Haut-Rhin : un viticulteur de Turckheim finaliste du concours national Graines d'agriculteurs

Paul Bulber, viticulteur à Turckheim (Haut-Rhin), utilise une méthode nouvelle pour alimenter ses vignes en azote, ou encore en eau. Son utilisation d'engrais verts lui a valu une qualification pour la finale du concours Graines d'agriculteurs.

A 29 ans, Paul Bulber se distingue par l'utilisation d'engrais verts dans ses parcelles, afin de garder un sol humide et pour alimenter les vignes en nutriments. Sa réflexion sur la gestion des sols viticoles lui a ouvert les portes de la finale du concours Graines d'agriculteurs, destiné à récompenser des agriculteurs français qui présentent un projet innovant.

L'été 2022 restera dans les mémoires comme un été très sec, où le manque d'eau se fait ressentir partout. Mais Paul Bulber n'a pas attendu cette sécheresse pour réfléchir à un moyen de garder ses sols humides. Ce viticulteur de Turckheim (Haut-Rhin) est installé avec ses parents depuis 2016, après un BTS en viticulture et œnologie, puis un stage au Québec.

"L'idée, c'est de semer plusieurs grains dans les vignes, mais surtout d'adapter le mélange à chaque type de sol. Nous avons une trentaine de parcelles, réparties sur sept à huit kilomètres à la ronde", explique le viticulteur, qui gère une exploitation d'une dizaine d'hectares.

Les premiers essais ont commencé en 2017 et se sont avérés concluants : "Depuis, je fouille, je creuse. Il faut tenter des choses ! Et si ça ne marche pas, au moins j'aurais tenté", sourit Paul Bulber. En 2022, il pourra produire son premier millésime certifié en agriculture biologique.

Grâce à ces engrais verts, à savoir des mélanges de céréales, il veut réduire l'ajout d'intrants dans les sols : "J'implante des graines, et la culture dans les vignes va donner au sol ce qu'elle capte dans l'air. Les légumineuses par exemples, ce sont des pompes à azote, qui est présent dans l'air. L'azote va être capturé dans les racines, puis sera disponible pour la vigne."

La végétation peut monter jusqu'à un mètre.

Paul Bulber

Viticulteur à Turckheim

Paul Bulber sème également des graines de moutarde, d'avoine, ou encore de radis : "Le radis va pomper l'eau quand la vigne n'en a pas besoin. Puis, quand on le détruit, l'eau se libère." Une opération qui se fait en avril, quelques mois après les semis d'automne : "Entre les deux, on ne touche à rien. Les vers de terre creusent leurs galeries, les radis gonflent... La végétation peut monter jusqu'à un mètre."

Place donc au roulage de printemps, avec des rouleaux qu'il a fabriqué lui même : "Je me suis inspiré de ce qui existait en grande culture pour en créer d'un mètre de large. Ils permettent d'écraser les engrais verts, et forment un tapis de végétation. C'est à cette période que la vigne a besoin d'azote", continue le viticulteur. 

Paul Bulber est fier de son innovation, d'autant qu'elle porte ses fruits, et suscite l'intérêt de collègues qui travaillent en conventionnel. Mais il veut aller encore plus loin, avec la construction d'un hangar équipé de panneaux photovoltaïques, ou encore l'achat d'un robot capable de travailler dans les vignes.

Aussi, le Turckheimois doit faire face à l'explosion du prix des céréales : "Au début, ça nous coûtait presque rien. Mais là, ça a flambé, surtout que c'est de l'alimentaire. J'aimerais être indépendant et pouvoir produire moi-même les semences que j'utilise dans les vignes. Ca devrait être le cas pour l'année prochaine", prévoit-il. Pour cela, il aurait besoin d'environ trois hectares de prairie. 

Le seul viticulteur du concours Graines d'agriculteurs espère remporter le prix 2022, qui veut mettre en valeur cette année la préservation des ressources naturelles : "Je coche les cases pour les trois thèmes, à savoir l'eau, le sol et l'air", sourit-il. Pour voter pour Paul Bulber, cela se passe sur le site demainjeseraipaysan.fr. Résultat le week-end du 9 au 11 septembre 2022.