Les étudiants de l’université de Mulhouse (Haut-Rhin) se mobilisent ce lundi 9 octobre contre le retour de Bertrand Pauvert. Ce professeur de droit public a été condamné il y a un an pour harcèlement sexuel avant une relaxe en appel en septembre dernier. Les accès à l’établissement sont bloqués toute la journée.
Les portes de l'Université de Haute Alsace à Mulhouse, sur le campus de la Fonderie, resteront fermées toute la journée, ce lundi 9 octobre. Depuis 6 heures ce matin, des étudiants de l'association de droit Lysias et du syndicat CSTE (syndicat étudiant Communauté solidaire des terres de l’est) se mobilisent sur le parvis de l'établissement, bloquant tous les accès. L'action du jour est censée marquer le refus du retour potentiel de Bertrand Pauvert au sein de l'université.
Ce professeur de droit public, condamné en première instance à 12 mois de prison avec sursis et d'une interdiction d'exercer pendant 3 ans à l'UHA, a été relaxé par la cour d'appel de Colmar, le mercredi 7 septembre, pour la majorité des faits de violence et de harcèlement sexuel qui lui étaient reprochés. Sa condamnation, pour un fait de harcèlement sexuel reconnu sur un étudiant, a ainsi été réduite à 6 mois de prison avec sursis et une interdiction d'enseigner pendant un an.
La première décision de justice datant de juillet 2022, il peut donc théoriquement reprendre ses cours à partir d'aujourd'hui à l'Université de Haute Alsace.
Un blocage symbolique et actif
Même si le professeur ne reviendra vraisemblablement pas dès ce jour, les étudiants restent mobilisés. "Il a clairement fait comprendre, par le biais de son avocat, à la suite de sa relaxe sur 14 des 15 faits pour lesquels il était poursuivi, qu’il voulait revenir et retrouver sa place d’enseignant auprès des étudiants. Le problème est qu’il reste condamné pour un fait de harcèlement sexuel et sexiste. Je pense qu’un étudiant ne pourrait pas revenir en les murs pourquoi un professeur pourrait l’être ? A fortiori quand on est sur des condamnations aussi graves", fait remarquer à notre équipe sur place, la présidente de l'association de droit Lysias, Manon Ledreux, pour qui toute la lumière doit être faite sur les faits rapportés par les étudiants. "D'autant que Bertrand Pauvert s'est pourvu en cassation", rappelle-t-elle.
Le blocage de la Fonderie a été décidé par les étudiants du syndicat CSTE et de l’association Lysias, la semaine dernière en assemblée générale. Il se veut actif. "Le but est de faire un blocage pédagogique, vivant, où l'on réfléchit ensemble sur le harcèlement sexuel. Il y a des ateliers, des temps d’échange pour expliquer ce que sont les violences sexuelles, pour libérer la parole autour de ce sujet-là, à l’université et dans la société", explique la présidente du syndicat CSTE, Manon Denizot, présente sur le parvis de la Fonderie ce matin.
Une pétition contre le retour de Bertrand Pauvert
Contre le retour de Bertrand Pauvert à l'université, une pétition a d'autre part été lancée en ligne le 3 octobre. Adressée à Pierre-Alain Muller, le président de l'UHA, elle rappelle les humiliations qu'aurait fait subir le professeur aux étudiants. Certains d'entre eux rapportent, notamment, qu'il avait pour habitude de surnommer ses élèves "mon ou ma chérie". Lors d'un cours, il aurait rétorqué à un élève: "Tu vas trop vite, ta copine me l'a encore dit hier soir". Par-ailleurs, il aurait fait descendre un étudiant sur l'estrade pour lui simuler une sodomie, signifiant selon lui "l'attitude de l'Europe à l'égard de la France". La pétition a récolté, une semaine après son lancement, plus de 1 400 signatures.
À la suite d'une procédure engagée par l'Université de Haute Alsace, Bertrand Pauvert doit passer en conseil de discipline délocalisé à l'université de technologie de Belfort Montbéliard. La décision sera rendue courant décembre.