Le maire de Reims et la présidente du Grand Reims ont présenté à la presse ce lundi 28 novembre un grand projet de transformation des berges du canal, autour du pont Charles-de-Gaulle qui doit être démoli et remplacé par une passerelle.
C'est un projet qui montre le changement total d'état d'esprit en cinquante ans sur la place de la voiture en ville. Le maire de Reims, Arnaud Robinet, et la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin, ont annoncé ce lundi 28 novembre 2022 la démolition du pont Charles-de-Gaulle.
L'ouvrage d'art, qui traverse le canal, la voie Jean-Taittinger et la Vesle, sera remplacé par une passerelle réservée aux piétons et aux vélos. L'espace libéré par la destruction des rampes d'accès au pont va permettre de réimaginer les berges du canal.
L'objectif, selon le maire Arnaud Robinet, est de "débitumer et reverdir l'espace". "On n'a pas souvent l'occasion de présenter un projet de cette ampleur", a insisté Catherine Vautrin.
Le projet, imaginé avec les agences Anma et Mutabilis, prévoit la plantation de 200 nouveaux arbres et 8 500 mètres carrés de jardins aquatiques sur la rive sud du canal, près de la coulée verte. Une concertation avec les habitants sera réalisée pour définir les aménagements qui s'installeront de part et d'autre de la nouvelle passerelle sur l'espace libéré.
"Ça peut être de l'ordre de la piscine, de jeux, de lieux de restauration, pour le vélo. Tout est ouvert, a précisé Cyril Trétout, architecte urbaniste associé à l'agence Anma. Ce qui est important, c'est que les Rémoises et les Rémois vont retrouver leur rapport à l'usage de l'eau. Leur redonner leur canal, c'est essentiel !"
Le Grand Reims a chiffré la démolition entre 3 et 4 millions d'euros. La construction de la passerelle est elle estimée entre 9 et 10 millions d'euros. Il faudra ajouter à cette somme celle de l'aménagement des espaces publics définis à l'issue de la concertation.
Il est prévu de lancer au premier trimestre de l'année prochaine un concours d'architecture pour dessiner la passerelle. La démolition du pont actuel doit débuter en 2024. Le visuel diffusé par la collectivité ce lundi n'est donc qu'une suggestion, qui devra être affinée. Au total, 11 hectares vont changer de visage, avec 2,5 hectares redonnés à l'espace public après le réaménagement.
Un pont surdimensionné
Le pont Charles-de-Gaulle est un vestige de l'urbanisme des années 1970, au service de la voiture individuelle. "Cet ouvrage a été inauguré en 1972 et s'inscrivait dans un aménagement beaucoup plus global dans ce qu'on appelait à l'époque le plan Rotival", a rappelé Arnaud Robinet lors d'une conférence de presse.
Ce projet prévoyait notamment de relier les quartiers de la ville au centre-ville via de grands axes routiers. Le pont Charles-de-Gaulle devait déboucher sur une large avenue pénétrante traversant le quartier Hincmar, qui devait être en partie détruit. L'axe devait ensuite longer la cathédrale. Mais ce vaste plan a été stoppé pour des raisons budgétaires, suite au premier choc pétrolier.
C'est un ouvrage d'art qui interpelle par sa démesure et son faible taux d'utilisation.
Arnaud Robinet, maire Horizons de Reims
Pendant la campagne des élections municipales de 2020, Arnaud Robinet avait déjà présenté une esquisse de projet autour du pont Charles-de-Gaulle. Mais le visuel diffusé à ce moment-là prévoyait le maintien d'une circulation automobile sur un ouvrage d'art repensé. L'élu va finalement un cran plus loin en choisissant de créer une passerelle dévolue aux seuls piétons et cyclistes.
Au-delà de la volonté de reverdir la ville, les élus justifient le projet par la sous-utilisation du pont actuel, avec une fréquentation automobile très en dessous de sa capacité maximale, "Le pont Charles-de-Gaulle n'est traversé que par un cinquième du flux qu'il est en mesure d'absorber", a souligné le maire. Et il subit également un vieillissement prématuré. Des problèmes d'étanchéité "nécessiteraient des coûts exorbitants dans les prochaines années" si l'ouvrage d'art était conservé.
La question du report du trafic automobile actuel du pont a fait l'objet d'études, assurent les élus. Il pourrait, selon les élus, être absorbé sans difficulté par les ouvrages d'art existant à proximité (le pont de Venise, le pont de Vesle et la bretelle d'accès à la traversée urbaine de Reims Centre). Ils ont par exemple rappelé que le pont est fermé les jours de match au stade Auguste-Delaune tout proche, sans poser de difficultés insurmontables.
Les berges du canal doivent par ailleurs être repensées plus au nord, autour de la future école de commerce Neoma et de l'école d'art Esad qui doivent prendre place d'ici 2025 dans le secteur du port Colbert. La collectivité a aussi missionné les agences Anma et Mutabilis pour travailler sur ce projet.