuis deux ans, un lampadaire sur deux est éteint et l'éclairage public est totalement coupé de 23h à 5h afin de faire des économies. "Nous avons commencé aussi à convertir tous nos luminaires au LED, mais cela n'a visiblement pas suffi. Puis si je n'ai plus d'argent l'an prochain, je ne pourrai pas poursuivre la rénovation", déclare-t-il.
Victor Vogt regrette que l'État ne soit pas plus solidaire envers les élus locaux. "Depuis la pandémie de Covid-19, la commune fait des efforts considérables. Nous avons distribué 14.000 masques à nos habitants par exemple", confie-t-il, "On doit assumer le rôle de la sécurité publique et des transports, car rien n'est fait non plus, donc il y en a ras-le-bol !".
Pour tenter de faire bouger les choses, le maire alerte depuis plusieurs semaines des parlementaires de tout bord politique. Il a également appelé plusieurs associations d'élus qui mettent la pression au gouvernement pour que des décisions soient prises avant que des villes entières ne se déclarent en cessation de paiement.