Disparition de Lina : six mois après, le coup de gueule de sa maman, "il faut arrêter de dire n'importe quoi"

Six mois après la disparition de sa fille Lina, 15 ans, le 23 septembre 2023, à Plaine (Bas-Rhin), Fanny Groll et son avocat ont pris la parole pour dénoncer avec force les fausses informations qui polluent l'enquête. Ils déplorent également n'avoir toujours pas accès au dossier d'instruction.

Si la maman de Lina, disparue le 23 septembre 2023 alors qu'elle rejoignait à pied la gare de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin) depuis son domicile, a tenu à organiser une conférence de presse six mois plus tard, ce 22 mars 2024, c'est pour évoquer l'association Les bonnes étoiles de Lina, qu'elle a créée fin janvier, et annoncer le concert de solidarité qui sera organisé le 20 avril en soutien à la jeune fille.

Mais Fanny Groll, accompagnée de son avocat, Matthieu Airoldi, démarre sa prise de parole par un coup de gueule. En cause, le véritable "cyberharcèlement" qui entoure, et pollue, l'enquête selon elle. "Faites attention à ce que vous dites, parce que cela a des conséquences sur Lina, et sur l'enquête !", martèle la mère de famille. Pointés du doigt, les réseaux sociaux et certains médias qui font "circuler des fausses informations et font perdre du temps aux enquêteurs. Des gens qui ne savent pas, qui ne connaissent rien, se permettent de dire n'importe quoi".

Le dernier exemple cité concerne justement le concert qui sera donné le 20 avril dans la salle des fêtes de Plaine. Un colonel de gendarmerie à la retraite, interrogé comme "expert" par la Dépêche du midi, a affirmé que l'événement serait utilisé par les gendarmes, dans le cadre de l'enquête, "pour observer, relever des comportements suspects, des plaques d'immatriculations."

L'article a depuis été retiré, des excuses de la rédaction en chef avancées, mais Fanny Groll a tenu à cette mise au point. "Non, ce concert n'est pas un coup monté par les gendarmes, affirme-t-elle avec colère. C'est un moment de solidarité, de bienveillance, pour parler de Lina. C'est une volonté de faire quelque chose de bien, une pause dans l'enquête justement. J'en ai informé la gendarmerie et c'est tout. Il faut arrêter de dire n'importe quoi !

Je suis là aujourd’hui pour aider l’enquête, qu’ils puissent travailler sereinement, sans toutes ces informations qui sortent, qui sont fausses, qui leur font perdre du temps."

Toujours pas d'accès au dossier d'instruction

Choquée par tous ces commentaires autour de l'enquête, la maman de Lina, par la voix de son avocat, a également partagé "son impatience, qui devient à la limite du supportable pour cette maman, alors que nous n'avons toujours pas accès au dossier d'instruction. C'est notre droit en tant que partie civile, mais la réponse qui nous est faite, c'est que le travail mené est tellement énorme qu'il y a un manque de temps pour faire avancer la procédure. Au niveau de la procédure pure, le dossier est vide. Les éléments ne passent pas, formellement, de la section de recherche au cabinet du juge d'instruction.

Nous respectons totalement le travail des enquêteurs et des deux juges d'instruction, mais nous ne pouvons plus entendre qu'il n'y a pas de temps pour tenir Mme Groll informée

Me Matthieu Airoldi, avocat de la maman de Lina

Nous ne sommes pas là pour dire que rien n'est fait, nous remercions au contraire les enquêteurs pour leur travail. Nous savons qu'il faut protéger la sérénité de l'enquête.

Mais elle a mille questions qui tournent en boucle dans sa tête. C'est l'affaire de sa vie, de sa fille, et nous aimerions au moins savoir quelles pistes sont fermées, quelles informations, alibis, ont pu être vérifiés et donc écartés."

Six mois après, l'espoir demeure

Si Fanny Groll confie être "certains jours au trente-sixième dessous ", elle se veut toujours combative. "Je me bats et je garde espoir. Je ne lâcherai rien jusqu'à ce qu'elle soit là."

Je suis sûre qu'il y a encore des gens qui ont des choses à dire, même six mois après. Il est toujours temps de dire, de se rendre à la gendarmerie pour témoigner

Fanny Groll, maman de Lina

Si je prends la parole, c'est parce qu'à chaque fois, j'espère que quelqu'un aura une prise de conscience, osera parler, ou simplement se souviendra de quelque chose, un détail qui revient... J'encourage les gens qui ont des choses à dire, le moindre indice est bon à prendre. Il n'est jamais trop tard pour bien faire."

Un troisième juge d'instruction nommé dans l'affaire du viol

Également interrogé sur la plainte pour viol déposée en 2022, puis classée sans suite par le parquet de Saverne, l'avocat de Fanny Groll a précisé qu'une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Strasbourg, et un juge d'instruction spécialement nommé pour mener cette enquête, distincte de l'enquête pour la disparition de la jeune fille.

Pour rappel, Lina et sa maman avaient porté plainte en 2022 pour un viol que l'adolescente aurait subi de la part de deux individus de 19 et 20 ans, alors qu'elle-même n'avait pas encore 14 ans. "Mme Groll a déjà été entendue par ce nouveau juge", s'est félicité Me Airoldi.

Un concert pour Lina le 20 avril à Plaine

Pour conclure la conférence de presse, qui a duré 45 minutes, la mère de famille et son avocat ont donc donné rendez-vous à tous les soutiens de l'adolescente le 20 avril à la salle des fêtes de Plaine, pour participer au concert donné par le groupe de musique Why not. Les fonds seront entièrement reversés à l'association Les bonnes étoiles de Lina.

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