Les forains ont envahi le centre administratif de Strasbourg jeudi 24 septembre vers 13h30. Ils attendaient des réponses concernant la place qui leur sera réservée sur les marchés de Noël, alors que les annulations de fêtes foraines s'enchaînent. Ils sont ressortis de la réunion en colère.
Une cinquantaine de forains ont investi la salle du conseil municipal de Strasbourg ce jeudi 24 septembre, en tout début d'après-midi. Un coup de force, motivé par leur détermination à obtenir des explications quant au déroulement du marché de Noël, pour l'heure maintenu. Une réunion avec la Ville devait avoir lieu en visioconférence, ce qu'ils ont refusé. Ils préféraient du présentiel par peur d'être écartés des décisions.
Si au départ, ils avaient prévu de se réunir sur le parvis du centre administratif de Strasbourg, les forains ont finalement pénétré à l'intérieur du bâtiment, prenant leurs aises sur les fauteuils où siègent en général les élus et attendant de pied ferme les représentants de la Ville.
"Travailler pour survivre"
Une réunion a alors démarré avec l'adjoint en charge du marché de Noël, Guillaume Libsig. Mais deux heures plus tard, à l'issue des discussions, les forains sont sortis "remontés comme des pendules". Ils estiment qu'"aucune proposition ne leur a été faite" et redoutent de voir le nombre de chalets réduits drastiquement pour cause de risque sanitaire."Pour nous, c'est tout le monde ou personne. Tout le monde a besoin de travailler, de manger pour survivre, donc on ne peut pas se permettre de laisser le moindre chalet sur le carreau. Je suis énervé, remonté, car j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps. On ne sait rien de plus si ce n'est qu'on doit expulser certains chalets et ça, c'est hors de question", rumine Hezedine Ben Mourdi, président du syndicat des industriels forains de l'est de la France, dont la famille fait le marché de Noël depuis 1946.
En première ligne : les chalets alimentaires devant lesquels les visiteurs enlèvent leur masque pour manger dans les allées. Ils pourraient être les premiers à être interdits d'événement. Impensable pour les forains : pendant six mois, leur activité a été au point mort et les annulations de fêtes foraines continuent à s'enchaîner. "On n'est pas prêts de laisser notre gagne-pain. Ceux qui n'ont pas le marché de Noël cette année sont morts, moi y compris", assure encore Hezedine Ben Mourdi.
"Prêts à faire un montage de force"
Sassi Ben Mourdi, forain membre du Conseil de conciliation du marché de Noël, le rejoint : "On entend qu'ils veulent supprimer 40% de chalets, mais nous sommes prêts à faire un montage de force. On a des enfants à nourrir, des impôts à payer, on ne demande qu'à travailler".Daniel Pourrier, responsable du Syndicat autonome des forains de France qui indique n'avoir quasiment pas travaillé depuis Noël dernier, dit s'inquiéter des "annonces faites par les élus verts à Bordeaux et Lyon" et dénonce un manque de concertation entre les différentes administrations : Ville, Eurométropole, préfecture, Agence régionale de santé. "On n'est pas loin de Noël, il faut que les choses se fassent. Correctement, avec un plan Covid, mais il faut que ça se fasse."
Une question de survie, mais pas seulement, pour les forains. Ils sont aussi profondément attachés au marché de Noël de Strasbourg : "Si le marché en est là où il est aujourd'hui, c'est grâce aux forains. Ce sont les forains qui ont créé le marché de Noël, nos parents, nos grands-parents...".
La municipalité n'a pas souhaité faire de commentaire. Dans un communiqué, elle a simplement indiqué poursuivre son travail de réflexion. Mi-septembre, les forains avaient déjà adressé un courrier à la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian et son coordinateur du marché de Noël Guillaume Libsig, ainsi qu'à la présidente de l'Eurométropole, Pia Imbs, et à la préfète, Josiane Chevalier pour annoncer "la création d'un comité de concertation, composé de participants qui sont présents depuis des décennies". Ils martelaient leur souhait de participer aux discussions et aux décisions concernant le marché de Noël. Dix jours plus tard, ils estiment toujours se heurter à un mur.