Annoncée il y a un an, l'interdiction d'accès aux berges du Parlement européen de Strasbourg pendant les sessions plénières a bien été mise en application, pour des raisons de sécurité. Les travaux ont démarré ce mardi et devraient s'achever dans une semaine, provoquant l'incrédulité des riverains.
C'est un portail électrique coulissant flambant neuf, qui ne manquera pas de faire grincer des dents. Après plusieurs mois de tergiversations, ponctués par des manifestations de riverains et d'associations locales, le projet de fermeture des berges du Parlement européen de Strasbourg, sur le quai du Bassin de l'Ill, a bien été mis en oeuvre.
Les travaux ont débuté ce mardi et les deux installations, installées de part et d'autre de cette allée de 300 mètres, seront "opérationnelles d'ici une semaine", aux dires d'un des ouvriers chargés du chantier. Pour les riverains et les associations locales, aux premiers rangs desquelles l'ADIR (Association de Défense des Intérêts de la Robertsau), c'est un coup dur. La lutte dure depuis un an et le combat a été perdu.
"C'était bien pratique"
Pourtant, il ne faut pas longtemps pour se rendre compte de la popularité de ce chemin. En quelques minutes seulement, plus d'une vingtaine de personnes empruntent devant nous ce sentier de villégiature tranquille, qui serpente au bord de l'Ill et des cygnes, le long du Parlement et du Conseil de l'Europe. Un endroit de passage privilégié pour de nombreux piétons ou cyclistes.Simone, une habitante du quartier, a découvert à son grand désarroi le portail coulissant ce mardi: "Cela évitait de devoir emprunter l'allée de la Robertsau, où la circulation est souvent dense. C'était bien pratique." Idem pour cette employée d'Arte: "Je passe là tous les jours. C'est bizarre que ce soit fermé. C'est un endroit public, qui met en jeu de l'argent public"
Le blog de la Robertsau, tenu par Emmanuel Jacob, citoyen impliqué dans la vie du quartier, dénonce le "prétexte de la sécurité", invoqué par le Parlement de Strasbourg, "un tsunami qui emporte tout et fait faire n'importe quoi". Car au-delà de la question pratique, c'est sur le plan symbolique que la fermeture des berges est "désespérante", selon lui.
"L'Europe donne le bâton pour se faire battre"
"Je suis un europhile convaincu, commence Emmanuel Jacob, mais l'Europe donne vraiment le bâton pour se faire battre. Les mouvements populistes s'organisent partout et on leur donne à manger avec ce genre d'actions."merci @ASanderMEP @nicolas_matt n’avoir surtout pas réagit pour empêcher que l’Europe s’enferme sur elle-même ! #tristejour #europe @N_Guillerme ils sont où les élus ? #strasbourg #robertsau pic.twitter.com/Vt3XIjtPSb
— Blog de la Robertsau (@BlogRobertsau) 2 octobre 2018
L'homme fustige l'Europe des barricades. "A Bruxelles, il s'est passé la même chose. Maintenant, on met des barbelés autour du Parlement. C'est une triste journée. Je n'ai pas de mots", ajoute-t-il, atterré. Parmi les divers élus impliqués de près ou de loin dans le dossier, seule la voix de Karima Delli, députée européenne écologiste s'est jointe à celles des manifestations. "C'est la seule à avoir été mobilisée avec nous." A noter que les berges devraient rester accessibles en dehors des sessions plénières, qui ont lieu une fois par mois pendant quatre jours à Strasbourg.