Ce jeudi 15 septembre 2022, cela fait exactement un an que des soignants ont été suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner. Sans travail et sans argent, ils demandent à l'Etat de choisir entre le licenciement et la réintégration.
Un an jour pour jour que le gouvernement a suspendu tous les soignants qui ont refusé de se faire vacciner contre le Covid. Cette suspension est toujours de vigueur et pousse les soignants alsaciens concernés à manifester devant la préfecture à Strasbourg ce jeudi 15 septembre. Ils demandent à l'Etat de choisir entre une réintégration rapide ou le licenciement. Parmi eux, Céline Florentz, agent administrative dans un hôpital privé de Colmar (Haut-Rhin). Elle répond à nos questions.
Pourquoi manifester ce 15 septembre ?
"Cela fait an aujourd'hui qu'on a été jetés dehors. Nous sommes suspendus à un fil qui ne casse pas. Nous, nous souhaitons soit la réintégration soit le licenciement. On souhaite qu'il prenne (le gouvernement) enfin une décision parce que nous n'allons pas pouvoir tenir encore comme ça des années. Nous sommes dans un flou total. Il y a eu des belles promesses juste avant les élections de certains candidats. Même notre président actuel disait que dès que ça irait mieux, il nous réintégreraient. Et là, plus rien."
Depuis un an, comment vivez-vous cette situation ?
"On a plus de salaire. On n'a pas de statut. Nous ne pouvons pas travailler ailleurs parce que nous sommes encore dans l'entreprise. Nous sommes en CDI et faisons partie de l'effectif mais nous ne pouvons pas reprendre nos postes. Evidemment, cela a des conséquences psychologiques et financières. Moi, j'ai des hauts et des bas. Il y a des moments où on est plus ou moins bien moralement et d'autres où on est au fond du trou parce qu'on ne vit plus. On ne parle plus de nous ! Cela fait un an qu'on est suspendu et il y a beaucoup de personnes qui pensent que nous avons été réintégrés ce qui n'est pas le cas.
L'association Urgence solidarité soignants sacrifiés de Colmar (créée en août 2021 pour soutenir moralement et financièrement les personnes suspendues) m'aide à régler certaines factures. Mes collègues et moi vivons grâce à la solidarité et aux dons. Certains font des petits boulots en attendant."
Quel regard portez-vous sur l'hôpital ?
"L'hôpital est en train de crever. Il est au bord du précipice. Nous l'avons encore vu il y a quelques jours à Strasbourg. Il y a un monsieur de 81 ans qui est resté plus de 12 heures sur un brancard et qui est décédé, ce ne sont pas des choses qui sont normales.
Ce que voudrait les chefs d'établissements, c'est que nous démissionnions, mais ce serait trop facile. Nous, nous ne voulions pas de cette situation. Certains de mes collègues qui sont triplement injectés ont eu trois-quatre fois le Covid. Nous ne voyons plus l'intérêt de cette vaccination obligatoire. Nous, nous voulons juste travailler."