Au port de plaisance de Saverne, l'eau s'est colorée en vert émeraude depuis le 8 juillet à cause des cyanobactéries, dont certaines sont toxiques pour l'homme et les animaux. Et cette prolifération ne risque pas de s'arrêter si l'on en croit les spécialistes.
"Attention danger" peut-on lire sur des panneaux jaunes installés au port de plaisance de Saverne. Depuis le 8 juillet, le canal de la Marne au Rhin est infecté par la cyanobactérie, rendant les eaux vert émeraude.
"On avait déjà eu un épisode de contamination il y a deux ans, rappelle le capitaine du port Xavier Schramm. On attend encore les analyses pour connaître leur taux de toxicité, mais notre priorité est de sensibiliser les usagers sur les risques que cela peut avoir sur la santé."
Éruptions cutanées, troubles gastriques, malaise... Les conséquences chez les humains sont multiples "et c'est difficile de savoir si c’est à cause de cette bactérie, car cela peut se confondre avec d’autres maladies", explique Sarah Goubet, experte en développement d'outils de détection des cyanobactéries chez WaterShed Monitoring.
Le réchauffement climatique favorise la prolifération
Alors qu'aucun cas de moralité n'a été relevé chez l'humain en France, les animaux domestiques sont les plus touchés. "En se baignant, ils ingèrent de l'eau, sauf que la bactérie attaque le système nerveux et cela peut entraîner leur décès", indique la spécialiste.
Présentes dans l'eau depuis toujours, certaines cyanobactéries ont un risque pour la santé à partir du moment où elles prolifèrent. "L'augmentation de leur quantité provient de trois facteurs : la lumière, la chaleur et la quantité de nutriments actuellement dans les eaux, notamment de phosphore et d'azote", détaille Martin Manigold, chargé de mission environnement Voix Navigables de France.
À cause du changement climatique, les cyanobactéries prolifèrent et produisent ces fameuses neurotoxines dangereuses pour l'homme et les animaux. "C'est un phénomène planétaire et l'Alsace ne fait pas exception. L'alternance de précipitations et de chaleurs plutôt élevées ces derniers mois sont des conditions météorologiques qu’elles adorent", développe Sarah Goubet.
Quand elles apparaissent une fois dans un plan d’eau, on est sûr qu’il y en aura de nouvelles et de plus en plus intenses
Sarah Goubetexperte en développement d'outils de détection des cyanobactéries
Habituellement présentes durant la période estivale, les cyanobactéries semblent arriver de plus en plus tôt dans l'année et de manière plus intense. "C'est un phénomène difficile à anticiper, car elles ont une dynamique spatiotemporelle très variable : elles peuvent apparaître et redisparaître en quelques heures parfois", précise Sarah Goubet.
Une chose est sûre, et c'est ce qui a été prouvé au port de Saverne, "quand elles apparaissent une fois dans un plan d’eau, on est sûr qu’il y en aura de nouvelles et de plus en plus intenses." En attendant, le capitaine du port le rappelle "la baignade est interdite aux humains et aux animaux toute l'année, et pour les activités de pêche, on recommande de ne pas consommer les produits pêchés". Par mesure de précaution, les joutes nautiques qui devaient se tenir dimanche 14 juillet ont été annulées.