A Epernay, le quartier Bernon s'organise pour aider les travailleurs immigrés privés de vendanges

Cela fait des années que les travailleurs venus du Mali, de la Côte d'Ivoire ou du Sénégal se rendent à Epernay pour travailler lors des vendanges. A cause de la crise sanitaire et des rendements plus bas cette année, tous peinent à trouver du travail et un toit.

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"Ça fait mal au cœur." Deux Sparnaciens passent sur la place Fada N'Gourma du quartier Bernon à Epernay. Baignée par le soleil, elle abrite depuis le weekend du 22 août des dizaines de travailleurs immigrés, venus de région parisienne à l'occasion des vendanges. "Nous sommes venus pour travailler, pour couper du raisin, mais cette année, il n'y a pas de travail", constate, amer, Youmouss.

Derrière les bulles de champagne qui font la renommée internationale de la ville, c'est l'effervescence d'un quartier qui ressurgit ce mardi 25 août. Aux côtés du jeune Malien, des dizaines d'hommes déambulent sur la place. Malgré les températures estivales ce mardi, la nuit précédente a été fraîche. Tous aimeraient que le gymnase devant lequel ils dorment puisse être ouvert pour avoir moins froid une fois la nuit tombée. Pour l'heure, ils doivent se contenter de lits de fortune : quelques couvertures et sacs de couchage posés sur le béton. "Heureusement, nous avons des toilettes et un accès aux douches, même si elles sont froides", dit Youmouss. "On pourrait leur mettre des tentes, s'indigne une habitante. Ils seraient au chaud avec un peu d’eau. Ils dorment sur des couvertures. Ce ne doit pas être le top de dormir à-même le sol après une journée de vendanges."
 

Des vendangeurs plus nombreux et moins de travail

Ces volontaires viennent du Mali, de la Côte d'Ivoire ou encore du Sénégal. Certains ont des titres de séjour, d'autres non. Tous viennent chercher du travail et restent deux ou trois jours dans l'espoir d'en trouver. "C'est mon cas, explique Youmouss. Je suis arrivé lundi et si mercredi je n'ai toujours pas de travail, je reprendrai le train direction la région parisienne." Cette année, la crise sanitaire a fait de nouvelles victimes : les travailleurs immigrés. Deux phénomènes se cumulent. D'un côté, avec des rendements plus faibles que les années précédentes, il y a moins de travail. De l'autre, nombreux sont ceux qui sont venus tenter leur chance cette année. "Avec le Covid, beaucoup sont en chômage partiel, donc libres pour venir travailler", explique Youmouss.
 

Beaucoup d'entre-nous travaillent dans la restauration. Et avec la crise, la plupart est au chômage partiel. Pour d'autres, payés au noir, ils n'ont tout simplement plus de travail.

Youmouss, venu travailler pour les vendanges.



Un phénomène amplifié par la crise

Cela fait des années que les travailleurs se retrouvent sur la place sparnacienne mais d'habitude, les habitants du quartier les remarquent moins. Certains allaient même jusqu'à les héberger, mais avec la crise sanitaire, ils n'ont pas voulu prendre de risques. "On peut parfois en voir plusieurs dans un appartement", constate un commerçant, qui leur fournit du poulet et de quoi recharger leurs téléphones.

Au Fournil de Bernon, la solidarité s'est organisée d'elle-même. "On a fait des pâtes carbonara et des pizzas. Le matin, on essaie de leur apporter du café et du pain chauds. On essaie de faire comme on peut", se désole la commerçante, tendant un chargeur et un téléphone à un jeune homme. "Ils nous demandent souvent combien ils nous doivent. Ce serait impensable de leur demander quoique ce soit", tranche la boulangère. Même son de cloche au tabac, où la gérante offre des prises de téléphone et un accès aux toilettes.
 

C’est triste, ils sont là pour la ville, pour les vendanges, et n’ont aucun accueil.

Une commerçante.

Sur la place, un homme arrive les mains remplies de bouteilles d'eau et de pains garnis. En quelques secondes, il n'y a plus rien. "Demain, il y aura plus de poulet inch allah", leur dit Yassine Bouslim, un habitant du quartier. Ce n'est pas la première fois qu'il vient offrir des vivres. "Il faudrait au moins des tables pour qu'on distribue la nourriture correctement. Là c'est n'importe quoi, il n'y en a pas pour tout le monde, loin de là." D'ailleurs, il commence à organiser une cagnotte et une collecte de nourriture avec les commerçants alentours. 
 

La mairie se dit impuissante 

La mairie regarde la situation mais estime qu'elle ne peut pas faire grand chose. Des habitants regrettent qu'elle n'ouvre pas le gymnase du quartier, "ils pourraient y passer la nuit, elles sont fraîches actuellement." Mais le maire se défend. Pour Franck Leroy, "c'est impossible à cause de la crise sanitaire. Avec la Covid-19, on ne peut pas se permettre d'ouvrir le bâtiment, les conditions de sécurité sanitaire ne seraient pas assurées. C'est un problème. C'est pourquoi je leur demande de retourner chez eux le plus vite possible."


 
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