Jean-Louis a hérité d'un champ en 1992. Il a décidé de le transformer en arboretum. En 2021, il prend sa retraite et se retire dans sa petite maison dans la forêt. Voici au moins trois bonnes raisons de voir "L'Arche" lundi 8 novembre à 23h05 sur France 3 Grand Est.
Perdue au cœur d'une forêt, implantée au milieu des champs, l'arche de Jean-Louis Amann se pose en repère. Cet arboretum, qu'il a planté de ses mains depuis 30 ans, se voit de loin et favorise la biodiversité dans une marée de monoculture. Voici trois bonnes raisons de voir "L'Arche", un documentaire de Benoît Finck, lundi 8 novembre à 23h05 sur France 3 Grand Est.
1. Parce qu'on aime les belles histoires
Celle de Jean-Louis est un modèle du genre, presque un conte philosophique qui pourrait débuter ainsi : il était une fois un homme, qui envers et contre l'esprit capitaliste, décide de replanter une forêt au cœur d'une étendue de champs cultivés. "À contresens de l'histoire" dit-il. Ce n'est pas la tendance de l'époque et autour de lui, les paysans le regardent un peu en coin, comme un doux rêveur, voire comme un empêcheur de tourner en rond. Lui n'en n'a cure, et continue à planter et planter, année après année. Oh ! Ce ne sont pas des arbres remarquables qu'il plante sur sa parcelle, mais ceux qu'on abandonne sur un bout de trottoir après les festivités de fin d'année, ou ceux qui végètent sur des friches en attendant d'être arrachés par les constructeurs. Et si ces arbres ne sont pas les plus beaux ou les plus recherches, ils procurent un sens à Jean-Louis : "Ça me donne une joie profonde d'être dans cette interaction permanente, de les voir grandir et les suivre."
Jean-Louis est sauveteur végétal, créateur de biodiversité, trente ans avant tout le monde. Il veut faire de son petit terrain reçu en héritage une "arche de la biodiversité qui navigue dans un océan de monoculture".
2. Parce que cette histoire ne fait que commencer
Vous connaissez la formule -plutôt controversée- "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" ? Le conte de Jean-Louis, sauveteur végétal, pourrait se terminer par celle-ci : "Il prit sa retraite et partagea son arche avec le plus grand nombre." Car il n'a pas planté sa forêt pour lui tout seul. Il compte bien amener un maximum de gens et d'enfants à partager son petit coin de paradis forestier. C'est son credo : "Ce qui n'est pas partagé est perdu." Parce qu'en plus d'avoir pris le parti du végétal, donc celui de l'animal, il choisit aussi celui de l'humain.
Comme une évidence, celle que l'un ne va pas sans les autres. Alors il partage ses arbustes et ses arbres avec les oiseaux, les insectes, les petits mammifères; il fournit un refuge au gibier. Et il accueille les amis pour un pique-nique ou reçoit des enfants des classes alentour pour une sortie découverte. Une affaire de transmission, qu'il va poursuivre dans ce petit bois durant le temps de sa retraite. Il espère qu'à l'avenir tous ces enfants vont devenir, comme lui, des "planteurs d'arbres". Il a conscience d'être une peu un aventurier sylvestre, un précurseur qui doit faire des petites, beaucoup de petits.
3. Parce que cette histoire nous montre le champ des possibles
Possible de faire plus avec moins. Possible de partager sans fortune. Possible de vivre de peu, au plus proche de la nature. Car Jean-Louis, non content d'avoir recréé une petite forêt, s'est construit sa cabane au milieu de son domaine. Sa petite maison dans la forêt.
Il y a tout construit de ses mains, a prévu les bacs de récupération d'eau, les panneaux solaires qui lui fourniront chaleur et lumière et le stock de bougies en cas de pépin. Il compte y vivre ses années de retraite, forçant l'admiration de la jeunesse adepte de la décroissance, et probablement les ricanements des tenants du productivisme. Lui qui avait choisi comme métier, la promotion du compostage des déchets pour en réduire l'impact écologique. Doux rêveur ou précurseur, Jean-Louis ne laisse personne indifférent.