Poubelles enterrées, formation des acteurs sur le terrain, Strasbourg veut en finir avec la prolifération de rats et de punaises de lit. Lors d'une conférence de presse le 29 avril, la mairie a présenté les premières pistes de sa lutte contre les nuisibles.
Ils sont le long des quais, dans les poubelles des immeubles ou dans les égouts. A Strasbourg, les rats prolifèrent. Même chose pour les punaises de lit, cachées dans les matelas ou les anciens meubles. La municipalité a décidé de s'attaquer à ces animaux liminaires, considérés comme nuisibles. Le 29 avril, lors d’une conférence de presse préalable au conseil municipal, la mairie (EELV) a dévoilé les conclusions de sa mission d’information et d’évaluation (MIE) menée d’octobre 2020 à mars 2021.
Une trentaine d’acteurs, des associations d’habitants, des bailleurs sociaux et des professionnels du secteur ont été entendus et ont pu proposer des solutions. Certains élus se sont rendus sur place, dans les quartiers de l’Elsau et de Cronenbourg, pour faire un état des lieux.
Pour lutter contre la prolifération des rongeurs et l'infestation des punaises de lit, voici les actions qui seront menées.
Pour les rats :
- Unifier les travaux entre la municipalité et les bailleurs
Strasbourg opte pour une formation des équipes de bailleurs. L'objectif est qu'elles fournissent un diagnostic global des situations et qu'elles travaillent en cohésion avec la municipalité. "Il faut un traitement commun des espaces, associer durablement les habitants en allant plus loin qu’une distribution de flyers", a déclaré Benjamin Soulet, adjoint en charge de l’équité territoriale et de la politique de la ville
- Intégrer la lutte contre les rongeurs dans la conception des aménagements publics.
Par exemple en mettant en place des conteneurs enterrés et en améliorant la gestion des encombrants (notamment devant les immeubles). Ce type de poubelles a déjà été mis en place dans les quartiers du Neuhof et de Hautepierre.
- Multiplier les diagnostics
La ville veut s'appuyer sur des contrôles préventifs en zones vulnérables et mener un suivi des zones d’infestation.
Pour les punaises :
- Désigner des ambassadeurs "punaises de lit"
Dans les quartiers, ces ambassadeurs auront le rôle de sensibiliser le public. Des personnes seront également recrutées pour "accompagner les ménages dans la mise en oeuvre des mesures de lutte."
- Avoir une meilleure prise en charge des infestations.
Strasbourg veut améliorer la commande publique des gestionnaires en mutualisant le matériel par exemple ou en encourageant les diagnostics.
Un observatoire doit être créé pour suivre l'évolution de toutes ces actions. Le rapport comprenant les conclusions de la mission d'information sera rendu public le 3 mai après le conseil municipal.
"On sent l'urine de rat quand il pleut"
Depuis sept ans, l'association des locataires indépendants de Strasbourg (Alis-Unli) interpelle les pouvoirs publics sur la prolifération des rats dans les quartiers. Selon Hmida Boutghata, son responsable sectoriel, toutes ces actions ne peuvent pas fonctionner tant qu'il n'y a pas de moyens humains. Lors de l'état des lieux, il a notamment proposé à la mairie la réintroduction des gardiens et employés d'immeubles. "Les poubelles enterrées pourraient être une solution mais il faut que ce soit accompagné de moyens humains. Il faut aller voir dans les quartiers où il y en a déjà. Parfois, c'est pire que les anciennes poubelles, ça devient des déchetteries à ciel ouvert."
Selon Hmida Boutghata, il faut aller plus loin que l'aménagement car il y a urgence, c'est une question de santé publique. Sur la page Facebook de l'association, les photos et vidéos de poubelles qui débordent ne manquent pas, comme sur le post ci-dessous :
Parmi les autres propositions d'Alis-Unli, la mise en place de caméras et la création d'une brigade propreté le week-end. "On parle aussi de dignité humaine, vous imaginez, on sent l'urine de rat quand il pleut. On ne jette pas la pierre sur la nouvelle municipalité mais si les rats continuent à se promener avec nos enfants on mettra en œuvre toutes les actions nécessaires", explique Hmida Boutghata, qui n'exclut pas de saisir les tribunaux si la situtation ne change pas.