Nos animaux de compagnie et les animaux en captivité ne sont plus considérés comme des choses seulement depuis 2015. Le Code civil les reconnaît désormais comme des êtres vivants et leur donne un cadre juridique de protection. Il reste cependant beaucoup à faire pour lutter contre la maltraitance animale. C'est l'un des trois reportages d'Enquêtes de région "Plumes et poils".
C'est un des défis qui doit encore être relevé par nos sociétés. Bien que le Code civil ait reconnu le statut d'être vivant aux animaux domestiques et autres animaux en captivité en 2015, les idées reçues sur une "hiérarchie" des espèces animales restent tenaces. Poules, cochons, couvées, destinés à notre consommation, connaissent encore des conditions de vie et d'abattage indignes. Tandis que les associations de protection des animaux continuent de recueillir nombre de chiens, de chats et chevaux maltraités par leurs propriétaires humains. La lutte contre la maltraitance animale a encore de beaux jours devant elle.
Voici trois raisons de voir notre nouveau numéro d'Enquêtes de Région intitulé "plumes et poils" ci-dessus dans l'article. Trois reportages au menu de ce magazine : le marché des animaux de compagnie, la médiation animale et les associations qui luttent contre la maltraitance animale. Gros plan sur ce dernier thème.
1. Parce qu'il faut savoir les choses si on veut les changer
C'est la méthode qu'a choisie l'association L214 qui lutte becs et ongles contre la maltraitance animale. Montrer les images qui dérangent et les montrer surtout quand elles sont immontrables. La méthode a fait ses preuves. Dernière vidéo insoutenable en date : des pintades reproductrices. Mais avant cela, il y a eu la dénonciation du gavage de canes dans le Lot, des images des conditions d'abattage dans divers abattoirs du pays. Sans oublier des conditions abominables de vie dans divers élevages de poules, de cochons, de lapins ou de chèvres, la liste n'est pas exhaustive.
Un des objectifs de l'association est de faire savoir. Susciter la colère, le dégoût, l'émotion. Et petit à petit amener les gens à se poser la question du recours à la viande dans leur alimentation. Kevin Witz, militant L214 à Strasbourg (Bas-Rhin) l'exprime ainsi : "Il faut vraiment que la plupart des gens soient au courant de ça. C'est ce qui fait changer les habitudes". L'antenne locale L214 de Strasbourg organise ainsi des dégustations de produits véganes dans la rue. Les bénévoles interpellent les passants et les incitent à consommer autrement, cherchent à les convaincre de manger moins de viande et ainsi de participer à élever moins de bêtes, et dans des élevages de taille raisonnable. Gauthier Barthe, autre militant de l'association, résume son engagement ainsi : "quel animal a une voix pour défendre sa cause ? Aucun. Il faut bien que quelqu'un le fasse". Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas.
2. Parce que la France possède le triste record d'abandon des animaux
Le thème revient chaque année en période estivale. Les Français abandonnent leurs animaux toute l'année, mais surtout à l'approche des vacances. L'animal, comme un doudou, rassure pendant l'hiver et devient encombrant au moment de faire ses valises. Les chiffres sont consternants : environ 60.000 animaux sont abandonnés chaque été et leur nombre ne cesse d'évoluer. Sur une année entière, ce sont près de 100.000 animaux abandonnés. Lors de l'été 2023, la SPA à elle seule fait état de 16.498 animaux abandonnés entre le 1ᵉʳ mai et le 31 août pour un total d'approximativement 40.000 sur une année.
Le Code pénal considère l’abandon sur la voie publique ou dans la nature comme un acte de cruauté, de même que la maltraitance animale. Par maltraitance, on qualifie les actes de tortures, mais aussi les actes de négligence par manque de soins. C'est l'exemple choisi dans le reportage : un vieux monsieur ne sait pas gérer son jeune chien, il ne le sort pas pour ses besoins et le chiot berger blanc laisse des excréments partout dans l'appartement. La SPA de Mulhouse (Haut-Rhin), qui a été prévenue par des voisins, vient constater les faits et tente de convaincre le maître de leur confier son animal pour lui donner les soins nécessaires. Le propriétaire du chien ne semble pas comprendre que sa négligence est synonyme de maltraitance, il minimise le problème : "le souci, c'est qu'il est malade (…) je ne le sors pas parce qu'il n'a pas tous ses vaccins". La prise de conscience n'est pas toujours au rendez-vous.
3. Parce que les initiatives fleurissent
Le rôle des associations dans le changement des mentalités est crucial. La SPA, la Fondation Bardot, L214, la Fondation 30 millions d'amis sont les plus connues et les mieux réparties sur le territoire. Cependant, des plus petites structures ou des initiatives de particuliers participent aussi au sauvetage et à la protection des petites bêtes à plumes et à poils.
Ainsi, à Horbourg Wihr (Haut-Rhin), André et Françoise Grünenwald tiennent la bien nommée Ferme du bois fleuri. Ce couple de retraités a choisi d'y recueillir des animaux maltraités ou jugés trop vieux par leurs propriétaires. Ils leur font vivre avec eux une retraite paisible. Leur pécule passe dans les soins et l'entretien de leurs bêtes. "Quand le vétérinaire vient, j'en ai dans les 1.800 euros" explique André, "c'est notre paradis ; certains se paient de belles voitures, nous, on s'est offert cette ferme pour y mettre nos animaux et ceux qu'on a sauvés". L'Arche de Noé a fait des émules.
Basé sur le reportage de Stéphane Gaudry et Bernard Stemmer