C'est une des conséquences du réchauffement climatique, nos vins gagnent en caractère. Le bouzy rouge par exemple en bénéficie et en vient, pour certains, à se rapprocher du bourgogne. L'académie du vin de Bouzy a profité du printemps des champagnes pour présenter ses produits aux professionnels du monde entier.
Le bouzy rouge a depuis longtemps inscrit ses lettres de noblesse. Préféré au bourgogne par Louis XIV, il est servi à Reims lors des sacres des rois de France. Ce vin sombré dans l’oubli opère désormais un retour royal, grâce à une poignée de vignerons et leur académie du vin de Bouzy.
"On a un beau terroir qui est exposé plein sud. On est sur des argiles, vraiment sur un terroir pour faire des rouges. Il faut sélectionner la vigne parce qu'elles ne sont pas toutes prêtes à ça. Il faut des vignes avec un rendement faible. C'est un métier de vigneron aussi", détaille Georges Remy, président de l'académie.
Le printemps des champagnes, qui a eu lieu du 15 au 18 avril, est un événement dédié aux professionnels du vin qui a lieu chaque année. C'est une occasion pour l’académie du vin de Bouzy de faire rayonner les savoir-faire des 17 domaines réunis et présenter les petits nouveaux.
"On va être sur cette puissance propre à Bouzy, cette forme d'austérité que je ne vois pas comme un défaut, décrit Sophie Moussié, du domaine Méa. Parfois on peut avoir des vins assez austères au premier abord. C'est ce qui me plait. Ce ne sont pas des vins qui donnent tout, tout de suite. Il faut savoir les attendre, les comprendre. Il faut savoir affuter notre vinification pour sublimer le pinot noir."
Une renommée grandissante
Il y a encore une cinquantaine d’années, le bouzy rouge restait un petit vin consommé très localement. Mais sa renommée et plus globalement celle de l'appellation d'origine contrôlée (AOC) coteaux-champenois commence à séduire les prescripteurs.
"On sent clairement que, même si le réchauffement climatique est un problème pour tous, ça a quand même des avantages, pointe Cindy Schirr, sommelière à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). On a des tanins soyeux, le croquant du fruit. Ce sont vraiment des vins très bons à boire. L'avantage est qu'ils arrivent sur le marché du pinot noir, qui a été extrêmement saturé, parce qu'ils n'ont plus de vin en Bourgogne. Bonne nouvelle, on va chercher du vin ailleurs et il y a de très belles choses."
Si le réchauffement climatique apporte sa pierre à l’édifice, la vinification de chacun y est pour beaucoup pour cette minuscule production de 45 000 à 50 000 bouteilles par an.
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