Stéphanie Blaser a fait construire un gîte écologique à Wattwiller (Haut-Rhin). Elle a obtenu trois labels du réseau Gîtes de France (insolite, éco-gîte et panda).Mais sa vraie réussite est ailleurs : quand elle inspire ses visiteurs avec des idées déco locales ou recyclées.
C'est un habitat plus qu'insolite. Et surtout assez inclassable. Le chalet grotte Parenthès Element Terre de Stéphanie Blaser à Wattwiller (Haut-Rhin) est un concentré de tout ce que sa propriétaire a voulu faire pour pousser l'écologique, le confort et la découverte au maximum. "Quand on rentre, je voulais que les gens soient étonnés", explique-t-elle.
Premier étonnement, aucun angle droit, des murs en terre et en bois, des courbes et une isolation en paille et en fibres de bois. Et puis des meubles soit recyclés ou chinés, soit faits maison. Ou achetés neufs à des artisans locaux qui recyclent, comme les luminaires en carton et les miroirs de Somahecartons et plus. Dans la salle de bains, un évier recyclé a été installé sur un plan de travail qui provient d'un ancien plancher d'écurie.
Dans la cuisine, des appareils classiques, et leur version manuelle, sans électricité : moulin à café, pressoir à jus, machine à piston pour le café... "Je veux montrer qu'on n'a pas besoin d'électricité pour chaque geste du quotidien". Idem pour les toilettes sèches, "beaucoup de choses n'étaient pas indispensables pour obtenir les labels, mais je voulais casser aussi les idées reçues".
L'équipe du réseau des Gîtes de France a donc octroyé trois labels à ce gîte : le label insolite (pour sa différence et son originalité), le label gîte panda (pour le travail fait autour du gîte, pour respecter l'écosystème) et le label éco-gîte.
Autour de l'habitation, l'herbe n'est pas tondue, des fleurs des champs en grande quantité sont là pour les insectes, aucun produit phytosanitaire n'est utilisé, des nichoirs à oiseaux sont en bonne place. Et l'eau du puits sert à arroser le mini-potager l'été. Ce sont les critères retenus pour le label panda, notamment.
En octobre 2023, nous avions déjà parlé de ce gîte à l'occasion du chantier terre, la fabrication des murs en terre crue et en chaux. "J'aurais pu essayer de pousser le plus possible la démarche écologique", explique Stéphanie Blaser, "mais après c'est une question de coût".
Ouvert depuis l'été 2024, le gîte affiche complet en ce moment. Et la propriétaire continue "d'améliorer les choses" : "je n'ai pas pu mettre un vrai sapin de Noël, je ne voulais pas en couper un pour les fêtes, alors je l'ai fabriqué. Les lumières extérieures sont toutes à énergie solaire. Et les objets en bois pour la déco viennent du village, tout est le plus local possible."
Mais Stéphanie Blaser veut aller plus loin. "Je veux montrer que l'écologie, ce n'est pas juste un récupérateur d'eau ou des panneaux solaires. Qu'il y a des astuces pour faire à moindre coût. Et que ça peut être joli et confortable aussi. Je veux qu'ici, tout le monde se sente bien, qu'on soit plus ou moins écolo, ça n'a pas d'importance."
Ma plus grande réussite, c'est que des gens pas très intéressés par le côté écolo utilisent des toilettes sèches et repartent en ayant cassé un a priori.
Stéphanie Blaser, propriétaire d'un gîte écologique
"Les trois quarts des gens qui viennent ici sont très sensibles à l'écologie. J'espère que chacun repart avec des idées pour chez soi. Le shampoing solide, faire des achats plus locaux, donner les déchets alimentaires aux poules. Ma plus grande réussite, c'est que des gens pas très intéressés par le côté écolo utilisent des toilettes sèches et repartent en ayant cassé un a priori."
Pour continuer cet échange sur l'écologie, elle a organisé en septembre 2024 un festival "Eco-loco", créé autour du gîte. Tout est gratuit, si c'est local et écologique. "Pour montrer que la prise de conscience doit être globale et qu'on peut commencer petit." Elle compte bien organiser un nouveau festival en septembre 2025, pour continuer d'échanger avec tous ceux qui s'intéressent à l'écologie au niveau local.