Collectivité d'Alsace: "On ne veut pas d'une région Grand Est à deux vitesses", préviennent Lorrains et Champardennais

La fin du Grand Est est-elle amorcée avec la création de la Collectivité européenne d'Alsace ? Les présidents des départements lorrains et champardennais entendent rester vigilants.




 

La création d'une Collectivité européenne d'Alsace, annoncée par le Premier ministre ne fait pas que des heureux. Les présidents des autres départements du Grand Est regardent cette nouvelle collectivité d'un oeil prudent, voire un peu méfiant. Si les présidents du conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric Bierry et du Haut-Rhin, Brigitte Klinkert (tous deux LR), estiment que l'annonce de la création d'une Collectivité européenne d'Alsace, faite ce lundi soir 29 octobre, par le Premier ministre Edouard Philippe, est un succès, et s'en félicitent, d'autres présidents des départements du Grand Est émettent des réserves. 

La plupart des autres départements du Grand Est se sentent eux aussi concernés par les compétences transfrontalières ou de développement économiques, il n'y a finalement que le bilinguisme qu'ils ne les concerne pas tous. 


"Nous ne voulons pas d'une grande région à deux vitesses"

Nicolas Lacroix, président LR du conseil départemental de Haute-Marne

"Nous nous sommes souvent réunis avec le président de la grande région et il est vrai que la question de la collectivité alsacienne a souvent été discutée. Alors je me réjouis que l'initiative des deux présidents de départements alsaciens ait abouti. Ça montre déjà que lorsqu'il y a une vraie détermination politique, il est possible de réussir."

"Mais il est essentiel de préserver l'unité de la grande région. Nous avons toujours dit que nous étions favorables à un département d'Alsace. Si cette nouvelle entité n'avait pas vu le jour, les tensions seraient devenues trop fortes. Mais nous sommes défavorables à des compétences différentes entre les départements du Grand Est. L'attractivité du territoire, les questions transfrontalières, le développement économique sont des sujets qui ne concernent pas uniquement l'Alsace. Nos départements ont aussi des frontières à gérer. Pour les Ardennes, la Meuse ou la Moselle, cette compétence pourrait être généralisée."

"Nous allons nous réunir prochainement, non pas pour faire capoter cette initiative, mais pour voir comment nous allons nous positionner et de toute façon rester vigilant et alerter sur tout changement qui pourrait casser la dynamique de la grande région. Les deux départements alsaciens n'ont pas obtenu tout ce qu'ils ont demandé. Cet accord signé par Jean Rottner nous semble raisonnable. Mais l'attractivité territoriale et le développement économique partagé aurait pu être généralisé."
 

"Ça peut fragiliser la Région"

Philippe Pichery, président du conseil départemental de l'Aube

"Ça peut fragiliser la région si on a une région à deux vitesses. Ce qu'attendent les autres départements de cette région Grand Est qui ont soutenu la démarche alsacienne, c'est que maintenant s'ouvre des discussions avec l'Etat et le président de Région pour élargir en fonction des besoins de chacun la plage des compétences qui vont être expérimentées. Et qu'ensuite, ces expérimentations concernent tous les départements du Grand Est."
 
Mathieu Klein, président PS du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Claude Léonard, président LR du conseil départemental de la Meuse et François Vannson, président LR du conseil départemental des Vosges ont exprimé leur position via un communiqué de presse commun. 

"L’attribution de compétences particulières autour de l’action transfrontalière, du plurilinguisme, du développement économique, de l’attractivité, du tourisme, des transports, de la culture et du sport, intéresse tout autant les Lorrains. Est-il utile de rappeler ici que nous vivons au quotidien la réalité européenne avec le Luxembourg, la Belgique et l’Allemagne, dans lesquels se rendent chaque jour 100.000 Lorraines et Lorrains pour travailler?"

"Nous souhaitons que les Lorrains des départements, des métropoles, des EPCI [établissement public de coopération intercommunal, ndlr] et des communes se retrouvent rapidement pour discuter de leur avenir au sein du Grand Est et prennent enfin leur destin en main. Tous les scénarios institutionnels peuvent être imaginés, mais ce qui compte avant tout, c’est que notre voix soit entendue et nos intérêts défendus."
 

"Cette entité alsacienne ne doit pas être la seule à bénéficier d’avancées significatives"

Noël Bourgeois, président LR du conseil départemental des Ardennes

"Le rapprochement ne doit pas être le prélude à une région à deux vitesses. En tant que président d’un département frontalier, je reste particulièrement attentif à l’évolution du statut de cette entité alsacienne, qui ne doit pas être la seule au sein du Grand Est à bénéficier d’avancées significatives en termes de capacité à mener des politiques transfrontalières.

"Les Ardennes vivent déjà depuis de nombreuses années la pratique d’actions et de programmes transfrontaliers avec la Belgique, également en matière de santé et d’accès aux soins dans des structures belges, de convergences en matière d’infrastructures de transport, de même qu’en matière de développement agricole. Les Ardennes sont tout aussi légitimes que l’Alsace à réclamer la compétence transfrontalière."
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