La candidate du Rassemblement national Anne-Sophie Frigout affrontera l'élue Renaissance Laure Miller dimanche 29 janvier lors du second tour de l'élection législative partielle dans la Marne. Les deux ont pu compter sur des soutiens de poids. Une stratégie qui peut être à double tranchant, analyse le politologue Olivier Dupéron.
Dans la Marne, près de 80 000 électeurs de la deuxième circonscription sont appelés à désigner leur députée. Le premier tour a eu lieu dimanche 22 janvier. Le second se déroulera dimanche 29 janvier et verra s'affronter une candidate Rassemblement national, Anne-Sophie Frigout, et une représentante de la majorité présidentielle, Laure Miller. Pendant la campagne, les deux prétendantes ont pu compter sur de multiples soutiens de figures nationales.
Du côté de Laure Miller, outre des appuis plus locaux comme ceux du maire de Reims Arnaud Robinet, de la présidente du Grand Reims Catherine Vautrin ou encore du président du Grand Est, Franck Leroy, on a aligné les membres du gouvernement. La candidate a accueilli avant le premier tour Marc Fesneau et Franck Riester, respectivement ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement.
"Coup de projecteur"
Ce jeudi 26 janvier, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin était à Reims pour appuyer encore davantage la candidature de l'adjointe au maire de Reims. "Je viens soutenir Laure Miller parce que je la connais depuis très longtemps. Je sais que ce sera une députée extrêmement courageuse, une députée de terrain pour la Marne, pour cette belle circonscription. À l'Assemblée nationale, on a besoin de députés qui sont élus locaux, qui connaissent la vie locale. Et je sais que c'est le cas de Laure depuis très longtemps", a-t-il indiqué à notre micro.
Anne-Sophie Frigout a pu compter de son côté sur les figures de proue du Rassemblement national. Le 5 janvier, Jordan Bardella, le président du parti, l'accompagnait ainsi lors d'un déplacement auprès des boulangers. Dix jours plus tard, le 14 janvier, c'est Marine Le Pen elle-même qui était sur le marché de Fismes avec la candidate.
Nous avons interrogé Olivier Dupéron, politologue et professeur de droit public à l'Université de Reims Champagne-Ardenne, sur ces stratégies. "Ça fait un peu partie du décorum de campagne. Mais c'est assez marginal. Je ne pense pas qu'un élu ait un jour remporté une élection grâce aux soutiens ou grâce à la visite de telle ou telle personnalité", nous explique-t-il.
C'est un peu comme au patinage artistique. Il y a les figures libres et les figures imposées, ça fait un peu partie des figures imposées des campagnes électorales.
Olivier Dupéron, politologue
Ces visites sont utiles pour créer l'événement, d'autant plus lors d'élections partielles qui ont du mal à mobiliser. "Il y a un effet d'attraction médiatique des médias locaux ou nationaux. Et ça permet de bénéficier d'un coup de projecteur que vous n'auriez pas sans cette visite", détaille Olivier Dupéron.
Mais selon lui, il faut tout de même faire preuve de précaution pour que la visite d'une figure nationale ne soit pas finalement contreproductive. Il prend l'exemple de la réforme des retraites, portée par la majorité. Ce contexte pourrait peser sur le score de Laure Miller. "Se présenter trop ouvertement et trop clairement comme candidate de la majorité présidentielle, ce n'est pas forcément toujours un avantage dans une période où la majorité est en difficulté et où il y a une crise de confiance ou en tout cas un phénomène de rejet qui existe toujours en cours de mandat." Laure Miller de son côté ne se défile pas lorsqu'elle est interrogée sur ce sujet.
"Il y a un dosage à faire, ajoute Olivier Dupéron. Évidemment, on ne va pas rejeter un soutien et renier son camp. Mais pour ces questions de notoriété, de positionnement politique, ça donne un savant mélange qui n'est pas si simple que ça à utiliser."
On pourrait même dire que c'est un soutien qui est à l'origine de l'invalidation de l'élection de juin 2022 et l'organisation d'un nouveau scrutin en ce mois de janvier 2023. Laure Miller avait en effet affiché la mention "la candidate officielle d'Emmanuel Macron" sur son bulletin de vote de juin dernier. Près d'un millier de ses bulletins avaient été comptés comme nuls, car le code électoral interdit d'indiquer un autre nom que celui des candidats sur les bulletins. Laure Miller n'avait finalement pas franchi le premier tour. Le Conseil constitutionnel a estimé en décembre que ces bulletins auraient dû être comptabilisés et a invalidé l'élection de la candidate RN Anne-Sophie Frigout, qui s'était imposée au deuxième tour.
Pour Olivier Dupéron, ce qui reste central malgré tout, ce sont bien "les enjeux et les thèmes qui parlent aux électeurs". "L'animation de la campagne, ce n'est pas ce qui fait le résultat de l'élection", conclut-il.