Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a annoncé ce lundi 18 janvier, que les déchets dangereux stockés sur le site de Stocamine, une ancienne mine de potasse située à Wittelsheim dans le Haut-Rhin, ne seront pas extraits.
Le destockage tant espéré par de nombreux élus alsaciens et associations environnementales et citoyennes n'aura pas lieu. Le gouvernement a tranché. Stocamine, l'ancienne mine de potasse implantée à Wittelsheim (Haut-Rhin), conservera les 42.000 tonnes de déchets dangereux qui y sont stockées à 550 mètres de profondeur depuis 1999. Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, a rendu sa décision ce lundi 18 janvier. Les déchets industriels dangereux encore enfouis dans le site vont être confinés définitivement.
Les avantages d'un déconfinement "pas démontrés"
"La ministre de la Transition écologique décide de lancer la réalisation du confinement du site sans déstockage complémentaire", est-il indiqué dans un communiqué du ministère. Ce n'est pas vraiment une surprise. Barbara Pompili en visite le 5 janvier à Wittelsheim, avait déjà indiqué favorable à un confinement.
"La ministre est arrivée à la conclusion que les conditions au déstockage complémentaire, posées par la mission parlementaire de 2018, ne sont pas réunies. Les avantages potentiels d’un déstockage complémentaire des déchets ne sont pas démontrés et celui-ci présenterait des risques significatifs pour les travailleurs, tandis que la réalisation du confinement dans des conditions optimales est indispensable pour assurer la protection de la nappe d’Alsace.", précise le communiqué.
50 millions d’euros pour protéger la nappe phréatique
La ministre a décidé de "dédier une enveloppe financière de 50 millions d’euros sous pilotage de l’ADEME pour permettre un plan de protection de la nappe d’Alsace sur les cinq prochaines années". Cette somme devrait permettre de dépolluer "plusieurs anciens sites industriels situés au-dessus de la nappe d’Alsace" (notamment le site PCUK à Wintzenheim où sont enterrées 750 tonnes de lindane) afin d’éviter sa contamination par les infiltrations issues de la surface, qui constituent la principale source de pollution de la nappe.
Colère des pro déstockage
Les défenseurs d'un déconfinement n'ont pas tardé à réagir. Raphaël Schellenberger, député du Haut-Rhin et co-rapporteur d'une mission parlementaire sur Stocamine, fustige ainsi cette décision. "Encore une fois le gouvernement s’assied sur le débat parlementaire qui avait pourtant conduit à l’adoption à l’unanimité de mon rapport préconisant la poursuite du destockage !", écrit-il sur les réseaux sociaux.
Frédéric Bierry s'insurge lui aussi par un tweet explicite : "Enfouissement de Stocamine, le premier écocide ?". Le président de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) ne veut pas "d’une dette écologique supplémentaire pour les générations futures" et propose que la CEA se charge du déstockage. Si Madame la ministre craint d’effectuer ces travaux de déstockage, la Collectivité européenne d’Alsace, elle, se propose d’en prendre la maitrise d’ouvrage en demandant à l’Etat de lui verser les 456 millions d’euros prévus pour ce déstockage et non 50 millions comme annoncé pour l’ADEME.
Europe Écologie – Les Verts Alsace parle de "fiasco". "Choisir entre les pollutions, l'environnement est soldé ! La mémoire des mineurs est bafouée ! Les habitants sont méprisés, et le territoire sacrifié. La ministre n'a pas écouté, elle est venue polluer." Porte-parole du collectif "Déstocamine", Yann Flory a déclaré à nos confrères de l'AFP "tomber des nues" face à cette décision prise plus rapidement que prévu et "doublement révoltante", car "elle va à l'encontre du bon sens" et "est assortie d'un odieux marché" avec cette enveloppe de 50 millions d'euros qui ne concerne pas Stocamine. Il déclare regretter la décision annoncée ce jour par la ministre. "Son annonce intervient avant même qu'elle n'ait pu prendre connaissance des éléments présentés dans le courrier daté du 15 janvier (voir ci-dessous) et rédigé à sa demande orale lors de l'échange organisé le 4 février dernier à la préfecture de Colmar".
Lettre ouverte à Barbara Pompili pour en finir avec Stocamine by France3Alsace on Scribd
42.000 tonne de déchets stockés
Les premiers déchets ont été enfouis en 1999 jusqu'à l'incendie en septembre 2002 du "bloc 15, un des lieux de stockage. 44.000 tonnes de déchets avaient alors été déjà enterrés. Depuis, au gré des différentes décisions des gouvernements successifs, environ 2.000 tonnes de déchets contenant du mercure, donc particulièrement dangereux pour les sols, ont été extraits.