Marc Baumann, l’un des trois organistes de la cathédrale de Strasbourg, vient d’être licencié par l’évêché après une condamnation pour harcèlement sexuel. L’homme, également professeur de musique dans une école, avait déjà été condamné pour agression sexuelle il y a 20 ans.
C’est un nouveau coup de tonnerre au sein de l’Eglise : l’évêché de Strasbourg vient de licencier l’un des trois organistes attitrés de la cathédrale de Strasbourg, Marc Baumann. Cette mesure a été prise en urgence après la condamnation de cet homme le 12 octobre dernier pour des faits de harcèlement sexuel commis sur une jeune fille mineure.
Ce n’est pas dans le cadre de l’Eglise que sont survenus les faits rapportés par nos confrères des DNA. L’affaire concerne une jeune fille à laquelle l’organiste donnait des cours de musique, d’abord dans le cadre d’une école de musique, puis par la suite dans le cadre privé. La jeune fille n’avait que 12 ans quand son professeur se met à lui envoyer des messages plus que suggestifs, comme le détaille son avocat, Me Jean Paillot. "A plusieurs reprises elle a dû le remettre en place face à des messages qui s’intéressaient à la forme de sa poitrine ou aux sous-vêtements qu’elle portait. Des messages qui sont devenus bien plus ennuyeux quand il a proposé à mots couverts l’hypothèse d’une relation intime entre elle et lui." Des accusations que le mis en cause a reconnues devant le tribunal. Il a écopé d’une condamnation à 6 mois de prison avec sursis.
Condamné en 1999 pour agression sexuelle
En préparant ce procès pour harcèlement sexuel, l’avocat de la jeune victime découvre que le mis en cause a déjà été condamné en 1999 pour des faits similaires. Il s’agissait, non pas de harcèlement, mais d’agression sexuelle commise sur une de ses jeunes élèves entre ses 13 et ses 17 ans. Marc Baumann avait alors été écopé de 15 mois de prison avec sursis. " Nous étions stupéfaits de constater qu’il avait pu continuer à enseigner à des jeunes dans le cadre scolaire sans que l’école soit informée de son passé ", raconte Me Paillot.
Car malgré cette condamnation, l’homme a en effet pu continuer sa carrière de professeur de musique, dans des écoles. Il enseigne notamment aujourd’hui à des enfants aveugles ou malvoyants dans un centre spécialisé, dans le quartier du Neuhof à Strasbourg. Contactée, sa direction nous a affirmé avoir pris connaissance de ces condamnations par les articles parus récemment dans la presse. Elle ne précise pas si des mesures seront prises à l’encontre de cet enseignant.
"Aujourd’hui cet homme est condamné. Et il y a surtout une inscription au fichier des délinquants sexuels, ce qui ne se faisait pas en 1999, se satisfait l’avocat de la jeune fille victime de harcèlement. On peut donc souhaiter que désormais le rectorat et les écoles où il continue à enseigner soient informés de son passé. Dans ce domaine, ça doit être tolérance zéro, on ne doit pas mettre en danger les enfants. »
Un blâme l'an dernier
Une tolérance zéro que met en application l’évêché de Strasbourg. Marc Baumann a d’ailleurs fait l’objet d’un blâme l’an dernier. " Il avait fait monter une jeune fille au grand orgue, qui est un endroit assez isolé dans la cathédrale, alors même que [l’évêque de Strasbourg] Mgr Ravel avait exigé qu’aucun adulte ne soit seul avec un mineur, se souvient Bernard Xibaut, chancelier de l'archevêché. Sur la base de ce blâme et de cette récente condamnation judiciaire, nous avons décidé de le mettre à pied et de lancer la procédure de licenciement."
Quelques semaines après la publication du rapport de la CIASE (la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'église), cette énième affaire ne vient que rajouter de l’opprobre sur le milieu clérical, même si les faits incriminés ne concernent pas directement l'Eglise. « Ce dossier démontre que les crimes ne sont pas que les faits de clercs, estime Bernard Xibaut. Un tiers de ces crimes sont commis par des laïcs. Il faut aussi balayer parmi ce personnel-là ».
Par la voix de son avocat, Marc Baumann fait part de son étonnement face à son licenciement par l’évêché. Il dénonce une « instrumentalisation » de la part de l’Eglise.