Après deux jours d'audience, la cour d'assises du Bas-Rhin a rendu son verdict dans l'affaire du féminicide d'une mère de famille en 2020. L'ex-compagnon accusé du meurtre a été condamné ce mercredi 22 mai à 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté.
Au terme de deux jours de débat, la cour d'assises du Bas-Rhin à Strasbourg a condamné Savas O. à la peine maximale : trente ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté de 20 ans. Un verdict conforme aux réquisitions.
L'homme de 45 ans était jugé pour le meurtre de son ex-compagne, Yasemin C., commis la veille de Noël en 2020. Étranglé devant leurs quatre enfants âgés de 2 à 7 ans, le corps de la jeune femme de 25 ans a ensuite été enterré dans la forêt de Vendenhiem et n'a été découvert que huit jours plus tard.
Dans ses réquisitions, l'avocat général a décrit la longue agonie de la victime due à la strangulation et le comportement de l'accusé, sourd aux supplications de ses enfants témoins de la scène et auxquels il a imposé le silence après le décès de la mère : "Où est l'humanité ?".
La jeune femme avait décidé de le quitter
À la barre, l'expert psychiatrique a détaillé un accusé "antisocial, qui n'était pas fou." L'altération du discernement au moment des faits n'a pas été retenue contre lui. L'avocat général a décrit "un homme violent" dont le casier fait état de onze condamnations pour trafic de stupéfiants.
L'avocate de l'accusé, Me Caroline Bolla, avance d'autres circonstances qui pourraient expliquer le drame : "Ils ont eu quatre enfants en six ans, il y a eu un vrai amour entre eux, mais la situation s'est dégradée, avec de nombreuses disputes et un manque d'argent." L'homme "serait passé à l'acte après des aveux de tromperie au début de leur relation et parce qu'il n'aurait plus de droits sur les enfants car elle le quittait."
Un rappel à la loi deux mois avant les faits
"Cette mort aurait pu être évitée si la victime avait été écoutée et prise en compte par la justice", a de son côté déclaré l'avocat de la mère de la victime, Me Arras. En effet, la jeune mère de famille avait déposé quatre plaintes (dont certaines ont été retirées) et treize mains courantes. Un seul rappel à loi à l'encontre de Savas O. avait été prononcé, deux mois avant les faits.
Lors de sa dernière prise de parole, Savas O. a reconnu qu'il était "le seul responsable. Ce qui s'est passé ne devrait jamais arriver, c'est un geste irréparable, impardonnable." Mais au moment de l'annonce de la peine, l'accusé a lancé une dernière provocation à la famille : "Vous l'avez voulue mais ça ne la fera pas revenir, vous êtes contents ?"
"La satisfaction d'une justice rendue", c'est en effet ce qu'a déclaré l'avocat de la famille de la victime. La question reste entière sur un possible recours en appel de l'accusé.