La cantatrice américaine Barbara Hendricks a relevé le défi fou lancé par une enseignante et passé ce jeudi 12 mai avec des collégiens colmariens. Une rencontre émouvante de part et d'autre.
C’est une journée que les élèves du collège Victor Hugo de Colmar n’oublieront pas. Barbara Hendricks est venue à leur rencontre ce jeudi 12 mai. L'aboutissement de cinq années de travail pour la professeure à l'origine du projet.
"C’est juste génial. C’était un pari fou, mais si je me suis engagée, c’est que j’y croyais dès le départ", confiait Christine Thiebo quelques minutes après avoir accueilli la cantatrice et ambassadrice des Nations Unies.
C'est après avoir lu son livre "Ma voie" en 2016 que Christine Thiebo a eu l'idée de contacter Barbara Hendricks : "J’ai été impressionnée par son parcours. Il y a une résonnance avec les programmes que j’enseigne : l’esclavage, la ségrégation raciale, son engagement à l’ONU et bien sûr sa carrière de cantatrice car j’ai des élèves maîtrisiens et instrumentistes qui sont au conservatoire de Colmar. J’ai envoyé un mail, je ne savais même pas qui allait l’avoir, quatre mois plus tard son agent m’a répondu qu’elle avait été émue par mon courrier et qu’elle viendrait. Que du bonheur."
Elle nous a raconté que dans son enfance, les Blancs et Noirs étaient séparés.
Marco, collégien
L'enseignante en histoire-géographie a transmis sa "fascination" à ses élèves. Et c'est avec "We shall overcome" ("Nous triompherons"), le gospel chanté lors du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, qu'ils ont reçu la chanteuse américaine, née en Arkansas au temps de la ségrégation raciale.
Avant une matinée d'échanges. Barbara Hendricks leur a parlé de droits de l’homme, de ceux des minorités ethniques, d’aide aux réfugiés… domaines dans lesquelles elle est très engagée. Et qui ont passionné les collégiens.
"Elle nous a raconté son histoire, que dans son enfance, les Blancs et Noirs étaient séparés. Par exemple à l’école, au restaurant... Elle nous a dit comment elle s'est battue. C’est une femme forte, très émouvante", affirme Marco. Son camarade Victor partage cette émotion : "je suis d’origine albanaise, ma maman a fait des missions humanitaires notamment en Albanie et je me retrouve beaucoup dans tous ses combats. C'est impressionnant de la voir, ses paroles transpercent."
"J'ai été impressionnée par leur travail", a réagi l'artiste au sujet de l'exposition sur l'injustice et le racisme, minutieusement préparée par les adolescents depuis la rentrée de septembre.
Ils seront confrontés à l’avenir à plein de problèmes mais je ne perds pas espoir. Chaque génération doit faire face et change un peu le monde.
Barbara Hendricks
"J'ai l'impression que ça les a marqués, poursuit la cantatrice. Ils ont posé des questions très intéressantes. Je leur ai dit qu’ils seront confrontés à l’avenir à plein de problèmes avec le climat, les guerres, les pandémies, l’économie mais je ne perds pas espoir. Chaque génération doit faire face et change un peu le monde, on recule aussi parfois car nous sommes des êtres humains, donc imparfaits. Mais c’est notre devoir d’avancer."
Barbara Hendricks, pour qui la musique et le chant ont toujours été une arme de paix, veut être activiste jusqu'au bout. Agir et transmettre ses valeurs jusqu’à son dernier souffle.
Pari réussi. Certains collégiens ont désormais des envies de missions humanitaires, d'autres veulent s'inspirer de son caractère "de battante". Autant de petites graines semées, des Etats-Unis à Colmar.