Les militants opposés à la construction du grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg ont mis un terme à leur grève de la faim ce mardi 20 novembre après trente jours de jeûne en l'église Saint-Michel de Bischheim. Mais continuent la lutte.
Les cinq derniers grévistes de la faim (ils étaient 10 au départ) opposés au grand contournement ouest de Strasbourg (GCO) ont mis un terme à leur action "mais pas à la lutte", ce mardi 20 novembre. Ces anti-GCO, opposants à la construction de la rocade autoroutière controversée à Strasbourg, jeûnaient depuis le 22 octobre. Ils ont organisé une conférence de presse ce mardi en l'église Saint-Michel de Bischheim qui les accueillaient depuis le début de leur grève de la faim pour annoncer cette décision.
La décision de mettre un terme à cette grève de la faim a été prise collectivement, ont-ils indiqué devant les nombreux médias. Les cinq derniers grévistes se sentent très faibles. Ils ont recommencé à s'alimenter ce mardi matin. Trois à quatre semaines leur seront nécessaires pour retrouver un rythme alimentaire normal. S'ils vont quitter l'église protestante pour regagner leur domicile, ils vont continuer à être suivis de près par des médecins.
Mais la fin de cette action ne signifie pas la fin de leur combat. Ils ont bien l'intention de planter régulièrement des arbres et arbustes sur le corridor de 24 kilomètres prévus pour accueillir le GCO (une première opération a été organisée le 18 novembre), poursuivre les recours judiciaires et mettre la pression sur les élus qui les soutiennent désormais.
Le communiqué
"Aujourd'hui, 20 novembre 2018, nous avons décidé d'arrêter notre grève de la faim. Nous en sommes au 30e jour sans manger, ne buvant que de l'eau ou de la tisane. La 5e semaine qui a débuté est le moment où le risque d'atteinte aux organes nobles s'aggrave vraiment. Face au silence assourdissant des autorités et à la violence des passages en force sur le terrain de VINCI et de ses opérateurs, face à l'écho insuffisant dans les médias, face à l'inertie d'une majorité d'élus, la grève de la faim est apparue comme l'action, extrême mais nécessaire, pour obtenir un moratoire assorti d'une mission de médiation.Nous avons choisi une action violente envers nos corps mais non-violente envers nos protagonistes. Mais leur attitude, leur fin de non-recevoir ne valent pas qu'on mette plus encore notre vie en danger.
"Le Président de la République, à qui nous avons demandé de nous rencontrer, ne nous a pas témoigné le moindre signe d'attention. Il est vrai que nous avons placé la barre très haut en nous adressant directement à lui mais le fait est que tous les échelons intermédiaires sollicités ne nous ont opposé qu'un discours convenu, fallacieux voire mensonger dans ses argumentations, jusqu'aux décisions de justice où il était difficile de ne pas voir la main directe des promoteurs du projet.
Nous voulions ainsi offrir au «champion de la terre» l'opportunité d'accorder ses actes à ses paroles. Mais aujourd'hui, nous désespérons de nos dirigeants dont les actes n'hésitent pas à sacrifier la vie des citoyens, l'avenir de nos territoires à la seule voracité financière des multinationales et de leurs sous-traitants !
Notre grande victoire est que les frontières virtuelles de notre combat ont sauté ! Des médias, des réseaux sociaux ont relayé les problèmes graves que soulève le GCO. Des citoyens d'Alsace, de la France entière et au-delà, des élus des communes, des députés, des sénateurs, des parlementaires de l'Union Européenne ont découvert notre combat et nous soutiennent. Au-delà de la grève de la faim, notre motivation est d'autant plus grande pour nous opposer encore à ce projet néfaste - l'inventivité pour cela est de notre côté ! - mais aussi pour « reconquérir le territoire » de la vie, de la biodiversité et promouvoir de nouvelles mobilités porteuses d'avenir."