Le samedi 24 octobre, une marche intitulée "Ensemble en jupe" part de la place Kléber de Strasbourg (Bas-Rhin), à 15 heures. Pour dénoncer le harcèlement de rue et les agressions sexistes. La veille, des autocollants ont été placardés sur les lieux où ont eu lieu ces actes. Pour ne pas les oublier.
Des autocollants partout... parce que du harcèlement de rue partout. Leur collage a été relayé par l'association Ru'elles, née de Témoignages & soutien violences sexistes de rue, un groupe Facebook qui a su interpeler et faire réagir la mairie. Ces autocollants sont apparus sur le mobilier urbain la veille d'une marche "Ensemble en jupes". Elle a lieu le samedi 24 octobre 2020, place Kléber à Strasbourg (Bas-Rhin), à 15 heures. La maire, Jeanne Barseghian (EELV), devrait y participer en compagnie de Christelle Wieder, son adjointe en charge des droits des femmes.
Tiphany Hue, fondatrice de l'association, déclare être ravie à France 3 Alsace. "C'est pour dire stop. Ces dernières semaines, il y a eu beaucoup de nouveaux témoignages de harcèlements et d'agressions. Donc on veut rappeler que ce n'est jamais à cause de la tenue, et que les femmes ont le droit de s'approprier l'espace public." Qui est le leur au même titre que les hommes.
Cette marche n'est pas organisée directement par l'association, mais par "deux citoyennes pas forcément inscrites dans un mouvement" : Sophie Cambra et Marie Villien. Les hommes y sont autant les bienvenus que les femmes; le port de la jupe est facultatif (même pour les messieurs).
Du virtuel au réel, concrétiser les signalements d'agressions
Les agressions et harcèlements signalés sur le groupe Facebook de Tiphany Hue ont été compilés sur une carte (à voir ci-dessous). Ce qui a donné lieu à un autre projet dont Ru'elles n'est pas directement à l'origine. Apolline Stenger, étudiante en communication à l'Institut supérieur de gestion (ISG), a contacté l'association pour utiliser cette carte. Avec quatre camarades (deux filles et deux garçons), elle a disposé des autocollants sur les lieux pointés par la carte. Par exemple : "Corinne a été insultée de 'sale pute'" place Kléber, ou "Diane a été suivie et harcelée" rue de Rome.Un hashtag (ou mot-dièse), #cetaitla, permet de rendre virale cette démarche (visible dans le tweet ci-dessous). C'est une très bonne initiative, pour Tiphany Hue. "La carte est virtuelle, et les gens ne sont pas forcément au courant. Les autocollants permettent de rappeler que ça a eu lieu." De quoi pousser d'autres femmes à témoigner, même s'il est "triste" de devoir afficher cette réalité sur le mobilier urbain.
Ces derniers mois, l'association n'a guère chômé. "Nous avons eu nos premiers ateliers de prise de parole, un stage de self-défense..." Un atelier de thérapie par l'art devait aussi avoir lieu, mais la crise du coronavirus (Covid-19) est passée par là. "La municipalité est toujours ouverte, et soutient ce qu'on fait. Ça va dans le bon sens, la parole s'est vraiment libérée."
⚠️STOP AU HARCÈLEMENT DE RUE⚠️
— trinity (@apoasis) October 23, 2020
3h de vélo dans tout Strasbourg et 124 stickers collés en soutien à toutes les victimes d’agression dans nos rues.
Résultat d’un projet par le groupe d’étudiants Zenaa.
On espère faire du bruit pour la cause. #cetaitla pic.twitter.com/FVyoysIkST
Cette libération de la parole fait que de nombreux appels à témoins ont été diffusés par Ru'elles. "Il y avait un photographe à Homme de fer qui faisait des attouchements. Notre appel à témoins fait qu'il va être jugé en novembre. Les réseaux sociaux apportent beaucoup de négatif... et de positif." Ils permettent en effet de voir tous ces efforts concrétisés. Et de voir la justice être (enfin) rendue.