Siège du Parlement européen : Strasbourg veut reprendre la main

Les députés européens ne reviendront pas siéger à Strasbourg en octobre. Cela fait six mois qu'ils désertent la capitale alsacienne, au profit de Bruxelles. C'est dans ce contexte que les défenseurs de Strasbourg se réunissent, ce 5 octobre, rassemblés au sein d'une structure baptisée l'Agora.

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Dans la bataille du siège qui l'oppose à Bruxelles, Strasbourg doit "avoir une stratégie offensive et positive", dit la nouvelle maire de la Ville, Jeanne Barseghian. Premier acte : rassembler les troupes. La task force créée il y a sept ans par Catherine Trautmann autour des élus et représentants d'institutions pro-Strasbourg, mais aussi la société civile, autrement dit les associations qui défendent Strasbourg et qui se sont constituées en réseau (le réseau COEURS : Comité pour l'Europe de et à Strasbourg ). Ces deux entités forment donc désormais l'Agora qui s'est réunie une première fois en août, et qui se retrouve à nouveau ce lundi 5 octobre, sous l'égide de Jeanne Barseghian

Strasbourg, de plus en plus marginalisée?

La défiance vis à vis de Strasbourg n'est pas nouvelle. Cela fait 30 ans que des élus fustigent les va-et-vient incessants entre les deux capitales européennes. Une aberration économique et écologique disent-ils. Ces voix là sont de plus en plus nombreuses : aujourd'hui, 80% des eurodéputés ne souhaiteraient plus siéger à Strasbourg.

Leur position semble confortée par le contexte sanitaire. Début septembre, le département du Bas-Rhin était classé "zone rouge" par les autorités françaises, ce qui a motivé la décision du président du Parlement européen David Sassolia, de déplacer la session à Bruxelles. Venir à Strasbourg aurait contraint ces députés à se faire tester et à observer une quarantaine à leur retour, explique-t-il. Alors certes, il a tenté de rassurer "La volonté du Parlement européen est de revenir à Strasbourg" affirme-t-il. Oui, mais quand ? Pas de réponse pour l'instant. Les parlementaires n'ont plus siégé à Strasbourg depuis fin février.

L' Agora, tous ensemble pour Strasbourg

Pour mieux défendre Strasbourg face à ses détracteurs, la nouvelle municipalité veut donc rassembler toutes les forces : celle de la task force, et celle du réseau associatif COEURS. Cette nouvelle assemblée sera constituée de groupes de travail avec chacun une thématique. A l'ordre du jour également, la signature d'un "Appel citoyen pour la tenue de la conférence sur l'avenir de l'Europe à Strasbourg". Ce rendez-vous, à l'initiative de la commission et du parlement européen se présente comme un forum accessible à chaque citoyen de l'Union européenne. Les préparatifs, qui auraient dû être lancés cette année, vont durer un ou deux ans. Strasbourg est donc sur les rangs pour héberger l'entité qui organisera l'évènement.

Un traité protecteur

Tout cela ne suffira évidemment pas à renforcer la position de Strasbourg face à Bruxelles. Lors de la toute première session en Alsace en 1958, l'assemblée parlementaire européenne, embryon de l'actuel parlement, avait tout juste une fonction consultative. Mais depuis, l'institution a pris de l'importance, et l'idée d'un rapprochement avec la commission à Bruxelles a commencé à faire son chemin.

Pour autant, le principe des 12 sessions annuelles à Strasbourg, en tant que siège du Parlement, est inscrite dans les traités. Une révision de ce texte implique un accord des 27 Etats membres à l'unanimité. On peut imaginer que la France s'y opposerait.

Et si le siège unique était strasbourgeois?

Face aux débats interminables qui agitent les deux camps, des voix à Strasbourg s'élèvent pour sortir des ambiguïtés : elles réclament un siège unique à Strasbourg, symbole de réconciliation européenne, réputée moins technocratique que Bruxelles, plus proche des citoyens, plus autonome face à la commission et aux lobbys. C'est ce que souhaite Jeanne Barseghian, la maire EELV de Strasbourg; Son objectif : "Renforcer la présence du parlement au quotidien, de manière permanente et d’un certain nombre de service. Et cela doit faire l’objet de négociation avec le Parlement Européen. Je me bats pour une recentralisation de l’ensemble des activités du parlement européen dans notre ville".

Et la ville a des arguments : un rapport montrant que le Parlement européen à Strasbourg est plus écologique qu’à Bruxelles, la volonté de développer les liaisons ferroviaires avec Francfort et Bâle-Mulhouse, une exemplarité en matière de droits de l’Homme et de démocratie. Faut-il encore que ces arguments soient entendus et repris au plus haut niveau.

"Il faut reprendre son bâton de pèlerin", l'ancienne députée européenne Catherine Trautmann, "il faut aller rencontrer les chefs de partie, les délégations, les maires des capitales, être présent dans tous les réseaux de collectivités et surveiller en permanence ce qui se passe sur le plan européen". Et Guillaume Schmitt de l'association "Strasbourg pour l'Europe" d'ajouter : "On sert de levée de bouclier, on porte des convictions. Et c’est en montrant ces convictions que l’on montre à l’exécutif et au gouvernement que c’est nécessaire et qu’il faut se battre également. Fragiliser le Parlement européen à Strasbourg, c’est détériorer l’image de la France au niveau européen".

Strasbourg multiplie ses appels à l’adresse du chef de l’Etat, le seul à pouvoir réellement peser dans cette bataille du siège avec la volonté que la France passe vraiment à l’offensive.


 
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