Le président de la République Emmanuel Macron était en visite au CHU de Reims ce mercredi 14 avril. Il a rencontré des patients et des soignants au service pédopsychiatrique de l'hôpital.
Une visite de deux heures sur fond de santé mentale et de confinement. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron est arrivé comme prévu à 15 h au CHU de Reims ce mercredi 14 avril, pour évoquer la santé mentale des jeunes sur fond de crise sanitaire. "Qu'est-ce que vous redoutez le plus ?" demande Emmanuel Macron. "Un nouveau confinement" dû au Covid-19, a répondu mercredi une adolescente hospitalisée pour dépression au CHU de Reims, débordé par l'afflux de jeunes en détresse. " Nous faisons tout pour l'éviter" a répondu le président.
Le chef de l'Etat est venu visiter le service de pédopsychiatrie pour rencontrer médecins et jeunes patients, pour constater le fort impact psychologique de la crise. "Il faudrait doubler, voire tripler les effectifs", l'a alerté à son arrivée la cheffe du service de pédopsychiatrie, qui lui a précisé que les consultations avaient doublé depuis septembre. Il faut maintenant huit mois d'attente pour obtenir un rendez-vous. "On est fatigué, ce n'est jamais fini, on est très sollicité en permanence", a précisé Anne-Catherine Rolland, la cheffe du service.
En janvier, Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste, responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, a affirmé dimanche 31 janvier sur franceinfo que l'état psychologique des Français était "calamiteux". La santé psychique des Français est au plus bas depuis le début de la pandémie de coronavirus Covid-19. Il expliquait que "le pays connaît un traumatisme qui dure à l'heure actuelle. Il y a eu traumatisme de l'épidémie".
Il y a quelque chose de très alarmant sur le plan psychiatrique, à l'heure actuelle. On est dans une vague psychiatrique.
Urgences psychiatriques en hausse
Il a ensuite longuement échangé avec une jeune fille qui s'était enfoncée dans la dépression et hospitalisée en février. Elle lui a donc dit qu'elle redoutait un nouveau confinement. "On fait tout pour" l'éviter, lui a répondu le chef de l'Etat. Il était accompagné du ministre de la Santé Olivier Véran et du secrétaire d'Etat en charge de l'enfance Adrien Taquet. Le recours aux urgences psychiatriques a augmenté de 40% en 2020 et 40% des parents ont déclaré avoir observé des signes de détresse chez leur enfant lors du premier confinement, en raison notamment de la contrainte d'enfermement et de l'absence de relations sociales liée à la fermeture des écoles, selon la présidence.
A la mi-janvier, le chef de l'Etat s'était entretenu avec des pédopsychiatres qui l'avaient alerté sur la dégradation de la santé mentale des enfants et des adolescents depuis le début de l'épidémie. Il avait alors demandé la tenue d'Assises de la psychiatrie et de la santé mentale, qui se tiendront cet été. Début décembre, quatre psychiatres et une psychanalyste réputés avaient appelé le gouvernement à "passer à l'action" pour que tous les Français qui le nécessitent puissent accéder à des soins psychiatriques.
Selon les enquêtes menées par Santé publique France depuis un an, la proportion de Français rapportant des états anxieux ou dépressifs a fortement augmenté depuis le premier confinement et se maintient à un niveau élevé depuis, touchant près d'un tiers (31%) de la population. Le gouvernement a lancé début avril une campagne grand public pour inciter les Français à "parler" de leur état psychologique et pour rappeler l'existence d'aides par téléphone et internet, trop peu connues. Le chef de l'Etat a aussi décidé d'accorder des "chèques psy" aux étudiants.
Accompagnement financier
La venue d'Emmanuel Macron a été l'occasion d'évoquer les travaux au CHU de Reims. "Après la première phase du projet de restructuration d’un budget de 410 millions d’euros, ce sont 261 millions d’euros mis sur la table par l’Etat pour la deuxième phase. Soit un accompagnement financier supplémentaire de 50 millions d’euros", indique la Ville de Reims. Le Président de la République est aussi revenu sur la suppression des lits initialement prévue et s’est engagé à augmenter le nombre de places en réanimation. Les postes seront également préservés.
Le Maire de Reims, Arnaud Robinet (LR), par ailleurs président du conseil de surveillance du CHU, s'est réjoui de cet engagement. "Cette annonce du Président de la République vient conforter le travail réalisé par l’ensemble des équipes du CHU de Reims, soignants et personnels, pour faire de notre CHU, un établissement de pointe. C’est une reconnaissance du travail mené, non pas uniquement ces derniers mois, mais depuis plusieurs années. C’est une avancée considérable pour ce fleuron du territoire et nos équipes".