Depuis 2018, le laboratoire de Schweighouse-sur-Moder (Bas-Rhin) propose à ses patients d’être hypnotisés avant une prise de sang. L’objectif est de permettre aux personnes atteintes de phobies d’effectuer des piqûres en toute confiance.
Une peur bleue des piqûres ? Ce laboratoire a trouvé la solution. À Schweighouse-sur-Moder, les patients atteints de bélénopobie ont la possibilité, depuis 2018, d’effectuer leurs prélèvements sanguins sous hypnose. Loin des clichés de l’artiste Messmer, les professionnels de santé plongent les personnes dans un rêve agréable permettant d’évacuer l’angoisse de sentir l’aiguille d’une seringue sous leur peau.
Au sein du laboratoire du groupe Bio 67, c’est Annelise qui a pris les devants. Après avoir exercé en tant que technicienne, elle obtient son diplôme de prélèvement et constate que plusieurs patients ont une phobie des aiguilles. Elle décide de se former à l’hypnose dite "Ericksonienne", une méthode qui place le patient au centre de la thérapie et lui permet d’orienter son attention vers un but spécifique. "Ce n’est pas du spectacle ou de l’hypnose autoritaire comme on la connaît", précise-t-elle.
L’intérêt, selon la professionnelle, est de pouvoir personnaliser l’hypnose. "Chaque patient a son stress et son histoire. Nous essayons de trouver des outils sur lesquels le patient peut s’appuyer pour que le prélèvement ne soit pas un moment mal vécu", indique-t-elle. Pendant ses séances, Annelise plonge les personnes dans un souvenir heureux, un moment de convivialité ou simplement une balade avec leur animal de compagnie. "L’objectif étant que chacun se sente bien pour dédramatiser le moment".
30 minutes pour un prélèvement sous hypnose
Noémie, 22 ans, est une habituée de cette méthode novatrice. Depuis ses 5 ans, elle n’arrivait plus à mettre les pieds dans un laboratoire médical sans avoir d’angoisses. "J’ai eu une prise de sang qui s’est mal passée, la veine n’a pas été trouvée. C’était douloureux et je n’avais pas l’impression d’être comprise par le professionnel en face de moi", déplore-t-elle.
Certes, c’est plus long, mais au moins je n’ai plus d’angoisse la veille et je ne tombe plus dans les pommes
Noémie, atteinte d'une phobie des prises de sang
Elle décide finalement de se tourner vers l’hypnose grâce au laboratoire de Bio 67. La séance, elle, dure environ 30 minutes, soit six fois plus de temps qu’une prise de sang classique. "Certes, c’est plus long, mais au moins, je n’ai plus d’angoisse la veille et je ne tombe plus dans les pommes une fois arrivée dans le laboratoire", explique la patiente.
Pendant son prélèvement avec Annelise, elle choisit la danse, sa passion, comme "point de rêverie". Durant plus de 20 minutes, la laborantine lui propose de fermer les yeux et d’imaginer une danse ensemble. "Je sens évidemment l’aiguille qui entre dans mon bras, mais cela se rapproche d’une sensation de mouche qui se pose", sourit Noémie.
95% de réussite sur une centaine de consultations
Pour Philippe, biologiste médical au laboratoire de Schweighouse-sur-Moder, le but est "d’avoir un accès aux soins pour tout le monde". Après plusieurs années dans le métier, il fait le constat alarmant que plusieurs de ses patients, dont des enfants, n’arrivaient plus à faire de prises de sang. "Annelise s’est donc formée et nous avons eu des résultats plus que satisfaisants avec un taux d’efficacité allant de 90 à 95% sur une centaine de personnes", observe-t-il.
Bio 67 a ainsi décidé de former certains membres du groupe à l’hypnose pour permettre un retour aux soins des personnes phobiques. Pour l’heure, six laboratoires proposent ce service dans le Bas-Rhin.