Après l'arrivée de Catherine Vautrin à la tête du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, certains se sont inquiétés pour les droits des personnes LGBT, rappelant qu'elle avait voté contre le mariage pour tous en 2013. Ce samedi 13 janvier, Gabriel Attal a défendu sa ministre.
Gabriel Attal et Catherine Vautrin étaient à Dijon ce samedi 13 janvier 2024 pour un déplacement consacré au système de santé. Lors d'un point presse devant l'hôpital, le Premier ministre a été interrogé sur l'entrée au gouvernement de la présidente du Grand Reims. En 2013, Catherine Vautrin, alors députée UMP de la Marne, a défilé avec la Manif pour Tous et voté contre le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe.
"Catherine Vautrin est membre d'un gouvernement dont je suis à la tête. Chacun me connaît, chacun sait quelle est ma vie. Je le dis de manière très claire, Catherine Vautrin fait partie d'un gouvernement et appartient à une majorité résolument engagés contre les discriminations", a répondu le Premier ministre.
Gabriel Attal a vu son homosexualité être révélée en 2018 dans le livre d'un ancien camarade de classe à l'École alsacienne à Paris. Il a depuis évoqué son orientation sexuelle dans plusieurs interviews, notamment dans l'émission "Sept à Huit" sur TF1 en novembre dernier. "Je n'en avais jamais parlé publiquement, je n'avais pas non plus l'intention de me cacher. Je souhaitais simplement en parler moi, au moment où je le voulais, de la manière dont je le voulais", avait confié celui qui était alors ministre de l'Éducation nationale.
C'est une femme d'ouverture et je suis heureux et fier qu'elle fasse partie de mon gouvernement.
Gabriel Attal, Premier ministre
"Nous sommes un gouvernement qui va continuer à agir contre les discriminations, contre l'homophobie et en faveur des droits de tous, a poursuivi le Premier ministre. Si j'ai proposé au président de la République la nomination de Catherine Vautrin, c'est parce que je sais qu'elle partage cet objectif, qu'elle partage ces combats. C'est une femme d'ouverture et je suis heureux et fier qu'elle fasse partie de mon gouvernement."
"On peut reconnaître qu'on s'est trompé"
"Il y a eu un débat, il y a plusieurs années maintenant - dix ans - dans notre pays sur la question du mariage pour tous. À l'époque, vous avez des responsables politiques et des Français qui ont eu des positions différentes. C'est un débat qui a été tranché par le Parlement et qui, je crois depuis, a été tranché par la société toute entière."
"Des responsables politiques, qui à l'époque ont défendu une position, ont eu l'occasion de s'exprimer depuis pour dire que finalement la société les a amenés à évoluer […] On peut reconnaître qu'on s'est trompé et qu'on a changé d'avis, encore heureux. L'important, c'est qu'aujourd'hui, on soit tous réunis derrière des valeurs communes et c'est le cas."
Catherine Vautrin, qui était présente aux côtés de Gabriel Attal, n'a pas pris la parole sur cette question ce samedi. Elle s'est contentée d'acquiescer aux propos du Premier ministre. En avril 2023, elle avait reconnu sur X un rendez-vous manqué concernant le mariage pour tous. "Anticiper les attentes de la société, c’est majeur en politique. Il y a dix ans, en ne votant pas le mariage pour tous, j’ai raté ce rendez-vous qui est aujourd’hui devenu une évidence. La loi accompagne celles et ceux qui veulent vivre leur bonheur et c’est une très bonne chose", indiquait-elle.
L'annonce de l'entrée au gouvernement de Catherine Vautrin a suscité des réactions inquiètes de plusieurs associations LGBT. "Nous sommes extrêmement inquiets parce que cette personne, par son positionnement, a nourri l'homophobie", déclarait à l'AFP jeudi 11 janvier Joël Deumier, co-président de SOS Homophobie. "Ce n'est pas un signal positif, ça pose question", avait abondé Maxime Haes, porte-parole de Stop Homophobie. "Ce qu'on attend, c'est des actions et que le gouvernement prenne conscience de l'ampleur du phénomène des violences" subies par les personnes LGBT, ajoutait-il.
Le déplacement de Gabriel Attal et Catherine Vautrin ce samedi était consacré au système de santé. Devant le centre hospitalier de Dijon, le Premier ministre a notamment promis "32 milliards d'euros supplémentaires pour la santé".