Polémique après la publicité du Crous de Strasbourg pour des logements pendant le marché de Noël

Dans une publication sur le réseau social X (ex-Twitter) ce 6 novembre au matin, retirée depuis, le Crous de Strasbourg a proposé des appartements à 33 euros la nuit pour le marché de Noël. "Une claque" pour les étudiants alors que les logements manquent depuis le début de l'année.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une publication très vite retirée face à une vague de critiques. Le Crous de Strasbourg a fait machine arrière lundi 6 novembre après son post sur le réseau social X (ex-Twitter) où il invitait à "venir découvrir le célèbre marché de Noël de la ville à partir de 33 euros la nuit dans l'une de (ses) résidences". 

À peine quelques heures après la publication, le syndicat AES (Alternative étudiante Strasbourg) évoquait une "honte" et reprochait au Crous de mettre ses logements "à disposition des touristes" pour le Marché de Noël. "Symboliquement c'est d'une grande violence pour tous les étudiants qui se sont retrouvés à la rue en début d'année par manque de logements Crous, déplore Rayyan Slimani, porte-parole d'AES. Même le style de la publication, on avait l'impression que c'était une agence de voyage".

La première phrase de la publication du Crous était : "Un week-end à Strasbourg, ça vous dit ?" agrémenté d'une émoticône avec des étoiles à la place des yeux. Un "crachat au visage" des étudiants, selon Quentin, membre du syndicat Solidaires : "On a l'impression qu'on se fout de nous". 

Face à la polémique, le Crous a publié un communiqué de presse dans l'après-midi pour expliquer qu'il s'agissait d'une "campagne de promotion des courts séjours autour du thème "Strasbourg Capitale de Noël" visant à faire connaître aux étudiants la possibilité de se loger en court séjour à prix attractifs pour du loisir". 

Environ 3% du parc du Crous de Strasbourg est ainsi dédié aux courts séjours, dont notamment la résidence "Les Alternants" située à Illkirch construite en 2015 "spécialement pour ce type de demande". L'établissement public précise d'ailleurs que "la demande de court séjour à Strasbourg n'a cessé d'augmenter depuis 2015". 

Des logements "pour les étudiants alternants" selon le Crous

Contacté, le Crous Strasbourg explique que la publication a été retirée "au vu des commentaires négatifs observés sur les réseaux sociaux". "Il y a eu une mauvaise interprétation de la publication car elle était destinée aux étudiants. Nous n'avons pas mentionné les étudiants car c'est un compte que nous utilisons exclusivement pour nous adresser à eux."

Sur une brochure du Crous disponible en ligne, on peut pourtant lire que les locations de  courte durée sont accessibles non seulement pour les étudiants, mais aussi pour le personnel du Crous, le personnel de l'enseignement supérieur ou encore aux collectivités locales. "On ne comprend pas pourquoi d'un côté on nous dit qu'il n'y a plus rien, et de l'autre on voit qu'on propose des logements à d'autres publics, estime Rayyan Slimani, de l'AES. C'est sûr qu'à 33 euros la nuit, c'est plus rentable que de loger des étudiants précaires !

La responsable de la communication du Crous nous précise que "95%" des logements de court séjour sont "loués par des étudiants". "Encore une fois, cette publication était destinée aux étudiants. Les alternants sont aussi des étudiants et ils peuvent être des touristes aussi d'ailleurs." Interrogé sur les critères exigés pour louer ces logements de court séjour, le Crous confie qu'il leur est seulement demandé un certificat de scolarité. 

Un contexte de pénurie de logements étudiants

Cette polémique intervient alors que les associations étudiantes locales alertent régulièrement depuis septembre  sur la situation critique de certains étudiants sans-abri, et que le coût de la rentrée universitaire 2023-2024 à Strasbourg a augmenté de 3,7%. C'est ainsi le principe même des chambres réservées à la location courte durée, à des prix plus élevés que pour les chambres louables sur une année, qui est remis en cause. "La photo qu'on voit sur la publication, c'est Gallia, la résidence la plus recherchée avec les meilleures chambres. Pourquoi proposer ces chambres au marché de Noël à un prix élevé alors que la plupart des étudiants précaires sont logés à la résidence de la Robertsau, qui est vétuste et bien moins confortable ?"

Selon la responsable communication du Crous, il s'agit là encore d'une incompréhension. "Les logements proposés en courte durée pendant les vacances sont souvent déjà occupés le reste de l'année. Et on adapte en fonction du taux de réservation : quand il y a moins de demande pour les logements en court séjour, on les libère."

Selon le Crous, il y a environ 4 900 logements universitaires à Strasbourg, pour environ 80 000 étudiants, dont 22 000 boursiers. "On se situe vers les 7 ou 8%, alors que l'objectif national est d'arriver aux 10% de logements universitaires proposés par rapport au nombre d'étudiants total d'une ville. Il nous reste encore du travail", nous expliquait Sophie Roussel, directrice générale du Crous de Strasbourg, en septembre dernier. Deux nouveaux sites ouvriront en 2027 et en 2030 pour environ 600 logements supplémentaires. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité