Fin 2021, la ville de Mulhouse a passé le cap des 300 rues bilingues, sur les 900 de la cité du Bollwerk. Fait étonnant, dans la plupart des cas, la traduction ne correspond pas littéralement au français.
À Mulhouse, une rue sur trois a sa traduction en alsacien. En décembre 2021, la 300e plaque en langue locale a été posée, rue de la Bourse, ou Fawrìkànta Stross. La commission de promotion de la langue et de la culture régionale (la Dankfàwrìk) agit activement pour préserver cette langue, même si la traduction est rarement littérale. À terme, la ville espère traduire toutes les rues de Mulhouse.
Les premières plaques en alsacien ont été posées il y a de cela 30 ans, en 1991. Depuis, plusieurs quartiers sont entièrement traduits : "Nous espérons toujours en traduire d'autres", glisse Patrick Hell, chargé du développement de la signalétique bilingue au sein de la Dankfàwrìk.
Cette commission consulte les habitants et les associations, et participe aux conseils de quartier pour proposer, mais aussi recueillir des idées de traductions : "On ne cible pas de quartier en particulier. On regarde sur une carte et on regarde les rues qui manquent", ajoute Patrick Hell. En 2021, 20 nouvelles rues ont été inaugurées (voir carte ci-dessous).
Étonnamment, les noms de rues alsaciens correspondent rarement aux noms français : "C'est quelque chose de volontaire, mais on veut toujours que cela garde un sens. Il y a toujours une caractéristique historique, linguistique, anecdotique...", complète le Mulhousien. Sur le site internet "Plaques bilingues", toutes les traductions sont expliquées.
"C'est pour cela qu'on consulte les habitants, et surtout les personnes âgées, qui se souviennent comment les Mulhousiens appelaient les rues quand l'alsacien était majoritaire", explique Anne-Catherine Goetz, adjointe à la mairie de Mulhouse en charge de la culture et du patrimoine.
Parmi les 20 nouvelles rues, Patrick Hell a sa préférence. La rue de la Locomotive, dans le quartier de la Fonderie. La traduction ""Àn d'r 'Kàthedràl'" ("au pied de la cathédrale") est un hommage à l'ancienne fonderie, convertie aujourd'hui en bâtiment universitaire : "À l'époque, les ouvriers l'appelaient 'la cathédrale', car Mulhouse n'en a pas ! C'est ce genre d'anecdote que nous voulons sauver."
Anne-Catherine Goetz ne cache pas son ambition : "À plus ou moins long terme, nous voulons que toutes les rues soient traduites en alsacien. Mais nous voulons aussi voir de l'alsacien dans les musées ou dans les nouveaux bâtiments en général. Par exemple, sur la devanture de la bibliothèque Grand'Rue, le mot "bibliothèque" sera écrit dans les deux langues, avec la même taille de caractère."
Un centre pour enfant ouvrira d'ailleurs prochainement. Son nom ne sera d'ailleurs qu'en alsacien : "Marlawalt", que l'on peut traduire par "le pays des contes".