Cette étoffe raconte les 800 ans d'histoire d'une ville, du Moyen Âge à la révolution industrielle

La ville de Mulhouse crée chaque année une nouvelle étoffe à l'occasion des fêtes de fin d'année. En 2024, l'étoffe de Noël, dessinée par une créatrice locale, célèbre les 800 ans de la ville, l'âge de ses premiers remparts. Le tissu sera mis en vente à partir du 22 novembre, date d'ouverture du marché de Noël.

L'été n'est pas fini que le marché de Noël fait déjà parler de lui. À Mulhouse, c'est une tradition ancrée depuis plus de vingt ans. Chaque année à cette époque, la mairie présente son étoffe dite de Noël. L'étoffe destinée à habiller les monuments du centre historique ainsi que les tables durant les fêtes de fin d'année, se pare de nouveaux motifs. 

Ceux de la collection 2024 sont censés décliner la thématique des 800 ans d'histoire de la ville. C'est sur cette base que la commande, répondant à un cahier des charges bien précis et défini par la mairie, a été confiée à la créatrice mulhousienne Marie Jo Gebel. "Un cahier des charges complexe, mais j'adore relever ce genre de défi", confie la créatrice à l'origine déjà de plusieurs étoffes.

Du Moyen Âge à la révolution industrielle

Il s'agit de dresser, dans une sorte de fresque, toute l'histoire de la ville depuis la construction des remparts en 1224 jusqu'au riche passé industriel du 19ᵉ siècle. "Un passé encore visible aujourd'hui avec les quelques restes encore debout de l'enceinte originelle et à travers les collections des musées technologiques comme la cité du train par exemple". Marie Jo Gebel s'attelle à la tâche en travaillant l'aspect figuratif du tissu. L'étoffe, destinée à la décoration, doit être plaisante et agréable à l'œil.

Pour évoquer le Moyen Âge, elle imagine une grisaille, inspirée des vitraux et des éléments architecturaux des bâtiments de style gothique. "Ce thème constitue le fond de la trame. J'y ai intégré des éléments symbolisant le passé industriel, comme la roue de Mulhouse, et les musées de la ville avec, notamment, deux Bugatti royales et une locomotive. À chacun de s'amuser à retrouver le nom respectif des musées".

Les indiennes comme fil conducteur

C'est au Musée de l'Impression sur étoffes (MISE) que se concentre le gros de son travail. Elle trouve ici des documents remontant au tout début de l'essor industriel de Mulhouse, c’est-à-dire au milieu du 18ᵉ siècle. À cette époque, la cité est encore indépendante et constitue une sorte d'enclave protestante dans le royaume de France.

En 1746 est créée la première manufacture d'indiennes, ces tissus peints ou imprimés jusqu'alors importés du comptoir des Indes. "Ces indiennes ont fait la notoriété de Mulhouse. Elles sont caractérisées par un style très particulier de flores, souvent imaginaires. Tout le monde en voulait. Je suis tombée sur un magnifique document imprimé à la planche par l'entreprise Mieg qui m'a servi à dessiner mes motifs floraux".

Pour insérer le dessin des fleurs dans sa composition, la créatrice se sert d'un entrelacs persan inspiré d'une pièce datant de la fin du 18e conservé au MISE. À la toute fin de ce siècle, la ville est rattachée à la France. Le succès des indiennes perdurera jusqu'au siècle suivant. Mulhouse est alors à son apogée de puissance industrielle. On la surnommera la petite Manchester. "Cette belle indienne composée d'une quinzaine de fleurs différentes que j'ai fait grimper sur ce treillis est un clin d'œil et rend hommage à cette période qui fut faste".

Marie Jo Gebel aura travaillé 200 heures pour rendre sa copie. Le tissu sera vendu à la boutique aux étoffes au prix de 19,50 euros à partir du 22 novembre prochain, date de l'ouverture du marché de Noël.

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