Magnifique Society : le festival vu par Matthieu Bonne, handicapé moteur

Matthieu Bonne a 37 ans. Passionné de jazz, de musique pop et classique, il ne voulait pas manquer la Magnifique Society.

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Deux bières calées dans son fauteuil électrique, Matthieu Bonne sirote tranquillement celle qui lui est dédiée, aidé par son auxiliaire de vie. "On n'a plus de bière", lance-t-elle. "Va en chercher, cette fois c'est pour moi", lui répond Matthieu Bonne. Ni une, ni deux, son auxiliaire et amie s'empare des deux gobelets.
 

"J'aime que les gens m'oublient"

Il est plus de 22h30, à côté de la Grande scène de la Magnifique Society au parc de Champagne. Petit à petit, les festivaliers se mettent en place pour ne rien louper du show de Jain. Matthieu Bonne est venu spécialement pour elle ce samedi : "J'ai pris mes billets pour voir Selah Sue, Charlotte Gainsbourg, Jain et Jane Birkin. Je suis très curieux de voir Etienne Daho aussi !"

Agréablement surpris par le show d'Orelsan, Matthieu Bonne s'est glissé au milieu de la foule pour profiter du spectacle. "Mon auxiliaire de vie est absolument fan de lui. C'est elle qui m'a poussé à y aller et je dois avouer que j'ai beaucoup aimé." Et d'ajouter : "j'aime passer inaperçu, que les gens autour de moi m'oublient."

Profiter d'un concert, entouré de spectateurs, n'est pas une mince affaire pour le Rémois. Diagnostiqué à neuf mois d'une maladie neuromusculaire dégénérative, Matthieu Bonne est en fauteuil depuis l'âge de 5 ans. Jusqu'à ses 15 ans, il pouvait encore écrire mais aujourd'hui, il ne se déplace plus qu'en fauteuil électrique. "Pour un festival comme celui-là, un fauteuil électrique est beaucoup plus pratique qu'un manuel. Comme les pelouses sont en pente et que je suis assez costaud, j'ai besoin d'un peu d'aide mais l'assistance électrique fait le principal."
 

"Il y a autant de handicaps différents que de personnes"

Quand il a su que le festival se déroulait au parc de Champagne, Matthieu Bonne n'a pas hésité une seule minute. Cet habitué des Flâneries musicales a pris ses billets sachant que le site, à moitié bétonné, est adapté à son handicap : "J'y promène aussi régulièrement ma chienne, je connais ce parc par coeur."

La Magnifique Society, il ne l'aurait peut-être pas envisagée ne serait-ce qu'un an auparavant. À 37 ans, cet entrepreneur en informatique est autonome depuis un peu plus d'un an. Comprendre : il gère lui-même les auxiliaires de vie qui s'occupent de lui quotidiennement et surtout, il est propriétaire de son appartement, entièrement aménagé pour ses besoins. Toilettes, salle de bain, chambre, cuisine… chaque détail est pensé pour son handicap et sa morphologie. "Quand je cherche un endroit où aller en vacances, le plus galère, ce sont les toilettes. J'ai besoin d'espace de chaque côté de la cuvette, or elles sont toujours construites dans un coin."
 

L'accès aux scènes Central Parc et Scene club est difficile. [...] Je suis sûr que ce genre de détails seront réglés pour l'an prochain.


Outre le site du festival, Matthieu Bonne reconnaît que des efforts ont été faits pour accueillir les personnes en situation de handicap. Adepte des concerts de jazz, il se rend souvent à la Cartonnerie à Reims, qu'il trouve particulièrement bien aménagée. "J'ai été dans des salles de concert parisiennes plus renommée et beaucoup moins accessibles" commente-t-il.

Selon lui, les scènes de Central parc et Scene club sont le seul bémol : leur accès est difficile. Les voies bétonnées étant réservées aux accès VIP, aux partenaires et au personnel, il met 15 minutes pour passer d'une scène à l'autre dans l'herbe. "Cela manque un peu de coordination", soulève-t-il, optimiste pour les prochaines éditions. Et d'ajouter : "Nous n'en sommes qu'à la seconde édition, et déjà, entre celle de l'an dernier et celle de cette année, il y a eu beaucoup de progrès." Il ajoute : "Je suis sûr que ce genre de détails seront réglés pour l'an prochain."
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