Tiques : "on risque de les voir toute l'année", quels sont les dangers et comment s'en protéger

Familières des espaces humides et sombres, les tiques font leur apparition de plus en plus tôt en Alsace à cause du réchauffement climatique. Voici tout ce qu'il faut savoir sur cet acarien possiblement dangereux pour l'homme.

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Jamais l'Alsace n'avait connu un début d'année 2024 aussi doux. Cette tendance révélée par les météorologues inquiète également les médecins. Et pour cause, ces températures anormalement élevées font apparaître les tiques Ixodes (les plus rependues en France) de plus en plus tôt dans l'année.

"Elles hibernent entre novembre et février en général. Mais quand les températures dépassent les 7 degrés, les tiques redeviennent actives", explique Nathalie Boulanger, entomologiste médicale au Centre National de Référence sur la maladie de Lyme à Strasbourg. "On risque de les voir toute l'année maintenant."

L'Eurométropole a récemment vu apparaître ces acariens dans un certain nombre de ses espaces verts. S'il ne faut pas céder à la panique, le risque de piqûre de tique n'est pas à négliger.

Des parasites très proches de la faune sauvage

Avec des moyennes proches des 9 degrés en février, Strasbourg avait connu dès l'hiver une recrudescence de tiques dans ses espaces verts. "On en a collectées dans la forêt de la Robertsau, celle d'Illkirch et même au parc de l’Orangerie cette semaine", raconte Nathalie Boulanger. L'entomologiste travaille avec la Ville et l'ARS Grand Est pour mieux comprendre l'écosystème de ces acariens et faire une meilleure prévention auprès de la population.

Pour vivre, les tiques se fixent sur la faune sauvage, notamment les chevreuils lorsqu'elles atteignent leur taille adulte. "Elles ont besoin de beaucoup de sang à ce moment-là. Elles recherchent donc de gros mammifères comme des renards ou des lièvres." Les zones forestières qui constituent un environnement humide et protégé du soleil, sont également prisées par les tiques. 

Les centres-villes sont techniquement épargnés par ces acariens, bien que le risque zéro n'existe pas. C'est davantage dans les espaces végétalisées avec feuilles mortes, notamment, que les habitants doivent se montrer précautionneux. "Il faut bien penser à rentrer son pantalon dans ses chaussettes et porter des vêtements clairs pour mieux les repérer", conseille la spécialiste. "Dès qu'on rentre dans des espaces verts, il y a un réel risque de piqûre et il faut alors faire un examen corporel minutieux."

"On n'arrivera pas à les éradiquer"

En recrudescence depuis l'après-guerre, les tiques sont porteuses de plusieurs virus et bactéries potentiellement dangereux pour l'homme. La bactérie de la maladie de Lyme est la plus répandue. Elle se transmet par piqûre et provoque une fatigue importante chez l'homme. " Selon les zones, on peut retrouver 20 % des tiques qui sont infectées par cette bactérie", précise Nathalie Boulanger. Pour l'instant, il n'existe aucun vaccin capable de parer les effets de cette maladie. Néanmoins, si elle est diagnostiquée tôt, des traitements par antibiotiques peuvent la faire disparaître. 

Les cas d'encéphalites à tiques font aussi l'objet d'une vigilance accrue de la part des médecins. Ce virus est plus rare en France, mais sa transmission à l'homme est aussi en hausse sur les quinze dernières années (multiplication par quatre sur cette période). Un vaccin existe pour éviter cette maladie, mais est davantage utilisée en Allemagne, où les cas de contamination sont beaucoup plus nombreux.

La vigilance est donc de mise pour les habitants du territoire, d'autant que le nombre de tiques ne diminue pas. "On a un écosystème favorable en Alsace. On n'arrivera pas à les éradiquer", confie Nathalie Boulanger qui souhaite sensibiliser les habitants pour apprendre à vivre avec ces acariens.

Article initialement publié en mars 2024. 

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