Le Mildiou s'est emparé du vignoble de Champagne. Les viticulteurs luttent pour préserver leur future récolte. Depuis le début de la semaine, ils guettent les fenêtre météo afin de traiter les vignes et empêcher cette 2eme vague qui peut avoir des conséquences sévères sur la récolte 2021.
Depuis le début de la semaine, dans la vallée de la Marne, à Baslieux-sous-Chatillon, c’est la course. Les pluies orageuses et les températures élevées ont créé les conditions du développement du Mildiou.
Le mildiou, c'est la terreur des viticulteurs : l'ennemi N°1 ! La maladie se manifeste par des moisissures blanches et cotonneuses. La feuille se met à flétrir, les raisins pourrissent et la plante dégage une odeur désagréable et forte. Un vrai cauchemar !
La bataille s'engage
Jean-Baptiste Jacquet est prestataire de services depuis 13 ans à Cuchery (Marne). Avec ses 8 salariés, il s’occupe des traitements des vignes pour le compte de ses clients vignerons. Des surfaces qui correspondent à 22 hectares en bio et 240 hectares en conventionnel. Depuis qu’il s’est mis à son compte, c’est la première fois qu’il constate un tel développement de ce champignon.
Cette maladie cryptogamique peut prendre des proportions épidémiques s’il fait humide et chaud.
En retournant les feuilles de vignes, Jean-Baptiste Jacquet s’exclame : « Mais c’est pas vrai, ici, c’est rembarbouillé de Mildiou ! », il relève la tête et explique : « oui, c’est du patois local, qui veut dire, que le Mildiou s’est étalé sur la feuille. Regardez ces taches blanches, il faut traiter pour éviter qu’il ne se propage jusque sur la grappe de raisin et engendre une perte sèche de récolte. »
Le directeur des services techniques du comité champagne confirme l’exceptionnelle saison pluvieuse et chaude que rencontre la Champagne. « Il faut remonter à 2016 et 1997 pour comparer et encore pas avec de telles quantités de pluie. Entre le 1er juin et 30 juin, il est tombé deux fois plus d’eau qu’en moyenne, pour cette époque. Avec des températures de 25° C. et 140 mm d’eau le Mildiou se régale, » précise Arnaud Descotes.
Il est encore trop tôt pour tirer les conséquences des attaques de Mildiou. « Nous ferons le comptage des grappes entre le 12 et le 22 juillet et nous pourrons alors estimer les rendements potentiels ainsi que les conséquences du Mildiou sur le raisin. » Malheureusement il n’y pas de traitement curatif, on ne peut faire que du préventif avec des traitements à base de cuivre.
Cela se complique pour les vignes bio. En effet, elles ne peuvent qu’utiliser des produits de contact qui se retrouvent lessivés par les averses incessantes. La dernière fois que le mildiou a touché la Champagne, c'était en 2016. La plupart des vignerons champenois en biologie ont subi de lourdes pertes, environ 30% suite à cette maladie.
Cette année, les conventionnels ne sont pas à la fête non plus. Si les vignerons ne peuvent pas intervenir dans leurs parcelles au moment où ils doivent traiter, le mildiou gagnera la bataille. Les prochains jours seront sans doute décisifs.