"Nous ne sommes pas des Gilets jaunes, nous portons des gilets jaunes, mais nous sommes des citoyens"

Témoignage d'un manifestant, désigné comme un des porte-paroles des Gilets jaunes de Strasbourg. Il a fait partie d'une délégation venue manifester ce samedi devant le siège de France 3 Alsace. Il explique ce qu'il reproche aux médias et réagit au discours du président Macron. 

 

Dans son discours de ce mardi matin, Emmanuel Macron souhaite «un débat national avec les représentants des gilets jaunes dans les trois mois». Un porte-parole des gilets jaunes de Strasbourg témoigne sur son engagement et réagit aux propos du président. Nous l'avons rencontré samedi lors d'un rassemblement de gilets jaunes devant France 3 Alsace.

Il souhaite rester anonyme, notamment parce qu'il craint des représailles. Il affirme que certains de ses compagnons de lutte ont été suivis jusque chez eux par la police. Informations que nous n'avons pas pu vérifier. "D'autres ont reçu des menaces directement de policiers venus sonner chez eux sans motif autre que "vous êtes un gilet jaune, attention". Je préfère être sûr qu'il ne m'arrivera rien. J'ai une famille", nous explique cet homme, chômeur depuis deux mois.
 

Votre réaction au discours d'Emmanuel Macron?

"Dans trois mois ? [le président prévoit un débat national dans les trois mois, ndlr] Il ne sera plus là. Du moins on l’espère. Personnellement je souhaite sa démission et vous l’avez entendu, à chaque manifestation "Macron, démission!" est le mot d’ordre. Lui, c’est  le président des riches. Ça ne nous intéresse pas. Nous ne voulons plus de cette politique, ni de ce système où quelques personnes décident pour toute la population. Nous voulons une sixième république avec une démocratie participative."


Des porte-paroles ont été désignés au niveau national. Les connaissez-vous?

"Nous ne connaissons pas ces porte-paroles. Mais nous sommes plutôt contents. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais on ne nous a pas demandé notre avis. Or, nous voulons décider ensemble. Pour beaucoup d'entre nous, nous ne voulons pas jouer le jeu de l'Etat à nommer des porte-paroles, c'est en faisant ce genre de chose que l'Etat tente de nous diviser."


Connaissez-vous leurs revendications? 

"Les principales revendications sont les mêmes pour tous. Le problème essentiel vient des taxes, même si elles sont arrivées bien avant Macron. Et les salaires. Moi je gagnais le smic, je sais ce que signifie manger des pâtes. Là-haut, il faut qu’ils arrêtent de dire qu’avec 5.300 euros, ils mangent des pâtes."


Pour quelle raison êtes-vous venus devant le siège de France 3 Alsace?

"Nous étions une petite centaine, de tous les milieux sociaux: chefs d’entreprises, banquière, chômeur, commercial, plombier etc. Si nous sommes venons devant France 3, c’est parce que c’est le média local le plus proche. Vous êtes le seul média à être accessible à notre niveau."
 

Qu’attendez-vous des médias?

"Ce que nous demandons aux médias, c’est d’être impartiaux. De ne pas nous décrédibiliser, ne pas dire que nous sommes violents, parce que c’est faux. Nous sommes pacifiques, sans parti politique. Nous ne voulons plus de parti politique. Nous demandons aux médias de faire de l’info sans chercher à modeler et gérer l’opinion publique, ce qui a été le cas dans certains articles affirmant que le mouvement a été initié par Debout la France et le Rassemblement national. Notre mouvement est un mouvement apolitique. Encore une fois, je précise que je ne vous mets pas en cause personnellement, ni même France 3 directement."

"Il faudrait d’ailleurs arrêter de nous appeler "les Gilets jaunes". Nous ne sommes pas "des Gilets jaunes". Nous portons des gilets jaunes, mais nous sommes des citoyens. Nous nommer "les Gilets jaunes" fait groupuscule et ça n’est pas ce que nous sommes. Nous sommes des citoyens, pas plus concernés que le reste des citoyens. Tous les ménages sont concernés, mais simplement nous sommes plus investis parce qu'on n’avons pas encore baissé les bras. Je terminerai pas vous dire que pour la plupart d'entre nous, nous avons mis nos vies en stand by pour se battre pour la cause. Certains, et c'est mon cas, n'ont pas passé plus de 3 heures dans la semaine avec leur famille."
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