Après deux mois de confinement chez eux, les amateurs de photos et photographes professionnels rêvent de parcourir à nouveau le massif ardennais à la recherche des plus beaux paysages. Sébastien, l'un d'eux, à Haybes dans les Ardennes, attend ce moment comme une délivrance.
Il est photographe professionnel à Haybes, un petit village dans la pointe des Ardennes. Quand on discute " image " avec lui, le mot passion se colle à chacune de ses fins de phrases. Sébastien Bollich, 44 ans, un ancien maçon, devenu ensuite employé dans une centrale nucléaire en a gardé toute l'énergie. Ce samedi 9 mai, à deux jours du déconfinement tant attendu, l'homme ne tient plus en place. Il va pouvoir reprendre bientôt son activité de photographe.
Libéré, délivré ...
Pendant ces deux mois de confinement, le temps s'est figé comme sur une photo. Au même titre que nous tous, les amateurs de belles images ont rongé leur frein en attendant des jours meilleurs : la réouverture des espaces publics et des forêts.Sébastien me confie ses expériences vécues dans cette attente : " C'était dur, car je suis quelqu'un de très actif ! "
Il poursuit avec assurance : " Je respecte vraiment le confinement. Au début, j'ai lancé une sorte de jeu sur les réseaux sociaux, des défis journaliers. On me donnait un thème à faire en photos de chez moi, avec ce que j'avais sous la main. Des déguisements, des couchers de soleil, des objets de la maison, ça m'a bien occupé pendant un mois."
Ensuite, j'ai fait des montages-photos rigolos. Le confinement m'a permis de maîtriser un peu plus les logiciels de retouches d'images. Je me suis bien amusé, je suis le premier à rire de tout.
- Sébastien Bollich, photographe à Haybes dans les Ardennes
Pendant ce temps, d'autres photographes transforment leurs attentes en scènes surréalistes, le résultat est impressionnant.
Thierry Michel, un autre passionné au service des Ardennes, dans ses oeuvres.
Sébastien Bollich se définit comme un photographe nature avec toutefois, d'autres cordes à son arc. Quand il ne court pas les bois en quête de poésie, l'appareil photo à la main, il recherche le contact et se tourne vers le portrait, la rencontre. Celle-ci peut aussi se faire dans le monde du sport qu'il couvre régulièrement ou les concerts qu'il aime immortaliser également.
Ce boulimique d'images ne tarit pas d'idées. La frustration du confinement avait mis sur pause ses nombreux projets.
Le lundi au soleil
La météo ne sera peut-être pas au rendez-vous ce fameux lundi 11 mai 2020, tant attendu. Qu'importe, l'appareil photo va crépiter à nouveau, l'horizon va gagner 99 km de plus. ( 100 km, nouveau périmètre à vol d'oiseau autorisé )Pour Sébastien , c'est une évidence, l'appel de la forêt résonne à ses oreilles. Lundi, c'est reparti : " Dés les premières heures, j'irai en forêt, dans les bois ! " m'annonce-t-il avec du bonheur dans la voix.
Respirer la forêt, enfin. Même si je ne vais pas faire beaucoup de photos peut-être, je vais repérer les lieux. Je vais essayer de reprendre mon activité en micro-entreprise, car les personnes ne m'appelaient plus ces temps-ci. Je vends des calendriers et des posters des Ardennes en temps normal.
-Sébastien Bollich, photographe à Haybes. Ardennes
Ecrire avec de la lumière
Si sa saison préférée, c'est l'automne, avec ses lumières douces, les feuilles, les couleurs, le photographe s'attache aux portraits, aux gens. Pour se parfaire dans l'art de figer les regards, c'est souvent sa fille, Louna, 10 ans, qui se prête au jeu.Savoir regarder autour de soi et profiter de l'instant présent, c'est peut-être cela aussi le début de l'expérience.
Quand on lui demande ses astuces, ses techniques de prises de vues lors de ses sorties, Sébastien revient à ses fondamentaux. " Il m'arrive de revenir sans avoir fait une seule photo !" m'avoue-t-il modestement. "Souvent, quand je sors, j'ai une idée en tête. Je prends le matériel, les accessoires en fonction du thème. Si je dois faire des reflets dans des flaques d'eau, du paysage, des détails, je m'adapte. Après, c'est la surprise sur place. On n'a pas toujours ce que l'on souhaite, il faut quelquefois attendre les bonnes conditions."