Partir à la cueillette aux champignons, cela ne s'improvise pas. Il faut un minimum de connaissances et suivre quelques règles. Des conseils qui peuvent vous empêcher de connaître de graves mésaventures.
Jean-Claude Estatico est membre de la société lorraine de mycologie. Depuis 40 ans, le champignon est sa passion à raison de 365 jours par an et régulièrement il organise des sorties mycologiques avec des étudiants en pharmacie. Un cours en pleine forêt où il distille ses précieux conseils. "Pour commencer, on cueille le champignon et on le sent. Mais pour déterminer un champignon, il faut prendre en compte tous les caractères non seulement l'odeur mais aussi la couleur, la texture etc...
Pour commencer, on cueille le champignon et on le sent. Jean-Claude Estatico, mycologue.
il ne faut pas simplement dire ce champignon-là est bleu, je regarde dans un bouquin, ça doit être le champignon bleu qui est dans le bouquin ça c'est ridicule". Pour reconnaître un champignon -une vraie science- il faut donc faire appel à tous les sens. Le toucher, la vue, l'odorat et pour les experts en mycologie uniquement, l'identification peut se faire par le goût. Ne pas oublier non plus l'environnement du champignon car une espèce peut ressembler à une autre espèce et le fait qu'il y en ait un qui vive sous un pin ou sous un sapin va souvent permettre de faciliter son identification.
Eviter de placer les champignons dans des sacs en plastique
Ensuite, le cueilleur de champignon doit partir avec un minimum de matériel. Des chaussures adaptées ou des bottes, un couteau, une loupe, des livres et une cagette ou un panier."Il faut bien penser à partir avec un panier parce que mettre les champignons dans un sac plastique peut accélérer tout le processus de fragmentation et de putréfaction" explique Madeline Hamann membre de l'association des mycologues pharmaciens. "Ensuite, c'est pas mal de séparer les comestibles de ceux qu'on ne connaît pas". Autre conseil, évitez de cueillir à tort et à travers et éloignez-vous des abords des routes et des endroits pollués car il faut savoir que les champignons absorbent les polluants auxquels ils sont exposés. Chaque année au début de l'automne, les pharmaciens sont sollicités par les cueilleurs du dimanche qui veulent se rassurer avant de consommer la récolte de leur sortie. On ne le répétera jamais assez mais en cas de doute, il faut absolument demander l'avis d'un pharmacien spécialisé ou se rapprocher de la société lorraine de mycologie. "En officine, on nous ramène surtout des grands champignons parce que les gens viennent voir si ce n'est pas toxique" explique Marie-Paule Sauder maître de conférences à l'Université de Lorrraine. "En gros, il y a environ 30 à 35 champignons qui reviennent régulièrement sur les comptoirs, c'est pourquoi à la fac on essaie d'apprendre à nos étudiants une centaine de champignons pour qu'ils puissent répondre plus tard aux questions des cueilleurs occasionnels".
Consommer rapidement les champignons cueillis
Autre conseil important, il est fortement recommandé de consommer les champignons dans un délai de 48 heures après la cuillette et au moindre signe d'intoxication comme des nausées et vomissements de contacter le centre anti-poison le plus proche de chez vous ou le centre 15. Dans ce cas-là, avoir fait des photos des champignons cueillis peut-être utile aux services de secours. On rappelle que chaque année, des intoxications aux champignons -parfois mortelles- se produisent. Enfin, un mot sur la réglementation. Vous avez le droit de cueillir jusqu'à 5 litres de champignons par jour uniquement dans des forêts publiques. C'est l'ONF qui est chargée de surveiller le comportement des cueilleurs et qui peut-être amenée le cas échéant à verbaliser mais c'est très rare.